Chapitre 47

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Hope passe les portes de son bureau, gayerette. Ils déménagent demain.

Elle ne pensait pas qu'ils ne mettraient que six jours à acquérir leur appartement, et ça la met en joie.

- Bonjour !

Himeko la regarde s'asseoir, perplexe.

- Ce soir, je suis partie à dix-huit heures, dernier délais, j'ai du travail chez moi.

Son assistante ne sait pas où habite sa patronne. D'ailleurs, personne ne le sait, puisque son adresse officielle est celle du siège de l'entreprise.

Dans son imaginaire, sa supérieure vit dans un grand appartement chic, avec du personnel. Elle n'a même pas de famille, d'après Himeko.

- Mais alors qu'est-ce qu'elle a à faire chez elle de si important ?

- Au fait, pendant que j'y pense, tu es en vacances, les deux semaines durant les fêtes.

- Ah... ah oui ?

- Oui. De toute façon, je ne serais probablement pas là, j'ai très peu de rendez-vous.

- D'accord...

- Seijuro passe les fêtes avec sa famille. Je ferais bien pareil, mais je n'en n'ai pas... j'imagine qu'Himeko a aussi des gens à voir.

- Merci.

Hope ne répond pas. Maintenant qu'elle y pense, elle veut poser la question à Seijuro ...

- Décorer la maison pour noël ? demande-t-il surprit.

- Oui. Comme on faisait quand j'étais petite.

- Si tu veux.

Elle sourit doucement en posant la main sur son torse.

Dans le noir, il frissonne.

- Je n'ai pas eu le temps de t'en parler avant, mais... tu veux venir avec moi ?

- Passer les fêtes avec ta famille ?

Elle le sent hocher la tête.

Les Akashi sont terrifiants. Elle n'en doute pas. Mais l'idée qu'il veuille quand même lui présenter tout de suite...

- Tu veux vraiment de je vienne ?

- Oui. Tu ne veux pas ?

- Si. Je suis juste surprise. Tu crois que tu voudras toujours de moi le mois prochain ? parce que mine de rien...

Il rit.

- La grande question, c'est est-ce-que toi tu voudras toujours de moi. Tu es bien plus simple à vivre.

- Je pense plutôt l'inverse, mais bon.

Il l'embrasse sur le bout du nez.

- Arrête. Tu es géniale. Tu es intelligente, tu es intéressante, tu es belle, tu cuisine super bien...

- Tu joue du violon comme personne, tu vendrais n'importe quoi à n'importe qui, tu es un très bon sportif, tu as une musculature de rêve...

- ... tu as un style unique, tu es peu dépensière, tu es un écrivain hors pair, tu joues super bien au basket, tu es gracieuse...

- ... tu as un sang froid inouï, tu as un charisme fou, tu... tu m'énerve !

Il rit.

- J'ai gagné !

- C'est pas aussi simple que ça en a l'air de vivre avec un génie.

- Tu parle de moi, là ?

Elle fait mine de réfléchir.

- Tu m'as dit quoi déjà ? Ah oui, tu es génial.

- Je suis génial. Et tu n'y connais rien en violon. C'était pas franchement glorieux, ce que je t'avais joué. En plus j'avais joué un morceau entendu à la radio pour être sûr que tu connaisses et t'impressionner.

- Moi, je te donne envie de m'impressionner ?

Il plonge la tête dans son cou.

- Tu me donne envie de tout.

Hope sourit. Même si le sens caché de cette phrase ne lui est pas passé inaperçu, elle se blottit davantage contre lui. Il aura beau dire ce qu'il veut, c'est lui qui accepte qu'elle dorme presque sur lui. Lui qui veille sur elle la nuit quand elle cauchemarde. Lui qui vient la prendre dans ses bras, quand elle ne se sent pas bien. Lui qui supporte qu'où qu'il veuille l'emmener, c'est toujours elle qui doive conduire. Lui qui accepte que ce soit elle qui cuisine. Elle qui refuse de se coucher tant qu'il n'est pas rentré. Lui qui l'embrasse toujours au moment où elle a besoin de lui. Lui qui lui sourit à elle seule comme il ne sourit à personne, et qui est prêt à tous les compromis du monde.

- Je t'aime, lui dit-elle au bout d'un moment.

Surprit, il se fige.

- Je ne te l'ai jamais dit, mais... voilà.

Il l'emprisonne dans ses bras. Ses cheveux ondulés par les tresses qu'elle avait dans la journée lui caressent le menton, et elle soupire d'aise. Elle est bien, avec lui. Il est bien, avec elle. C'est comme si jamais rien n'avait été aussi parfait dans leur vie personnelle.

- Hope ?

- Hum ?

- J'ai hâte qu'on soit chez nous.

Elle sourit.

- Moi aussi.

Seijuro attend patiemment qu'elle s'endorme, avant de songer à piquer du nez. Quand il peut se le permettre, il le fait. Il n'aime pas la laisser seule quand il part le matin, si elle n'est pas réveillée. Il n'aime pas se dire que lorsqu'il est absent, elle préfère ne pas dormir que de risque de rêver de l'accident de son frère.

- Le syndrome du survivant...

Hope était dans le taxi avec son frère aîné ce jour là. Ils avaient étés percutés par un camion. Elle était sortie indemne, pas lui. D'après ce qu'elle lui avait raconté, il était mort à peu près au moment où elle s'est réveillée à l'hôpital, alors qu'ils passaient la porte des urgences. Jeremya était la seule chose qui lui restait. Le seul membre de sa famille auquel elle pouvait se raccrocher.

Et maintenant...

- Maintenant, elle m'a moi.

La Plume Et L'ArchetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant