Chapitre [71]

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- TU ES INSUPPORTABLE!! JE N'AURAIS VRAIMENT PAS DÛ T'EMMENER!!

- CAR VOUS CROYEZ QU'ILS SERVENT, TOUS CES SOLDATS QUE VOUS AVEZ EMBARQUÉ?! VOUS POURRIEZ AU MOINS LEUR DONNER DES ORDRES!! ILS PASSENT TOUT LEUR TEMPS À BATIFOLER, C'EST CELA QUE VOUS APPRENEZ, EN ÉCOLE MILITAIRE?!

- AH, ÇA, BATIFOLER, TU CONNAIS BIEN!! RAPPELLE-MOI CE QUE TU AS FAIT, CES DERNIERS JOURS?!

- J'AI RASSEMBLÉ DES TROUPES ET LEUR AI APPRIS À UTILISER UN SABRE OTTOMAN!! JE SUIS UTILE À L'ARMÉE, CONTRAIREMENT À VOUS, QUI EN ÊTES POURTANT LE GÉNÉRAL EN CHEF!!!

- PARCE QUE TU CROIS QUE JE L'AI CHOISI, DE ME TRIMBALLER TOUS CES SOLDATS?! C'EST LE DIRECTOIRE QUI ME LES A IMPOSÉS, JE SERAIS VOLONTIERS PARTI SANS!! MAIS NON, EUX COMME TOI, C'EST LA GUERRE QUE VOUS VOULEZ!!

- CAR C'EST UNE CAMPAGNE QUE NOUS MENONS!! VOUS CONNAISSEZ LE PRINCIPE D'UNE CAMPAGNE?!

- C'EST UNE EXPÉDITION!! COMBATTERÒ SOLO SE GLI L'OTTOMANI E GLI L'NGLESE AGGUANU, IN ALTRE PAROLE, NELL'ASSOLUTO!!

- AH, VOUS VOULEZ LA JOUER COMME ÇA?! BEUSENOT!! IDY-INLE!!

Alexandre cru entendre le bruit d'une claque. Il était collé à la tente depuis une bonne vingtaine de minutes, et la main sur la bouche, il faisait tout pour ne pas rire, jusqu'à en retenir sa respiration.

Suite à la claque, il entendit encore crier en corse, puis en une autre langue encore plus étrange. Il jugea qu'il en avait assez entendu, et puis de toutes façons il ne comprenait plus rien, alors il descendit de la dune et fila vers le petit groupe.

- Francesco, je suis allé espionner le général Junot et le général Bonaparte comme tu me l'as demandé!

Le napolitain, occupé à coudre avec Andreas tandis que les autres conversaient, releva les yeux vers lui.

- Et alors, qu'as-tu vu, qu'as-tu entendu?

- Ils se hurlaient dessus comme un vieux couple! Pouffa Alexandre.

Francesco éclata de rire.

- Cela ne m'étonne pas!

- Et depuis quand t'intéresses-tu à leurs histoires? Lui demanda Andreas.

- Depuis qu'elles me font rire.

C'est vrai qu'il l'avait surpris les espionnant, un soir, au Caire... comme c'était drôle.

Alexandre s'assit à leur côté en ne quittant pas des yeux leur entreprise, curieux.

- Que faites-vous, exactement?

- On coud, annonça l'espagnol.

- En fait, au village là-bas, une marchande de vêtements nous a proposé quelques pièces si on lui cousait des robes et des tuniques. Et comme je m'y connais quelque peu en couture, je l'ai enseigné à Andreas. Nous n'avions rien d'autre à faire de toutes façons... et ça nous fera quelques économies pour manger. On en a aussi profité pour recoudre nos uniformes et celui des autres. Donc si tu as besoin de faire réparer le tien, n'hésite pas.

- Maintenant que j'y repense, elle faisait peur, cette femme, dit Andreas, plus concentré que jamais sur la manche de sa robe.

- Je trouve que ça va. Un peu sévère, c'est vrai, mais bon... elle nous paye, et elle nous a fait confiance en nous confiant ces tissus, ces aiguilles et ce fil.

- Elle a quand même bien regardé tes fesses... sourit l'espagnol.

- Rooh, tout de suite! Tu ne pense qu'à cela! Rit-il en prenant un autre fil.

- Voilà à quoi sert la grande armée de Bonaparte que la France croit victorieuse et invincible ; elle joue les couturières. La vérité derrière le mythe.

Francesco rit à nouveau.

- D'ailleurs, en parlant de cet homme justement, qu'as-tu entendu d'autre dans cette tente, Alexandre?

- Eh bien, d'abord ils ont parlé de la France, il me semble... du di... euh...

- Du Directoire?

- Oui, puis ensuite il on parlé de la condition des soldats, et des ressources en eau. Mais quand ils ont vraiment commencé à se disputer, c'est quand le général Junot a dit qu'il voulait attaquer directement les Ottomans, en Turquie.

Andreas déglutit.

- B... Bonaparte n'a pas accepté, au moins?!

- Non, il lui a dit que c'était une idée folle, qu'il était insupportable, et qu'il n'avait jamais voulu emmener toute l'armée.

- C'est sûr que quelqu'un d'aussi lâche que lui... enfin, merci pour ces informations, Alexandre. Tu auras la moitié de notre ration d'eau en récompense, comme promis!

- Merci!!

Puis il se releva pour aller voir son grand frère.

Francesco retourna le début de tunique qu'il avait entre les mains.

- Je me demande si nous allons bientôt prendre part à une bataille.

- Je n'espère pas!

- Moi, cela ne me dérange pas. J'aime bien la guerre, et puis j'en avais un peu assez du Caire, c'est bien de voir les villages.

- La guerre... comment peux-tu prendre du plaisir à ôter la vie à autrui, et aussi brutalement... brrr! Tu n'es pas humain!

- Exactement, je suis un dieu grec.

- Vu ton magnifique corps, je n'en doute absolument pas~... soutint-il en avançant sa main.

- Pas touche! Railla-t-il en la lui frappant.

- Mais! Quel torture... avoir un aussi beau morceau devant soi... et ne même pas pouvoir y balader ses mains...

- Plus tard, si tu auras bien cousu.

- Dans ce cas, je vais coudre la plus belle des robes!

- Commence déjà par ne pas coudre les deux manches ensemble.

- Quoi?! Oh Non!! C'est pas vrai!! Je ne veux pas tout recommencer! Comment on défait ça?!

- Donne-moi ça, lui ordonna-t-il en tendant sa main.

Habilement, il défit la couture ainsi que les nœuds emmêlés. Puis il les redonna à son ami sous ses yeux émerveillés.

- Francesco, tu es vraiment un homme parfait!

- Tu exagères... soupira-t-il.

Andreas se lécha les lèvres.

- Crois-moi, je vais bien te remercier ce soir~...

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant