Chapitre [28]

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Mars 1795

Argenteuil, à environ une heure de Paris. Dans une maison assez modeste, au bord de la petite ville.

Gabriel s'approcha du lit où était alitée sa grand-mère, l'air hésitant et se mordant la lèvre.

- Gabriel... mon cher petit-fils...

Le jeune homme s'assit sur la bordure du lit et prit la main qu'elle lui tendait.

- Je n'ai pas besoin de te donner davantage de connaissances... je te les ai déjà transmises, comme ma mère me les avait transmises. Ne les révèle à personne qui ne soit pas digne de confiance... c'est ton secret, notre secret, fais-en ce que tu souhaites, mais prends-en soin.

- Bien sûr... c'est grâce à toi... que j'ai appris à appréhender ces dons, à les comprendre et les utiliser. jamais je ne serais capable de m'en servir à mauvais escient. Avec, j'aiderai les gens.

- C'est très bien... je suis heureuse d'avoir pu tout te transmettre, et de savoir que c'est entre de bonnes mains. Je n'ai pas peur de partir... j'ai vécu une vie qui m'a donné tout ce que j'attendais d'elle, et seul la paix m'accompagne dans la mort...

Gabriel renifla, ne sachant quoi ajouter alors qu'il refoulait ses larmes.

- Adieu, grand-mère...

- Ce n'est pas un adieu, Gabriel. C'est un au revoir.

- Allez, laisse un peu ta grand-mère. Elle doit se reposer.

- Oui, mère...

Gabriel sortit de la pièce. Il savait que c'était la dernière fois qu'il voyait sa grand-mère. Du moins, ainsi.

Il leva la tête et il la vit, au bout du couloir, lui souriant. Avant qu'elle ne disparaisse entièrement dans une lumière aveuglante.

Le jeune homme lui sourit en retour.

- Merci pour tout, grand-mère. Compte sur moi.

~ ☘ ~

- À L'ATTAQUE!!

Napoleone sursauta, laissant tomber son verre de vin sur son livre. Super.

- Junot, que-

- Mécréant, j'aurai ta peau!! S'écria Marmont en faisant à son tour irruption dans la chambre.

Junot monta sur le lit, suivit de son ami d'enfance qui le regardait de plus bas, un sabre à la main.

Junot pointa son propre sabre vers lui, une main sur la hanche.

- Tu as osé me défier et me voler la femme que j'aimais... sale raclure, ton compte est bon!

- Parce que tu crois me faire peur, vil mousquetaire? Je te découperai en morceaux avant le lever du jour!

- Faire de l'escrime en intérieur, et dans une si petite pièce! Quel âge avez-vous?! Vous êtes complètement fous!!

- Toi, ma jolie, ne te mêle pas de cette affaire! C'est une problème d'hommes! Lança Junot à son général.

- ...Te moques-tu de moi?!

- Je dois d'abord m'occuper de cet homme... après, je me promets de venir vous faire la cour~...

- Tu ne pourras pas faire la cour à cette femme si tu es mort, mon cher! S'exclama Marmont en sortant un pistolet de sa poche et en le pointant sur lui.

- Oh, c'est donc ainsi que tu veux te battre? Avec un pistolet? Je pensais que le roi des voleurs était plus rusé et se battrait au mousquet d'égal à égal! Mais me serais-je trompé sur ton habileté?

- Oh, Dios mio... mais comment cela va-t-il finir...

Il espérait vraiment que ce pistolet ne soit pas chargé.

Bam!

...raté.

Le coup était parti.

- ...LE MUR!! VOUS ALLEZ TOUT DE SUITE CESSER VOS STUPIDES JEUX, VOUS VOULEZ DÉTRUIRE L'HÔTEL?! VOUS AURIEZ PU TUER QUELQU'UN!!

- Allons nous battre dehors, mon cher ennemi ; la femme de cette auberge a du caractère, et je ne veux pas lui faire d'autres torts ; je sens qu'il me sera déjà assez difficile de la courtiser.

- Seulement si vous parvenez à m'atteindre! sourit Marmont en courant hors de la pièce.

- LE ROI M'A DONNÉ POUR ORDRE DE VOUS ATTRAPER, ET JE LUI SERAI LOYAL!! VOUS POURRIREZ DANS LES CACHOTS DE LA BASTILLE!!

Junot le poursuivi, sabre levé.

Et la porte se referma sur eux.

Napoleone se rassit et se massa les yeux.

Du calme, du calme...

Il fixa avec lassitude la balle enfoncée dans le mur qui fumait encore.

Oh, ces deux-là, s'il est amené à faire la guerre un jour, il les mettra au premier rang.

S'ils ne se sont pas tués par accident avant.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant