La Plume Et L'Archet

Chapitre 78

L'arbitre siffle la fin du match, et tout le monde se détend.

Hope sourit.

- On aurait put gagner facilement, avec plus d'entraînement.

Elle regarde le joueur adverse, soudainement en colère.

- Je ne suis pas sûre que la copie puisse être meilleure que l'originale. Surtout quand on se contente de deux techniques spéciales en tir, et tout le reste en défense.

Luis s'approche, et elle lance rapidement :

- De toute façon... vous êtes trop lents.

Elle fait demi-tour, un pas, puis une autre, et se fige légèrement avant de reprendre sa marche.

- Je tremble comme une feuille morte.

Elle rejoint les autres pour le salut final, et les suit dans le vestiaire des hommes, pour un rapide débriefing avant de se changer.

Hope s'assoit par terre, en tentant d'écouter ce que dit Seijuro, mais rapidement, elle n'est plus en mesure ne serait-ce que de voir net.

- Merde.

Elle voit quelqu'un s'approcher d'elle rapidement, mettre ses doigts près de son cou pour chercher son pouls, et elle se laisse faire, incapable de bouger.

- Il me faut son sac, ordonne Seijuro à Shizue, qui se sauve dehors pour aller le chercher.

Les autres le regardent faire, le visage blême. Hope est aussi pâle qu'un linge, et peine à garder les yeux ouverts.

Shizue revient avec le sac qu'il ouvre, avant d'en sortir une bouteille de lait au chocolat, qu'il arrive à lui faire boire.

Son cerveau se reconnecte enfin à son corps et elle tourne la tête.

- Désolée.

Son compagnon pose la petite bouteille vide près d'elle pour partir à la recherche de la brique de jus de fruits, qu'elle a aussi mis dans son sac.

- Qu'est ce qui lui arrive ? s'inquiète Kuroko.

- Elle est hypoglycémique, répond-il calmement.

Hope reprend lentement des couleurs et Seijuro se contient pour ne pas la disputer.

C'est vrai que sur le moment, il n'y a pas pensé, mais le matin, elle ne mange généralement pas beaucoup. Elle n'avait pas l'apport énergétique suffisant pour faire un match, même si c'était seulement trente minutes.

Il attend qu'elle soit suffisamment revenue à elle pour replier ses jambes, pou l'aider à se relever.

- Vous pouvez lui donner un coup de main ? demande-t-il aux deux autres femmes du vestiaire.

Elles acquiescent et se placent chacune d'un côté de l'entraîneuse.

- Je prends son sac, dit sobrement Misaki, la bandoulière sur l'épaule.

Elles sortent toutes les trois du vestiaire des hommes, qui se retrouvent tous les six.

- C'était un match inattendu.

- Je n'arrive pas à croire que ces imbéciles connaissaient le jeu complet de Jeremya Hope, râle Kise. Y a bien des techniques...

- Tu n'as pas intérêt à copier quoi que ce soit, le coupe Seijuro. Ils n'ont pas seulement recopié les techniques. Ils les ont tout bonnement prises. Même certaines que lui seul connaissait.

Le mannequin hausse les épaules.

- Et alors ? Des techniques pareilles, ça peut nous faire gagner plus facile...

- Non. Pas sans l'accord d'Hope. Ce sont ses techniques à elle. Ils les ont volées, pas copiées.

Ses coéquipiers le regardent une seconde.

- C'était quoi, le rapport entre Hope et Jeremya, exactement ? demande Midorima.

- Ils avaient l'air proche, remarque Aomine en retirant son-t-shirt.

- Ils l'étaient.

Seijuro se change aussi, sans plus rien dire. Il ne voudrait pas donner le secret de sa compagne par accident. Même si ce n'est pas réellement un secret en soi, quand on sait quoi chercher.

Ils retrouvent Hope avec ses coéquipières, dehors, un sandwich dans les mains.

- Tiens. Pour que tu te sentes mieux.

Murasakibara lui tend une barre chocolatée qu'elle prend avec un sourire.

- Merci, c'est gentil.

Elle la met sur ses genoux, avant de dire :

- On se voit demain ? Il faut que je vous donne quelques conseils de dernière minute. Je vais te montrer un ou deux trucs, Kuroko. A toi aussi, Kise.

- Tu ne perds pas le nord, toi, soupire Misaki en levant les yeux au ciel.

- Jamais ! Et puis, on n'a pas le temps pour ça. On va devoir mettre les bouchées doubles pour combler notre lacune.

- Notre lacune ?

Pour une fois qu'elle a l'attention de tout le monde d'un coup, elle en profite :

- Vous êtes au courant que vous êtes un tout petit peu trop lents ?

- Parle pour toi, se renfrogne Kise en rentrant la tête dans les épaules.

- Aomine, tu vois de quoi je parle ? demande-t-elle en l'ignorant.

Il hoche lentement la tête.

- Ouais. En termes de réflexes ? j'ai remarqué aussi. Tu veux qu'on fasse quoi ?

Elle hausse les épaules.

- La nuit porte conseil. Rentrez bien, et reposez-vous.

Les membres de l'équipe commencent à partir, et Kuroko reste, à droite de Seijuro.

- Tu semble aller déjà mieux.

- Oui. Je suis une habituée des malaises, la rassure-t-elle. Ne t'en fais pas. Tu peux rentrer tranquille. On veille déjà assez sur moi pour que j'étouffe !

Le joueur fantôme sourit et salue son capitaine d'un signe de tête.

Une fois qu'ils sont tous loin, il lui dit :

- Je sais que tu ne vas pas être d'accord, mais soit on dort à l'hôtel, soit je conduis. Tu ne prends pas le volant après un malaise pareil.

Elle acquiesce.

- Je comprends. Je ne suis pas en état de conduire, ne t'en fais pas, je n'avais pas prévu de mourir tout de suite.

- J'imagine que c'était ça. Dont tu te souvenais. Qu'il avait volé les techniques.

- Peut-être.

Hope s'est contentée de faire des passes, seulement des passes, et jamais autre chose que des passes. Mais elle aurait sûrement voulut faire plus. Jouer pour de vrai. Pas faire la roue de secours. Il s'en doute. Pourtant, il ne lui dit rien. Il se contente de prendre son sac, et d'aller à la voiture, en s'assurant qu'elle était bien derrière lui.

Elle s'assoit en voiture, mal à l'aise.

Seijuro s'installe aussi, et allume doucement le contact.

- Tu fais attention, hein ?

Il sourit.

- Bien sûr.

Elle expire longuement.

- D'accord.

- On peut y aller ?

- Oui... allons-y...