La Plume Et L'Archet

Chapitre 75

Quand Hope et Seijuro arrivent ensemble au match le lendemain, elle a pris ses affaires, en même temps qu'elle a pris celles de son compagnon, « cas où ».

Elle soupire profondément. Qu'est ce qui pourrait être pire aujourd'hui ?

- Hope ! Akashi ! Venez voir ! On a changé d'adversaire !

Elle se raidit.

« Changé d'adversaire » ? Mais c'est possible, ça ? Qui d'autre devaient-ils affronter ? Pourquoi un tel changement ?

- Il paraît qu'ils n'ont pas put tous venir, et qu'ils étaient trop peu pour jouer un match contre nous, explique Kise lorsqu'ils sont proches d'eux.

- Vous êtes venus ensembles ? demande Midorima au bout d'un court silence.

- Il a mal à la main depuis hier, soupire Hope en se passant une main sur le visage.

Les autres se décomposent.

- Mais comment tu t'es fait ça ?!

Il regarde l'air paniqué de Shizue et secoue la tête.

- Je ne sais pas. C'est peut-être une contracture, rien de grave.

- Une contracture serait partie dans la nuit. Je te jure que tu vas aller à l'hôpital avant de jouer ton prochain match, râle Hope en posant son sac.

Kuroko fixe la main bandée de son capitaine.

- Parce que tu ne peux pas jouer ?

- Elle ne veut pas.

- Elle s'inquiète de l'état de ta main. On est d'accord que si ça empire, il ne pourra pas vous aider pour les prochaines fois.

Elle cherche de l'aide et Aomine lui donne s'en même s'en rendre compte.

- C'est pas qu'on a besoin de toi, mais l'équipe est plus complète quand tu es là.

- Ouais, un match sans Akashi, c'est pas digne de la Génération Miracle, approuve Murasakibara la bouche pleine.

- Moi, je trouve ça ridicule. Depuis quand tu te soucies de ce que te disent les autres ? se fâche Misaki.

La jeune femme lance un regard noir à la joueuse, qui ne s'en préoccupe pas le moins du monde.

Seijuro secoue la tête.

- Parce que je sais qu'elle s'y connait en blessures. Je ne veux pas vous inquiéter pour rien, et je ne serais pas d'un grand secours assit sur le banc pour la fin de la saison.

Le cœur d'Hope manque un battement en voyant l'équipe derrière Kuroko s'approcher.

- Pitié, ne me dites pas qu'on joue contre eux. Pitié...

- Salut.

Tous les joueurs de l'équipe de Seijuro se retournent pour les regarder.

- A ce qu'il parait, on joue contre vous, aujourd'hui. C'est dingue, hein ?

- Ne cherche pas les embrouilles avant le match.

- C'est toi qui dis ça ? Tu es allé la voir y a deux semaines...

Luis lui lance calmement :

- Continue, si tu veux regarder le match dans les gradins.

Son coéquipier frissonne, et l'anglais s'en va sans un regard de plus pour son adversaire.

Hope serre la sangle de son sac, et se retient de lui lancer une phrase cinglante.

- On va les pulvériser, grogne-t-elle en les regardant partir.

Une main se pose sur son épaule.

- Ne t'en fais pas, ils vont mordre la poussière, lui sourit Murasakibara.

Elle sourit à son tour. Comment résister à un sourire enchocolaté ? C'est presque drôle, mais elle se concentre sur les autres joueurs, qui lui sourient à leur tour.

- Toujours prêts pour écraser l'adversaire, ricane Kise en roulant les épaules.

- Allez vous changer, manquererait plus que vous soyez en retard.

- Que nous soyons en retard, la corrige Shizue en passant près d'elle avec un clin d'œil.

Hope se laisse entrainer par la bonne humeur de ses coéquipiers et ils entrent dans le gymnase. Elle est tendue, et elle sait que quelque chose va mal tourner.

Pourtant, elle est contente d'être là avec eux. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu cette pseudo-euphorie d'aller crier des consignes sur des joueurs, comme elle le faisait avec Jeremya. Non. Comme elle adorait le faire avec Jeremya.

Elle sourit de plus belle, en laissant son sac d'affaire dans l'un des casiers du vestiaire des femmes.

Depuis quelques temps, quand elle repense à son frère, elle se sent moins nostalgique. Comme si son souvenir ne la hantait plus vraiment, même s'il faisait toujours partie d'elle, d'une certaine façon.

Elle attend devant la porte des vestiaires des hommes de son équipe, pour qu'ils tiennent leur habituelle réunion pré-match.

C'est plus simple de déplacer trois filles dans une salle, que six garçons, avait-elle remarqué.

On lui ouvre assez rapidement, au moment où les deux arrivent à sa hauteur.

- Qu'est ce que tu peux nous dire sur cette équipe ?

Elle se penche légèrement en avant.

- On appelait Luis « la Flèche ». Il était très rapide. Je ne sais pas s'il l'est encore, ou si il a ralentit. Mais c'est lui qui faisait toutes les passes à Jeremya ou presque. Et elles étaient plus improbables les unes que les autres.

- Il avait de bons réflexes, si je me souviens bien.

Elle réfléchit une seconde, le temps de faire défiler de vieux souvenirs dans son esprit avant d'acquiescer.

- Il était assez doué pour tenter de copier une technique ou deux de Jeremya. Mais il était obligé de les arranger à sa sauce, parce qu'il tentait des choses que... Jeremya ne faisait presque jamais. Alors il n'était pas simple à observer. Et en plus, c'était des techniques plutôt compliquées.

- Pourquoi il ne demandait pas à Jeremya de lui montrer ? Je ne dis pas que j'aurais aimé me battre contre un excellent joueur, mais...

Kise laisse sa phrase en suspend et elle sourit ironiquement.

- Parce que je lui avais interdit. Pas de les montrer, ça c'était juste un conseil. Mais certaines techniques qu'il m'avait demandé de lui apprendre... elles n'étaient pas bonnes pour l'organisme d'un adolescent en pleine croissance. Quand il sortait une « technique interdite », il le faisait vraiment exceptionnellement, et rarement plusieurs fois dans la même saison. Une fois, il a manqué de se faire une luxation du genou. J'étais très en colère, parce qu'il avait « voulut montrer un truc cool à une fille cool ».

Elle sourit, perdue dans son esprit.

- Je lui en avais collé une belle. Et c'est ce qui vous attend aussi si vous tentez de copier n'importe quoi, n'est-ce pas ?

Son regard appuyé à Kise le fait rire nerveusement.

- Pas de soucis, chef.

- Ne vous blessez pas, quoi que vous fassiez, dit-elle seulement pour clôturer le sujet.