Chapitre 28

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Le reste de la semaine a été assez éprouvant pour que Seijuro soit à leur lieu de rendez-vous avant elle, et bien avant dix-neuf heures.

Elle se laisse tomber sur le tabouret à sa droite et il termine son deuxième verre, tandis qu'elle commande le premier, et qu'il demande un verre d'eau.

- Je ne t'attendais plus.

- Je vois ça.

- Dis-moi... tu n'habite pas loin, pas vrai ?

- Oui. Pourquoi ?

- Parce que je vais trop boire pour conduire.

Le barman lui pose son verre, et dit à l'homme assit près d'elle :

- Faites attention, si elle ne marche pas droit, elle ne voudrait quand même pas monter en voiture.

- L'emmerde pas avec ça, je ne suis pas d'humeur.

Il hausse les épaules en répondant :

- On rentrera à pieds. De toute façon je dois faire du sport, non ?

Elle rit doucement.

- Très bien.

Après une courte pause, Hope ajoute calmement :

- Et puis, tu as de la chance. J'ai mis des chaussures plates et qui me tiennent aux pieds.

- Parfait.

- Et de toute façon, j'ai pris le métro pour venir. J'ai laissé ma voiture au gymnase. J'étais trop fatiguée pour conduire.

- Et tu bois ?

Seijuro se redresse.

- Vous n'auriez pas de quoi manger, à tout hasard ?

Le barman acquiesce et s'éloigne.

- Tu ne m'emmène jamais ailleurs que dans tes établissements, n'est-ce pas ?

- J'aime les gens qui s'y trouvent. Ils sont souriants, ils sont justes, ils m'apprécient presque. Je les aime bien.

Il ne saurait dire s'il la sent aussi seule que lui ou un peu plus. Mais dans tous les cas, ça reste de la solitude. Et il n'aime pas ça.

Il renifle.

- Ne bois pas trop en tout cas. Je ne suis plus assez musclé pour te porter.

- Parce que tu l'as été un jour ? se moque-t-elle.

Il lui lance un regard noir.

- Quand j'ai arrêté le basket, j'ai arrêté complètement le sport. Et je me suis mis au café.

- Très mauvais échange. Je pensais que tu faisais encore un truc à côté, comme du tir à l'arc.

- Pourquoi je ferais du tir à l'arc ?

- Bonne question.

Il lève les sourcils et la regarde, dubitatif.

- J'en ai fait une fois dans ma vie, c'est tout.

- Et alors ?

- J'ai réussi tout de suite, ça m'a ennuyé.

Elle éclate de rire.

- Tu es remarquable dans le rôle de l'arrogant.

- Merci, répond-il avec un sourire.

Hope termine son verre quand leur serveur leur apporte deux assiettes de salade composées à la va-vite.

- Au fait...

Il jette un œil autour de lui et observe la grande salle de cabaret vide, et toutes les chaises posées à l'envers sur les tables.

- C'est fermé ce soir ?

- Oui. J'ai demandé à Satoru de rester pour la soirée. Mais il part dans une heure. Ne t'en fais pas. Je ne suis pas du genre à faire faire des heures supplémentaires à mes employés pour me faire plaisir.

- Même si perso, patronne, le billet en plus est assez sympa.

Elle fusille l'homme aux cheveux noirs du regard et demande un autre verre, qu'on lui sert rapidement.

Elle l'avale ensuite d'une traite, et attrape elle-même la bouteille.

- Merci pour tes services, tu peux rentrer chez toi. T'inquiète, tu seras payé pareil.

L'homme sourit.

- Bien madame.

- Embrasse ta femme pour moi.

- Bonne soirée, sourit-il à nouveau, en laissant ses clefs sur le bar.

- Merci.

Hope et Seijuro le regardent partir, avant de se détendre.

- C'est fou comme c'est différent selon la raison qui nous colle ensemble, lui dit-il au bout d'un moment.

- J'ai remarqué aussi qu'on est différent.

- Tant que ça ?

- Tu souris tout le temps ou presque quand il n'y a personne. Tu es froid quand il y a du monde.

- Tu ne te laisse pas surprendre quand il y a du monde, et tu es franche quand il n'y a personne.

- Je suis agressive plus vite, quand il n'y a personne.

- Je le suis aussi.

Elle sourit.

- Alors à nos points communs, dit-elle en levant son verre.

Il cogne doucement son verre contre le sien.

- Et à la notre.

La Plume Et L'ArchetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant