Chapitre 13

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Quand il se lève, il ne fait plus tout à fait nuit. Tout comme il ne fait pas encore tout à fait jour. C'est ce parfait entre-deux où l'on voit de sa fenêtre immense le lever du soleil, de son rouge impérial. Ce lever qu'il n'a jamais le temps de voir.

Il enfile sa cravate, avale son café, met la tasse dans l'évier, lace ses chaussures, passe sa veste, et sort de son appartement.

C'est aujourd'hui que son père revient, Seijuro ne peut pas se permettre d'être en retard. Qu'il n'ai presque pas dormi ne rentre pas en compte dans la perfection.

Comme prévu, il est au manoir une demi-heure avant que son père n'entre chez lui.

Il regarde son fils, d'un air satisfait, lui répond que son voyage s'est bien passé, mais qu'ils vont devoir accélérer un dossier en particulier. Seijuro ne se demande même pas à quel moment il lui a posé la question. Il sait qu'il ne l'a pas fait.

Il est incroyable de voir à quel point Masaomi Akashi est le plus grand cauchemar de son propre fils. A la longue en réalité, même s'il n'a jamais réussi à vaincre sa peur farouche de son père, Seijuro s'y est habitué. Et comment ne pas avoir l'air sûr de soi lorsqu'il n'est pas avec lui ? C'est pourtant tellement simple.

Il n'a rien fait en dix minutes qui prouve son caractère indispensable dans le bureau dans lequel il vient d'entrer.

Ça aussi c'est une torture. Le bureau.

Seijuro retient un frisson alors que la fenêtre est ouverte à la demande de Masaomi, son père.

Il ne fait pas froid dehors, au contraire, il fait étouffant, maintenant que l'été est là. Pourtant, il vient de frissonner.

- Si je suis tombé malade...

Mais quand une telle chose à put se produire ? N'est-il seulement vraiment ?

- Qu'est-ce que tu as ?

- Rien d'important, ne vous en faîtes pas. Je papillonnais, excusez-moi.

- Hum. Oui, tiens, je vais te laisser gérer ce dossier.

Il prend une chemise marronné sur le coin de son bureau et la lui tend.

- Tiens. Je veux un rapport sur l'avancement deux fois par jours.

- Très bien.

- Tu dois l'avoir terminé lundi.

- Lundi. D'accord. Trois jours.

Il se saisit de la chemine et s'incline légèrement.

Il va pouvoir quitter cet endroit de malheur. Il va pouvoir retrouver son bureau.

Seijuro soupire.

Pourquoi revenir ici à fini par le dégoûter en fin de compte ? Pourquoi a-t-il commencé à se sentir oppressé chez lui ? Certes, il n'avait pas le choix de vivre ici adolescent encore et on lui donnait à peine adulte, mais même s'il évitait de rentrer chez lui trop tôt, pour y être le moins possible, aujourd'hui, il fuit le manoir. Comme la peste. Lui-même ne saurait expliquer ce qui a changé.

Peut-être qu'un jour, il n'était plus obligé de vivre là, et qu'il s'est tout bonnement sauvé. Sauf que finalement, il reste totalement prisonnier de lui. Et de cette maison. Cette horrible maison aux souvenirs fanés.

- Seijuro.

Elle sait qu'elle est la seule dans cette maison à pouvoir l'appeler par son prénom, même si elle le vouvoie depuis qu'il est tout petit. Depuis qu'elle a commencer à tenter d'être sa mère de substitution.

Il lui sourit.

- Bonjour Hagimori, comment allez-vous ?

La petite femme aux cheveux grisonnant lui sourit de plus belle.

- Très bien bien, merci !

Elle ne lui demande pas. Elle se doute bien qu'il ne répondra pas sincèrement à sa question. D'ailleurs, il ne donne pas l'impression de vouloir émettre une hypothèse pareille.

Hagimori Keiki. L'une des rares personnes qu'il appelle par son prénom.

C'est étrange quand on y pense, parce que ça fait longtemps qu'il ne l'a pas vue et...

- Mais je ne vous ai pas demandé, que faites vous ici ?

Elle avait cinquante ans passé. Et Seijuro avait obtenu qu'elle puisse s'occuper de l'une de leur maison secondaire, au bord de la mer, elle qui avait travaillé pour les Akashi pendant une trentaine d'années, et qui n'avait plus grand chose à faire, maintenant qu'il était presque adulte.

A présent, elle a un chez elle qu'il trouve digne de ce nom. Et elle peut y vivre avec ces petits enfants, qui ne sont pas très loin. Il y avait longuement réfléchit. Il n'a jamais montré aucun amour pour elle mis à part ce geste. En quelque sorte, il s'était arrangé pour qu'elle soit libre comme lui ne pouvait l'être.

- Je suis venue pour vous voir. Et donner des nouvelles de la maison à Monsieur Akashi, comme il me l'avait demandé. Je repartirais sûrement demain.

- Vraiment ? Merci.

- Je vous en prie. Vous êtes devenu un véritable adulte, maintenant.

Il se souvient, ça y est. Il ne l'a pas vu depuis quatre ans.

- C'est une petite éternité pour ceux qui on l'habitude de se voir tous les jours pendant des années.

- En tout cas, je suis ravie de vous avoir revu.

- Moi aussi, lui répond-il. J'espère que vous vous porterez bien.

- Je vous le souhaite aussi.

Il tourne les talons et sort.

Il aurait put faire un effort, l'inviter à dîner. Discuter plus longtemps. Au moins s'assurer qu'elle allait bien, elle qui est venue jusqu'ici pour le voir seulement.

- Sauf... sauf que je ne sais pas comment le faire, pense-t-il en quittant la propriété, dépité. J'ai beau être doué partout, je ne suis qu'un bon à rien en relations humaines.

La Plume Et L'ArchetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant