Chapitre 33

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Il ne compte plus le nombre de semaines depuis lesquelles il n'a pas vu Hope, ça le déprime de trop.

Seijuro se tasse dans le fond de son siège de voiture, les deux mains sur le volant, qu'il tourne avec lassitude.

Son équipe a joué ses trois premiers matchs, et les a pour le moment remportés. Mais pour une raison qu'il ne s'explique pas, il ne veut pas que la jeune femme y assiste.

- Peut-être que ce n'est qu'un caprice. C'est étonnant qu'elle accepte, mais d'un autre côté, elle doit être occupée par plus intéressant.

Il change de direction, met son clignotant, et suit la voie indiquée par le GPS.

C'est un bus qui les dépose au lieu de rencontre. Mais jusque là, il y a cinq minutes à faire en voiture.

Il rentrera sûrement en taxi.

Et il espère rentrer seul.

Il lance un regard discret à Sumire qui chantonne tranquillement en se limant les ongles, assise côté passager. Il se renfrogne d'avantage quand elle lui demande :

- Et c'est un bus confortable, au moins ?

Pour une heure de route, ils n'allaient pas le faire au volant, avec la fatigue du match. Louer un bus leur avait semblé être une meilleure idée. Et puis comme disait Kise, ils feraient le trajet « comme dans le temps ».

Donc même s'ils jouaient à six, ce qui pour Seijuro était la pire idée du monde, ils avaient choisis un petit bus quinze places, conduit par un chauffeur indépendant.

- Je ne sais pas. Il devrait être en bon état, rouler, et nous amener à destination.

- Oh... d'accord.

Elle laisse un silence flotter dans l'habitacle avant d'ajouter :

- C'est la première fois que je vais voir un match de basket. C'est bien ?

Il se retient de faire plusieurs têtes différentes, parmi lesquelles : les yeux écarquillés de l'incompréhension, la grimace de la fatigue, les yeux au ciel de l'incrédulité, et le soupir profond du dépit.

- Personnellement, j'adore ça.

- Oh ! C'est sûrement cool alors !

- Tu n'as même pas regardé à quoi ça ressemblait avant ? Tu ne connais pas les règles ? Tu vas t'emmerder comme un rat mort.

Il se gare sur le côté.

- On est arrivés.

- Je ne monterais pas là-dedans, dit-elle seulement en voyant leur véhicule.

- Si tu veux appeler un taxi, libre à toi.

Il descend de la voiture, et elle le suit :

- Mais tu ne veux pas y aller en voiture ?

Il la ferme délibérément à clef. Hors de question qu'il la lui laisse.

- Non.

- Mais...

- Appelle un taxi si tu veux.

- Et ton chauffeur ne peut pas passer nous prendre ?

- Il est en congé, balance-t-il sans réfléchir. Il a son après-midi, ajoute-t-il après s'être rappelé qu'elle l'avait vu le matin même.

- Oh...

Les autres joueurs les regardent arriver avec la tête du téléspectateur qui tente de ne pas rire devant son émission favorite.

- Tout le monde est prêt ?

Ses coéquipiers acquiescent et il monte après un coup d'œil au chauffeur, sans plus se soucier de son accompagnatrice.

- Je précise qu'au retour, tu risque de ne pas apprécier l'odeur.

- Hum ! J'appelle un taxi tout de suite pour après votre... euh... match... ! dit-elle en tendant la main pour qu'on l'aide à monter.

Midorima recule, Aomine mine qu'elle n'a pas assez de poitrine pour susciter son intérêt.... C'est Kise qui s'en saisit en urgence avec un sourire navré pour l'attente et la gêne occasionnée.

Sumire le regarde longuement, l'air de se dire qu'il était beau à tomber, avant de se rappeler que « l'homme de sa vie » était dans le bus à l'attendre sagement.

Arrivée là, la place à côté de son fiancé est prise par un joueur qu'elle n'avait même pas vu avant, et qui regarde dans le vide, un casque de musique sur les oreilles.

Murasakibara passe près, trop près, d'elle pour s'installer dans le fond, et rapidement, sans qu'elle ne s'en rende compte, il n'y a plus deux sièges côte à côte de libre près de Seijuro pour qu'elle s'y installe, seule.

- Je...

- Installez-vous, mademoiselle. Nous allons partir, lui dit l'homme chargé de conduire.

Elle retient à grand peine qu'on lui ait adressé la parole avant autant de désinvolture, et s'assoit de mauvaise grâce dans le coin le plus proche de sa position actuelle, et le plus loin possible des hommes aux cheveux bleu nuit et blonds, pour ne pas risquer de se prendre un coup dans le chahutage.

- T'es vraiment con, tu sais !

- Mais bordel, laisse mes lacets tranquilles ! t'es vraiment un gamin Kise !

- Dixit celui qui vient de défaire les miens...

- Vous parlez trop fort, je n'entends plus ma musique... se plaint un autre calmement.

Elle sursaute.

- Mais depuis quand il est assit près de Seijuro, celui là ? C'est le gars de tout à l'heure ?

Seijuro ferme les yeux, le front contre la vitre fraiche. Le trajet va être long.

La Plume Et L'ArchetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant