Chapitre [90]

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Maintenant qu'il était consul - ça n'avait pris que quelques jours, et un référendum à peine forcé où l'on vous arrêtait si vous votiez non -, Napoléon avait un bureau rien qu'à lui. Bien plus grand que tous ceux qu'il avait pu avoir auparavant, dans une immense pièce du Palais des Tuileries où il avait maintenant le grand honneur de loger. Il n'était pas commun à tout ce luxe, mais il allait s'y habituer.

Il avait à peine commencé son travail que, pour ne pas changer, Junot entra en trombe dans la pièce et vint se positionner devant lui, les bras croisés. Ses sourcils froncés et son regard noir lui indiquaient qu'il n'était pas de bonne humeur.

- Bonjour, Junot, qu'y a-t-il? Voulait-il me dire quelque chose?

- JE VIENS D'APPRENDRE QUE VOUS M'AVEZ TROUVÉ UNE FEMME!! QU'EST-CE, CETTE HISTOIRE?!

Ah... ça...

- Oui. Laure Permon est la fille d'une des amies de ma mère. Je la connais à peine, mais elle te sera bonne.

- Je... Je ne veux pas me marier!! Et puis c'est vous que j'aime!!

- Le mariage et l'amour sont deux choses différentes, ici, mon cher Junot.

- Pas pour moi!!

- Junot, la discussion est close. J'ai du travail.

Il se leva, et le poussa hors de la pièce.

Et il lui referma la porte aux nez.

Le mariage avait lieu quelques jours plus tard.

~ ☘ ~

Laure avait le regard fixé sur la fenêtre du salon. De son canapé, une tasse de thé à la main, elle fixait le jardin de sa nouvelle demeure, illuminé par l'éclat du Soleil.

Elle avait épousé ce général, ce beau général, du nom de Junot, qu'elle avait pris dès leur mariage. Il avait quatorze ans de plus qu'elle, et il était beau, de ses cheveux blonds à son corps sculpté, tel une carrure de dieu grec. Un vrai prince. Elle ne savait pas si elle était réellement tombée amoureuse de lui, mais elle se savait tombée sous son charme. Il était peut-être absent, et il l'ignorait parfois, mais c'était sûrement car leur union était récente, n'est-ce pas? Une fois qu'ils se connaîtront mieux, sans doute passeront-ils plus de temps ensemble.

- J'ai entendu que le général Bonaparte avait, en plus d'avoir accompli ces merveilles en Égypte, triomphé en Italie! Lui dit une de ses amies, qu'elle avait invitée à prendre le thé.

Elle fronça très légèrement les sourcils. Elle n'aimait pas cet homme. Son mari parlait de lui à outrance. De plus, elle le trouvait froid, et d'un physique affreux, voire effrayant, en plus de son étrange constitution. Elle l'avait déjà rencontré par le passé, et toujours il s'était montré désagréable.

- Et vous, le connaissez-vous bien?

Elle releva la tête. Son interlocutrice attendait une réponse. Elle lui répondit en arborrant un grand sourire faux :

- Le général Bonaparte? Oui, je le connais depuis l'enfance! C'était un ami cher lorsque j'étais petite fille. Nous passions parfois des journées ensemble... nous aimions tant jouer l'un avec l'autre.

Dans un coin bien tranquille de Marseille, non loin de la mer, La petite Laure regardait et écoutait sa mère discuter avec son amie. Laetizia était son prénom, lui semblait-il... elle venait souvent dîner chez eux. Il faut dire qu'étant presque voisins, ça aidait beaucoup. Cette femme avait de nombreux enfants, malheureusement elle les voyait peu.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant