Chapitre [149]

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Nelson rentra chez lui après cette longue journée éreintante. Lorsqu'il n'était pas sur les mers ou dans le lit de Lady Hamilton, il était contraint de résider à Londres afin de faire ses rapports au gouvernement. Chose qu'il détestait, d'ailleurs, il préférait travailler seul et dans le silence plutôt qu'au milieu d'une cohue qui n'arrivait pas à prendre une décision de groupe. Mais la faute à des soucis de santé - il avait toujours des soucis de santé... - on l'avait fait se déplacer de sa frégate à sa résidence de Merton. Il avait pour devoir de se battre sur les mers, mais même son gouvernement l'avait forcé à faire une pause. Enfin, le fait de repartir en guerre dans quelques mois ne l'enchantait pas non plus. Il aurait même préféré rejoindre sa fille et sa douce amante à Naples, tant qu'à traverser les flots. Il espérait qu'elles lui rendraient visite prochainement... elles lui manquaient. Quand à son épouse, qu'il n'avait vu depuis des mois, il n'avait aucune idée d'où elle se trouvait, et il n'avait aucune envie de savoir. Enfin, le temps était au repos maintenant. Du moins, c'était ce qu'il croyait.

Il posa sa lourde veste sur le porte-manteau et jeta un coup d'œil à la grande fenêtre derrière laquelle régnait une nuit éclairée par la Lune. Le fait d'être en plein été montrait davantage l'heure tardive. Oui, il pensait être au calme lorsqu'il entendit une voix provenir du fond du couloir. Lui qui vivait seul, autant dire qu'il était surpris. Il alla prendre un pistolet dans son tiroir au cas où, - toujours être prudent - et longea lentement le corridor.

"A hundered years on the eastern shore

Oh yes, oh!

A hundered years on the eastern shore

A hundered years ago...

I went to sail across the sea

Oh yes, oh!

My love said she'd be true to me

A hundered years ago~

I promised her a golden ring,

Oh yes, oh!

She promised me that little thing

A hundered years ago...!"

Une telle chanson... et cette voix sonnant bien plus comme une casserole que comme un rossignol... aucun doute sur l'identité de l'intrus.

"Oh Bully John I knew him well!

Oh yes, oh!

But now he's dead and gone to hell,

A hundered years ago...

I thought I heard the skipper say,

Oh yes, oh!

Just one more pull and then belay,

A hundered years ago-o!"

Il ouvrit la porte de sa salle de bain à la volée et pointa son arme droit devant lui.

Smith, englouti dans l'eau du grand bain jusqu'aux épaules, les deux mains tenant chacune un petit navire en bois, s'arrêta de suite de chanter et regarda Nelson avec surprise.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant