Chapitre 20

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Il sourit.

- C'est bientôt la reprise, non ?

- Oui !

- J'ai hâte de voir la fin du match. Vous êtes de bons joueurs, ça se voit.

Dans la bonne humeur, les garçons retournent sur le terrain, avec l'intention de lui en mettre plein les yeux.

- Ils sont sincèrement bons.

- Merci.

- Tu crois que je pourrais jouer un peu avec eux avant qu'ils ne partent ?

- Tu as le temps ?

- Je suis libre l'après-midi aujourd'hui. J'en profite.

- Je vois. Je pense que ça peut se faire. Ils vont avoir encore assez d'énergie pour demander des prolongations, on leur proposera à ce moment là.

Il hausse les sourcils.

- Des prolongations ?

- J'évite de leur en faire faire, parce que je ne veux pas qu'ils pensent avoir à chaque fois cinq quarts-temps, mais là, ils vont être trop énervés pour que je puisse leur refuser. Je dois aussi penser à leurs pauvres parents. Je ne voudrais pas en faire des enfants surexcités.

Le jeu de passe des garçons est très rapide pour leur niveau. Ils n'ont pas la moindre hésitation. Ils se font totalement confiance. Si l'un rate la balle, un autre la récupérera. Sans compter que Rin, le joueur muet communique presque plus avec ses joueurs que n'importe quel capitaine qu'il a rencontré. Il siffle, frappe des mains ou du pied, et c'est toujours la bonne personne qui se retourne pour recevoir des instructions.

- Je n'ai jamais vu ça.

Hope siffle une sortie.

- Balle aux blancs !

Les joueurs se remettent rapidement dans le bon sens, prêt à récupérer le ballon, ou à le recevoir, un air de fauve prisonnier dans leurs yeux.

Finalement, ce sont les blancs qui gagnent la partie, soixante-douze à soixante-neuf, par un lancer à trois points de la part du capitaine.

Seijuro n'a jamais été aussi surpris du jeu d'autres basketteurs.

- Bon. Tu veux des baskets ?

- Tu en as ?

Elle hoche la tête.

- On est dans un club de basket. Je n'ai pas de t-shirt, mais j'ai au moins des baskets.

Il penche la tête sur le côté.

- Je ne te savais pas aussi prévenante.

- Je suis prévoyante, c'est différent. J'ai jusqu'au quarante-cinq, des fois, je me retrouve avec des géants chez les seize ans. J'ai une paire de chaque pointure pour au cas où pendant un match. De temps en temps, je fais entraîner les garçons avec, ça évite qu'elles soient trop neuves le jour où en a besoin.

- Je vois.

Hope l'a accompagné au local, lui a donné des chaussures en quarante-et-un sans lui demander sa pointure, et en ressort, pour prévenir les garçons.

De petits cris de joie au moment où il met ses chaussures lui indiquent qu'il est attendu.

Il retient un sourire.

Ça faisait longtemps, qu'on ne l'avait pas attendu avec autant d'enthousiasme. La dernière fois, ça devait être... pour un récital de violon, il y a cinq ans.

Ça ait depuis longtemps qu'il fait trop peur sur un terrain de basket pour obtenir la même joie.

Il fait son apparition et retrousse ses manches.

Ils vont pouvoir commencer.

Des équipes provisoires sont installées avec six joueurs contre cinq dans l'équipe de Seijuro.

Ce n'est pas ça qui le fera perdre. Néanmoins, il prend soin de rater plusieurs panier, quand l'écart au score est trop grand, ou alors, il tire à genoux sous le panier, ou de la main gauche.

A la fin de l'heure, il est en nage, avec ses cheveux fraîchement recoupés.

- Bien joué. Maintenant, tu as un fan club.

- Je repasserais dans ce cas, si tu es d'accord.

Elle secoue la tête.

- On ne refuse personne ici. Même ceux qui n'ont pas de baskets.

A sa grande surprise, il rit doucement.

- C'est bon à savoir. Mais je prendrais mes affaires la prochaine fois.

- Très bien. On accepte aussi ceux qui en ont, répond-elle avec un sourire.

Il s'essuie le visage avec sa manche de chemise. La pauvre, n'est plus à ça près.

- Je t'aurais bien proposé de sortir, mais je pue, et je ne veux pas rester dans mon jus, alors est-ce que tu crois qu'on pourra se faire ça la prochaine fois ? J'ai besoin de lever un peu le pied, et il me semble que toi aussi.

Elle hausse les sourcils, avant de sourire à nouveau.

- Pourquoi pas. Personne ne peut sortir avec moi de toute façon.

- Si solitaire que ça ?

- Je n'ai... personne.

Le dernier mot d'Hope semble sortir de l'au-delà, tant il est indéchiffrable.

- Alors je mettrais ma plus belle cravate, tente-t-il.

- Oh, euh.... non, beurk ! tu es cent fois mieux sans, tu peux me croire !

Les enfants commencent à ressortir du vestiaire, les cheveux humides.

- Il y a même des douches ici ? C'est très bien rénové.

- Allez les mioches, dernière ligne droite !

Ceux qui sortent courent vers elle et sautent pour taper dans ses mains, levées près de sa tête. Tandis que l'un saute à gauche, l'autre l'imité à droite et bientôt, treize joueurs ont frappé ses paumes, avant de repartir joyeusement.

Sasai et Rin sortent du vestiaire en derniers, discutant, et Hope s'exclame :

- Allez, j'ai faim, moi !

Les deux se sourient, font la courses, et elle lève les mains plus haut que pour les autres, qu'ils atteignent sans problème.

- A jeudi H !

- A jeudi, au revoir Monsieur Akashi ! signe l'autre à sa suite.

- Je me demande comment ils font pour être amis. Monsieur silence, et monsieur bruit.

Seijuro sourit.

- Moi, je ne me le demande pas.

La Plume Et L'ArchetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant