Ils se regardent mutuellement, jusqu'à ce qu'elle arque un sourcil.
- Je peux le récupérer ?
Aucun d'entre eux ne la connait, mis à part Seijuro.
- S'il-te-plaît, rajoute-t-elle dans un effort visible.
Kuroko s'approche doucement.
- Tu peux le lancer, tu sais. C'est un téléphone, il ne craint pas grand chose.
Il s'exécute maladroitement, et les autres en profitent pour penser qu'il a toujours des lacunes dans les gestes les plus simples, blasés.
- Merci. Désolée de vous avoir dérangés. Elle fait un signe de la main à l'homme aux cheveux rouges, et s'éloigne.
- C'est qui, ça ?
- Hayama, tu pourrais faire un effort, s'énerve Mibuchi. Ce n'est pas de cette manière qu'on parle d'une femme !
L'autre rentre sa tête dans ses épaules.
- C'est une vieille amie, répond calmement Seijuro. Elle passait dans le coin, nous avons un peu discuté, avant que vous n'arriviez.
- Elle aurait put rester, soupire Kise. Je n'ai jamais vu de femme aussi belle.
- Elle aurait fait l'arbitre, ajoute Kuroko. Sauf si elle ne connait pas les règles.
- Elle aurait put les inventer qu'elle ne les connaîtrait pas moins par cœur, dit l'homme aux cheveux rouges. Mais elle devait partir. Je ne sais pas dans quelle mesure elle avait le temps de s'arrêter, mais il me semble avoir compris qu'elle était très occupée.
- Un peu comme toi, quoi.
Hayama se prend un coup sur la tête par Mibuchi, et Midorima est bien obligé de trouver ce dernier de plus en plus sympathique.
- Tout le monde n'a pas le temps, en tout cas, je dois retourner au studio dans deux heures, alors on se la fait cette partie, ou non ?
On sourit au mannequin et deux équipes se forment.
Après avoie joué assez longtemps pour que la bonne moitié des joueurs doivent repartir, Kuroko propose à son ancien capitaine de manger avec lui le midi.
- Avec plaisir.
Ils se dirigent d'abord chez lui, histoire de prendre une bonne douche, et tendis que le joueur fantomatique prend la sienne, Seijuro observe l'appartement, sagement assit sur sa chaise.
Étrangement, il lui semble bien moins mort que le sien, en étant pourtant bien moins décoré. En fait, c'est même tout à fait paradoxal : l'appartement est encombré de trop de meubles pour que l'on ait la place d'ouvrir le vaisselier, mais il trône tout de même au centre du salon, qui fait aussi office de salle à manger.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je ne sais pas comment tu fais pour avoir autant d'affaires.
- L'appartement que j'avais avant était un peu plus grand. Et je ne me résous pas à vendre ce qu'il y a en trop.
Les cheveux en pétard, il s'essuie ses mèches bleues, et ajoute :
- Et je n'ai pas les moyens de me payer un garde meuble.
- Tu veux que je ...
- Non merci, Akashi. Ça me semble moins vide comme ça.
Il demanderait bien où est passé Kuroko junior, mais la réponse l'inquiète. Il n'y a rien dans la maison qui indique la présence d'un chien. Ni gamelles, ni coussin, ni poils.
- Tu vis ici depuis longtemps ?
- Deux semaines.
- Je vois. C'est très bien rangé pour un emménagement aussi récent. Je n'ai pas encore déballé le dernier carton du mien.
- Pour quelqu'un qui vit dans un endroit aussi grand, tu n'as pourtant pas beaucoup d'affaires à déballer, il me semble.
- Non, en effet, soupire-t-il en se levant. Tu es prêt ?
L'autre hoche la tête et ils sortent enfin de chez Kuroko, pour aller dans le restaurant, dans le bas de sa rue.
- Ce n'est pas de la haute gastronomie, mais ça devrait te convenir.
Seijuro acquiesce. Son ancien coéquipier n'est pas un grand mangeur, mais il peut faire confiance à son palais.
- Dis-moi, Akashi...
- Je t'écoute.
Ils sont maintenant assis, et viennent de commander.
- Cette femme, cette vieille amie, c'est quelqu'un de spécial, je me trompe ?
- Pas vraiment. Tu es bien plus curieux que d'habitude.
- Je ne fais pas partie de ce que tu peux appeler ta vie, rétorque Kuroko. Je peux me permettre d'être indiscret le peu de temps que je te vois. De toute façon, c'est entièrement de ta faute. Tu ne présente jamais les gens comme tes amis.
Il grimace légèrement.
- Tu ne te considère pas comme mon ami ?
- Si. Mais tu ne me l'as jamais dit. Et tu me présente comme ancien équipier.
- Je ne te présente pas souvent.
- Tu es grincheux aujourd'hui, répond Kuroko d'un ton monocorde.
- Assez, admet l'autre. Je suis passablement fatigué. Je ne voyais pas comment la présenter autrement. Je ne la connais pas vraiment. Malgré ça, quand je suis avec elle, nous avons l'air d'êtres aussi proches que je le suis de vous quand on joue ensemble.
- Je vois. Donc c'est peut-être bel et bien une amie.
Leurs assiettes arrivent.
- Nous nous sommes rencontrés pendant ma deuxième année à Rakuzan. Elle parle anglais, japonais et français. Elle aime écrire, elle s'appelle Hope, elle doit avoir deux ans de moins que moi. Voilà. C'est tout ce que je sais.
Le deuxième lui sourit :
- C'est déjà plutôt bien, non ?
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La Plume Et L'Archet
FanficQuand il la rencontre pour la première fois, il ne se doute pas de l'impact qu'elle aura sur sa vie. La perfection est un critère de taille, quand on vient de l'illustre famille Akashi, si bien qu'il ne s'en formalise plus vraiment. Mais étouffant p...