Chapitre 82

406 26 4
                                    

Le match de ses oisillons s'est bien passé ce soir, et l'entraînement aussi. Pourtant, quand elle croise Shizue, les bras croisés adossée à la voiture d'Hope, Seijuro et elle sentent que quelque chose dérape.

- Tu es sûre de ce que tu fais ? demande-t-elle seulement d'un ton sec.

Hope secoue la tête.

- De quoi tu parle ?

- Tu crois que personne n'a remarqué que vous arrivez ou partez ensemble, des fois ?

Seijuro fronce les sourcils.

- Et alors ?

- Alors elle sait ce que j'en pense, et elle continue quand même. C'est sa voiture, pas la tienne. On en a parlé il y a deux semaines, Hope. Et tu as l'air de t'en moquer comme du temps qu'il fait !

- Je vais rentrer à pieds, lâche-t-il en tournant les talons.

Elle le regarde partir, sidérée.

- Mais qu'est ce qui te prend ?!

Elle a parlé tellement fort que toute l'équipe l'a entendue, malgré qu'ils soient éparpillés sur le parking.

- Tu ne sais pas de quoi tu parles. Et tu te mêle de ce qui ne te regarde pas. Jusqu'à preuve du contraire, je suis majeure et vaccinée.

- Je fais partie de l'équipe.

- Eh bien je ne fais plus partie de l'équipe ! Comme ça, on n'a pas besoin d'être d'accord, ou de s'entendre. Contente ? Maintenant dégage de là et fous-moi la paix. Si c'est trop dur pour toi d'écouter les autres essayer de te parler, ou de les comprendre, demande-toi ce que ça dit de toi en tant que coéquipière ou amie.

Hope la pousse de devant sa portière et met le sac dans son coffre.

- Oh, et pendant que j'y pense, c'est dommage qu'il n'y ait pas de prochaine fois, mais au lieu de m'incendier devant tout le monde, aies au moins la décence de me demander à me parler dans un coin tranquille, t'auras l'air moins con.

Elle monte en voiture, démarre et sort du parking à la vitesse éclair.

- Il vient de se passer quoi, là ?

- Hope ne respecte pas le fait que je sois contre les couples dans l'équipe.

- Et toi, tu ne respecte pas la vie privée des gens, rétorque Seijuro.

Elle se fige.

- Si il n'y avait pas eu Hope, il n'y aurait pas d'équipe, et tu ne serais pas là, tout simplement parce que j'aurais arrêté le basket pour de bon. Si elle n'avait pas été là, je ne serais pas non-plus en mesure de m'absenter de mon travail en journée, donc il n'y aurait pas de matchs. Pourquoi tu n'es pas simplement venue demander ?

Shizue baisse les yeux.

- Vous ne sortez pas ensemble ?

- C'est pire que ça, on vit ensemble. C'est trop compliqué de ne faire qu'une voiture quand on vit à la même adresse ? Misaki, j'aurais compris. Mais toi... franchement, je te croyais plus... je ne sais pas, tu vois. Merci pour cette superbe soirée. Je sens qu'on ne va pas dormir avant minuit.

Il s'éloigne, et Kuroko demande :

- Tu vas vraiment rentrer chez toi à pieds ?

- Non. Hope est toujours là, répond-il sans se retourner. Mais merci quand même.

Shizue le regarde partir.

- Vous le saviez, vous ?

- Tu n'aurais pas dû lui en parler comme ça, elle a raison, lui dit Kuroko sobrement.

- T'as vraiment foiré, lui reproche Misaki en montant dans son propre véhicule.

Elle en laisse ses bras tomber et son coéquipier s'approche, alors que les autres s'en vont.

- Ne t'en fais pas pour ça. Akashi va la faire rester.

- Mais ça ne te gêne pas, toi ?

Le joueur fantôme sourit doucement.

- Que les deux personnes les plus responsables de notre équipe sortent ensemble ? Pas vraiment. Et je le vois mal habiter avec une personne frivole qui ne sait pas se tenir. La seule chose qui aurait pu mettre le doute sur le fait qu'ils ne sont pas qu'amis, c'est la voiture, comme tu l'as fait remarquer. Ils ne sont proches qu'en dehors du gymnase. Et ils sont sérieux. Pourquoi tu t'inquiète ?

- Ton ex, Momoï, elle est tombée amoureuse de son coach, pas vrai ?

Il se raidi.

- Je ne vois pas le lien.

- Ça a détruit leur équipe. Elle n'était qu'analyste, mais ça a tout fichu en l'air. J'étais fan de leur équipe. Je ne veux pas perdre la mienne de la même façon.

Il la regarde pleurer avant de lui tendre un mouchoir.

- Je pense qu'il vaut mieux que tu ne prennes pas le volant ce soir. Je te ramène chez toi.

Elle acquiesce en reniflant et il prend son sac. Ils se dirigent vers la voiture de Kuroko, puis montent dedans.

- Tu es à cran, ce moment. C'est tout ce qui te tracasse, ou il y a autre chose ?

Elle secoue faiblement la tête.

- Je suis désolée...

- J'imagine que tu ne t'enflamme pas comme ça souvent.

Shizue ne répond pas à la plaisanterie, gênée.

- Ça va ? redemande-t-il inquiet.

La joueuse tourne la tête vers lui.

- Je crois, oui. Je devrais... aller m'excuser. Non ?

- Laisse-lui le temps de revenir. Hope aussi a l'air à cran. Ça ne m'étonnerait pas que ce soit pour ça que vous vous êtes fâchées.

- On s'est fâchées parce que je suis une idiote, c'es tout.

Kuroko démarre avec un sourire.

- Une personne aussi gentille que toi ne peut pas être une idiote.

Shizue sourit doucement, les yeux rivés sur le décor extérieur.

- Merci, Kuroko.

La Plume Et L'ArchetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant