Chapitre [47]

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La flotte française qui voguait sur la Méditerranée comptait plus d'une centaine de navires, emmenant des soldats et des chercheurs de tout types et toutes origines.

Sur l'un d'eux, Francesco fixait la mer avec de grands yeux admiratifs. L'Égypte... c'est en Égypte qu'ils se rendaient~!!

- Tu n'en pas pas assez de regarder l'eau ainsi?

- Hm?

Francesco se retourna pour tomber nez à nez avec un autre soldat qui le regardait d'un air interrogateur.

Blond foncé, les cheveux courts et lisses, et des yeux bleus qu'on oubliait pas. Son physique aussi était marquant, bien qu'il ait un visage assez simple.

- Je... la vue de l'eau et le rythme des vagues me calment, c'est pour ça.

- Tiens, un poète! Et comment t'appelles-tu?

- Je m'appelle Francesco! Je viens de Naples.

- Oh... c'est pour ça, l'accent. Moi, je suis Sébastien. Et là-bas, c'est mon petit frère, Alexandre!

Il pointa du doigt un adolescent aux cheveux roux, assis près du mât, qui semblait beaucoup trop jeune pour faire partie d'une telle expédition.

- Et nous venons du Gers! Rajouta-t-il. C'est moins gratifiant que Naples.

- Je ne sais même pas où c'est, rit Francesco.

- Au Sud de la France, mais pas totalement au Sud!

- Haha, d'accord! En tout cas je suis enchanté de te rencontrer.

- Enchanté aussi!

- Tu as dit que tu regardais l'eau. Tu dois te sentir en bonne santé pour avoir le temps de faire ça! Tu n'as pas le mal de mer? Ha, tu es bien le seul.

- Voyons, ça va passer.

- Parlons, cela me fera penser à autre chose. Je suppose que tu t'es engagé dans cette expédition pour voir du pays, n'est-ce pas? Un peu comme tout le monde ici.

- Exactement! Est-ce de même pour toi?

- Pas vraiment, enfin je n'ai pas très envie d'en parler. Et tu ne crains pas les combats...?

- Non, je n'ai pas peur de la guerre. Elle m'attire, même.

- Elle t'attire? Tu es un bien étrange homme! As-tu au moins déjà fait la guerre? Tu as peut-être déjà participé à la campagne d'Italie?

- Non, mais je sais que c'est ce pour quoi je suis fait. Les combats, le sang et la guerre, cela me rend heureux rien que d'y penser~!

- Huh... Tu es bien chanceux... moi, elle me répugne et je n'ai aucune envie d'y risquer ma vie.

- Pourtant tu t'es bien engagé.

- Je t'ai déjà dit que ce n'était pas de notre plein gré... enfin bref. J'espère que nous n'aurons pas à guerroyer.

- Les terres d'Égypte... c'est celles que nous allons découvrir... l'on ne pouvait rêver mieux comme destination...

Francesco avait encore une fois posé son regard sur l'horizon.

- C'est vrai que c'était une occasion en or de faire partie de cette expédition. Ces découvertes qui n'attendent que nous...

- En tout cas, nous allons tout découvrir ensemble~! Sourit le napolitain.

Sébastien lui sourit en retour.

~ ☘ ~

- Nous allons nous arrêter à Malte? Répéta Junot avec joie, autant par la découverte de cette île que par le fait de poser enfin un pied sur terre.

- Oui, c'est sur le chemin et cela permettra à nos hommes de se réapprovisionner, et aux scientifiques qui souhaitent faire demi-tour de retourner en France. Nous manquons d'eau, d'ailleurs, nous demanderons à faire remplir nos barils.

Le général sortit sa longue-vue de sa poche et l'ouvrit pour y regarder, la pointant vers l'horizon. Il voyait déjà les côtes de la petite île. Comme il aurait aimé passer par la Corse...

~ ☘ ~

Bien loin de là, à Paris, Joséphine se pavanait dans un des nombreux bals qui faisaient briller la ville. Elle était comme une Reine, tous les regards se tournaient vers elles lorsqu'elle passait, et elle adorait cela.

On disait d'elle qu'elle était la femme la plus belle de tout Paris, et pour une femme de trente-cinq ans avec deux enfants, c'était franchement flatteur.

C'est vrai qu'au début, elle avait redouté ce mariage et douté de sa fortune, mais maintenant elle était heureuse de ne pas s'être plus imposée. Elle avait aimé Barras, peut-être comme elle n'avait jamais aimé aucun homme - et surtout pas feu son ancien mari - mais s'il lui témoignant une tendre affection, il ne l'avait jamais considérée que comme une maîtresse. Et comme pour la punir encore plus d'on ne sait quel mal, il l'avait mariée à ce général droit et terne, sans richesses ni sang noble, dont on ne connaissait que quelques exploits naissants.

Et était peu intéressée au début, mais à présent elle était heureuse, car la chance lui souriait comme jamais.

Si seulement son mari pouvait cesser d'être aussi jaloux et possessif... il était fou amoureux d'elle, et elle en était fière car ainsi elle pouvait profiter de lui et lui faire croire tout ce qu'elle souhaitait de simples yeux doux ; mais cela avait aussi ses inconvénients, et elle se sentait enfermée, chose qu'elle détestait.

Elle avait passé son enfance en Martinique, libre de toute éducation sévère, passant ses journées à jouer... Paris et son étiquette étaient pour elle comme une prison, mais une prison qu'elle allait faire devenir dorée, rien que pour elle.

Éssoufflée après ses quelques danses, elle se laissa tomber avec un petit rire sur un fauteuil dans un coin de la vaste salle.

- Mon cher Hippolyte, ne voulez-vous pas danser~? Demanda-t-elle au jeune homme assis sur le siège d'à côté.

- Je suis bien embarrassée, Madame, mais je suis avant tout un soldat ; et les soldats ne savent pas danser.

- Voyons, cessez de dire des sottises...! N'est-ce pas de la danse que les soldats font sur les champs de bataille? Leur dernière danse...

- S'ils en font une, Madame, c'est celle de leur mort. Et elle est bien trop brutale pour que nous puissions la danser dans un bal. Mais les soldats les plus courageux savent y donner de la grâce..!

- Me montreriez-vous la vôtre alors?

- Oh, Madame, je crains de n'en avoir aucune...

- Alors je vais vous apprendre à en avoir, mon cher~, lui dit-elle en se relevant et en lui tendant la main. Vous avez beau être capitaine des hussards, cela ne vous dispense pas de danser avec la femme que vous aimez.

- Soit ; mais alors ne me grondez pas si je marche sur vos pieds par mégarde! Rit-il en se levant et en la prenant par la taille.

Joséphine lui sourit amoureusement.

Peut-être que lui, elle l'aimait plus qu'elle n'avait aimé Barras. En tout cas, sûrement pas plus que son défunt mari.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant