Chapitre 1

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La première fois que Seijuro l'a rencontrée, elle faisait les cents pas devant un bâtiment aux allures de gymnase, l'air contrarié.

Elle avait quatorze ans.

Elle était à peu près coiffée, avec un élastique qui retenait à grand peine la quantité impressionnante de cheveux blonds qu'elle avait derrière la tête. Mais pour être honnête, ce qui l'avait marqué le plus à ce moment là, c'était qu'elle était dans un pantalon noir, avec cette chemise blanche retroussée jusqu'aux coudes.

Quel genre de fille s'habille comme ça à cet âge là ?

Son équipe venait d'arriver au camps d'entraînement, où une équipe étrangère les attendait. Mais elle... Qu'est ce qu'elle fichait là ?

Elle se retourne brusquement vers lui, plante ses yeux dans les siens, et sourit doucement. Elle a l'air d'avoir trouvé quelque chose.

Elle retourne dans le bâtiment en courant, et il met la bandoulière de son sac sur son épaule.

C'est sa deuxième année à Rakuzan. Il compte bien s'entraîner jusqu'à battre Kuroko. C'est pour ça qu'ils sont là sur ces vacances. Pour s'entraîner, avec sa nouvelle équipe vidée des terminales de l'an dernier.

- On y va, dit-il aux autres.

Le groupe les suit, lui et le coach, à l'intérieur, en passant par le hall.

- Tu triches ! Tu m'étonne de la place que tu vas avoir si tu écris en japonais !

Une quinzaine de personnes sont regroupées devant les grandes baies vitrées, sur lesquelles la fille aux cheveux blonds et un adolescent plus vieux qu'elle écrivent frénétiquement, chacun sur un panneau.

- Qu'est ce qu'il se passe ? demande leur coach.

Un joueur en t-shirt tout aussi blond que la fille, mais avec une bonne trentaine de centimètres en plus lui répond en japonais :

- Ils font un concours d'écriture en accéléré. Jack a eu la mauvaise idée de le provoquer. Mais elle va lui mettre une raclée.

- Un concours d'écriture ?

- Ils ont une heure pour écrire une histoire la plus complète possible. Jack se plains parce qu'elle va avoir plus de place pour écrire si elle écrit en kanji. De toute façon, elle n'aura pas assez de place. Je suis désolé que vous soyez accueillis comme ça, mais Hope fait partie intégrante de l'équipe, et on ne la voit écrire comme ça que rarement.

Le coach de l'équipe du blond vient s'excuser dans un mauvais japonais qui en fait sourire.

- Je pense que je vous servirai d'interprète, leur dit calmement le joueur. Je m'appelle Jeremya. Je comprends que ce soit dur à dire en japonais, alors si vous n'y arrivez pas, c'est pas grave, appelez-moi Dix. C'est mon numéro de joueur.

- Enchanté, Jeremya, lui répond Seijuro en anglais. Si besoin, je serais aussi interprète, merci de ton aide.

Il sourit au japonais et se retourne vers Hope.

-Désolé, je veux connaître la suite.

Ils hochent la tête et il retourne avec les autres.

La fille balance son feutre vide dans la poubelle à l'autre bout de la pièce et attrape celui que Jeremya lui lance, sans rien dire. Elle poursuit son récit, sans vraiment s'arrêter.

Ce que Seijuro trouve impressionnant, et il ne semble pas être le seul, c'est de la voir aussi concentrée, et pourtant, voir autant d'expressions différentes sur son visage. Elles défilent, sans laisser la moindre trace de la précédente, et sans que la suivante ne soit déterminable.

Elle enchaîne les lignes  encore et encore, jusqu'au moment où elle se fige. A ce moment là, elle fait a nouveau les cents pas, devant sa baie, en faisant des allers-retours rapidement, le bout du feutre collé à la tempe. Et se fige encore une fois, avant de se remettre à écrire.

De l'autre côté, Jack termine tranquillement, et marque son point final, mi-fier de son travail, mi-ennuyé d'avoir terminé en premier. Il se tourne alors pour la regarder.

Hope s'est encore brièvement immobilisée, pour prendre son feutre de l'autre main, et poursuivre su le peu de place qu'il lui reste à noircir. Quelques minutes après, accroupi pour écrire jusqu'en bas, elle demande :

- Vous savez en quoi est le sol ?

Les plaques grises ressemblent à du verre, et on lui confirme rapidement que s'en est l'équivalent.

- Parfait.

Elle termine son symbole et se penche sur le sol pour poursuivre. Elle termine bien vite, si bien que deux carreaux ne semblent concernés par cette solution de rechange.

Elle se lève, et lâche avec un long soupir :

- J'ai terminé.

La Plume Et L'ArchetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant