Chapitre [85]

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Dans son auberge nord-italienne, Catarina rangeait les quelques couverts propres dans une lourde armoire.

- Mais enfin! Ce soldat ne m'intéresse pas..! Il ne cesse de me tourner autour, mais je m'en débarrasserai volontiers! Se fatigua-t-elle à répéter.

- J'espère bien pour toi!! Tu me le laisses... j'en ai besoin!

- La façon dont il a regardé ma poitrine et non mes yeux m'horripile. Quel était son nom déjà?

- Sébastien. Il était dans cette armée mais je le forcerai à revenir en France avec moi.

- Giovanna, Giovanna! Enfin, nous sommes amies! Roula-t-elle des yeux. Et tu sais que les hommes ne m'intéressent pas.

Giovanna n'écouta pas et arbora un sourire pas très rassurant.

- Oui... alors tu vas m'aider à l'avoir sous mon joug! Et une fois à Paris... je m'en débarrasserai.

Catarina soupira un peu. Elle détestait les mauvais coups et la manipulation. Mais...

- Si c'est pour le bien de notre pays... j'accepte.

- Oui!! Et une fois à Paris... c'est à cette ordure de Bonaparte que je m'attaquerai!!

Elle avait l'air si déterminée que cela faisait presque peur.

- Cette erreur de la nature... puisse-t-il mourir dans d'atroces souffrances...! Grogna Catarina avec tout de même un brin de culpabilité. Giovanna, tu es si courageuse...

Elle la prit dans ses bras, et Giovanna la repoussa doucement.

- Je fais surtout mon devoir. Allez, laisse-moi, maintenant. Je dois... réfléchir.

Les sentiments... Giovanna s'était promis que maintenant, ils n'allaient plus la faire souffrir mais qu'elle allait s'amuser avec.

~ ☘ ~

- C'est donc ici que je te laisse, dit Gabriel en essuyant son front en sueur.

Devant eux siégeait un morceau de vieux remparts en ruine. Francesco tenta de comprendre leur histoire.

- Oui, ce sont les anciens remparts de la ville, lui fit remarquer son ami, comme s'il avait lu dans ses pensées. Ils en ont construit de nouveaux il y a une dizaine d'années, plus à l'intérieur, pour mieux contrôler l'entrée des marchandises.

Francesco aquiesca seulement.

Ils avaient traversé la France, littéralement, presque quasiment à pied, et il avait découvert les villes et campagnes françaises avec intérêt. Ils n'avaient mis que deux semaines pour arriver à la capitale, et pourtant ce voyage lui avait semblé plus long. N'ayant pas d'armée à rejoindre ni personne qui les attendait, ils avaient pris leur temps. En particulier lors de leur passage dans les villes, où ils visitaient très souvent les librairies... et les auberges.

Francesco se tourna vers son ami, le regard plein de nostalgie.

- Tu vas me manquer, Gabriello... Lui dit-il en s'empressant d'aller le serrer dans ses bras.

- Toi aussi... mais allons, Argenteuil n'est pas si loin. En voiture, cela doit faire à peine plus d'une heure, et à pied, tu y es en moins de trois heures. De plus, j'ai parfois besoin de me rendre à Paris. Je viendrai te rendre visite!

- C'est très aimable à toi.

- J'espère que tu trouveras facilement du travail et un endroit où loger. Ce ne devrait pas être difficile, si tu cherches bien.

- Ne t'inquiète pas, je sais me débrouiller!

- Ça, je m'en doute, mon cher. Mais n'oublie pas que si vraiment tu es perdu, tu peux venir chez moi.

Gabriel observa attentivement son ami. Alors qu'il avait le cœur qui battait la chamade, lui semblait calme voire même heureux de s'engager dans cet aventure. À la vue de son sourire, son cœur se serra.

- Merci, Gabriello mio. Mais ne t'inquiète pas, je suis un grand garçon! J'ai déjà su me débrouiller lorsque je suis parti de Naples jusqu'à Nice, puis Toulon. Maintenant, je découvrirai la vie parisienne.

Gabriel dut se retenir pour ne pas se jeter sur lui une nouvelle fois. C'est fou comme l'on peut paraître serein et confiant en apparence alors qu'à l'intérieur, c'est totalement l'inverse. L'Homme est un bon comédien.

- Oui, bien sûr. J'espère aussi que tu pourras revoir Sébastien et Andreas.

- Ça, seul le ciel le décidera...

Il y eut un long silence, qui paru trop long. Gabriel finit par reprendre la parole, le regard sincère.

- Je te dis au revoir, mon cher Francesco. Puisses-tu trouver ton bonheur à Paris.

Le napolitain lui sourit une et nouvelle fois.

Il y avait tant de choses qu'il voulu rajouter... le remercier, le complimenter sur son courage, le remercier encore. Mais au lieu de ça, il commença à marcher sans se retourner.

Francesco, quant à lui, détourna son regard de son ami pour le faire vaguer sur la grande ville qui siégeait devant lui.

Cet au revoir... lui avait semblé beaucoup trop rapide...

Il inspira profondément.

Plus le temps pour la nostalgie. Une nouvelle vie commençait!

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant