Chapitre [91]

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- Tout cet argent... seulement pour changer le nom de mon enseigne?!

Smith mit la bourse remplie de pièces entre les mains de l'homme qui paraissait sidéré.

- Oui... je souhaite que cette maison d'édition s'appelle Kléber à présent. Lors de notre discussion... il m'a dit qu'il aimait particulièrement la lecture et les grands auteurs de la littérature... c'est le plus bel hommage que je puisse lui faire.

~ ☘ ~

- J'aime tant être ici... l'air est si pur et c'est si calme, et tous ces parfums sont enivrants...

- Tu es bien romanesque.

Junot observa tout autour. Le jardin des plantes avait bien changé, depuis sa dernière venue. Il était bien plus rempli et coloré. L'on n'y comptait plus les variétés de fleurs.

- Mais un homme aussi doit savoir l'être.

- ...Dois-je me sentir visé?

- C'est à vous de voir~!

- Tu aimes cet endroit, n'est-ce pas..? Dit vivement Napoléon pour changer de sujet.

- Oui... dire que c'était des jardins royaux, et qu'à présent je puis librement m'y balader à vos côtés~!

- En effet... le peuple n'en a que faire de l'esthétique et de la senteur des fleurs, il préfère celle de la poudre à canon.

- N'est-ce pas votre cas?

- Je devrais te retourner la question.

- Ces deux odeurs m'inspirent de grands rêves, tous deux différents. Mais ce soir je dois oublier la guerre, c'est la nature qui m'accueille.

L'ancien général regardait son ancien aide-de-camp agenouillé devant des bousquets de roses avec à la fois ennui et fascination.

Comment un homme qui tranchait sans pitié les membres du corps sur le champ de bataille pouvait-il caresser si délicatement une rose rouge du bout de ses doigts?

Junot restera pour lui un mystère, à jamais.

- Je suis tout de même heureux que mon oncle ai insisté pour que des travaux soient faits ici.

- Ton oncle?

- Oui, mon oncle, le frère de ma mère, l'évêque de Metz. C'est un botaniste distingué! C'est lui le chef de cet établissement et de ce Jardin, il est un ami intime de Dubanton, à qui il a donné la charge des travaux. Je le connais assez, et je l'admire beaucoup!

Comme quoi, le monde était petit...

- Dubanton... je vois. Cela me rappelle quelque chose, l'on a déjà dû me le dire. Enfin, je vois d'où provient cet amour de la nature, sourit-il en coin.

- Lorsque j'étais enfant, j'aimais observer la nature durant des heures...

- Toi? Qui ne peut pas tenir en place cinq minutes et qui ne fait jamais preuve de patience?

- Eh oui! Je détestais travailler et passer des heures enfermé avec mon précepteur qui radotait toujours la même chose, alors je m'enfuyais par la fenêtre et j'explorais la nature en observant tout ce qu'elle voulait bien m'apprendre.

- À croire que tu étais tout l'inverse de moi... j'aurais volontiers passé mes journées dans une bibliothèque plutôt que de gambader dehors comme un petit enfant.

- La Corse doit pourtant être belle...

- Elle l'est! Viens-tu, maintenant? Je n'ai pas envie de passer la soirée à te regarder sentir des roses.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant