Chapitre 27

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Quand Seijuro revient, avec ses gobelets en carton, et sous les yeux trop curieux de l'ensemble du couloir, Hope a pris ses aises, dans un bureau qui ne semble pas le sien.

- Ma pauvre, tu dégouline encore, dit-il en posant la chose fumante devant son nez.

- Je ne veux pas en parler, tranche Hope froidement.

Il retient un sourire pour ne pas la froisser d'avantage.

- Je ne dis plus rien.

- Il est imbuvable.

- Tu parle de celui-là ? demande-t-il en levant son verre. Il est délicieux par rapport à celui que j'ai bu ce matin.

Elle le regarde, dubitative.

- Je ne comprends pas qu'on ait d'aussi bons locaux, et d'aussi mauvais café, ajoute Seijuro.

Hope hausse les épaules.

- J'en sais rien. Pour moi, tous les cafés sont pareils. Je n'aime pas ça. Ça a le seul mérite de me réveiller.

- Tu n'es pas sérieuse ?

- Dis-moi seulement que tu n'as pas fait plusieurs services pour ça.

- Je ne te répondrais pas. Tu viens de me donner un ordre, poursuit-il d'un air entendu.

Elle lève les yeux au ciel, fatiguée, mais n'ajoute rien, avant de poser le liquide brun et son contenant le plus loin possible d'elle.

- Alors ? Par quoi on commence ?

- Hum...

Il pose sa « tasse », et sort ses documents.

- Tu sais ce que tu dois signer ?

- J'ai validé ce projet. Bien sûr que je sais quoi signer. Je sais ce que je fais signer à mes gars, surtout pour ce genre de contrat.

- Mais tu ne savais pas que c'était moi qui venais ?

- Non. Mais je savais que ta société bossait avec la mienne.

Il arque un sourcil.

- Moi je ne savais pas.

Elle sourit.

- Je pensais que tu le savais, c'est d'ailleurs pour ça que je ne t'en n'ais pas parlé. Sinon, tu dois te douter que je l'aurais fait.

- C'est mon père qui a négocié le contrat. J'ai vu une fois la personne que tu remplace, et c'est tout.

Il réalise soudain.

- Attends. C'est ton entreprise, alors ?

- Oui.

- Mais je croyais que tu étais dans l'alimentaire.

Elle sourit.

- Je fais aussi un peu de textile, c'est la dernière branche que j'ai développé.

- Et tu as ouvert ton entreprise quand ?

- Il y a cinq ans et demi.

- Impressionnant. Tu te développe vite.

- C'est ma fatigue, qui se développe vite, soupire-t-elle. Mon prochain gros projet est de former ma secrétaire, pour qu'elle fasse une partie de mon travail plus importante, et qu'elle ait elle-même une secrétaire. Il faut que je forme plus de gens, pour leur donner un pouvoir décisionnel moindre par rapport au mien, mais qui m'allègerait beaucoup.

- Je vois ce que tu veux dire.

Il hoche la tête.

- J'ai une idée.

- Je suis toute ouïe.

- On se voit vendredi soir, et on va quelque part. On ne revient que le samedi après-midi.

- Ce serait génial.

Elle ramène un genou contre sa poitrine, et sourit.

- Ça devrait pouvoir se faire.

Seijuro tend la main, et elle la serre.

- Marché conclus. Allez, on termine ça, et on peut se faire une séance papotage.

- De toute façon, plus je reste ici, plus je me repose, alors... !

- Autant en profiter, termine-t-elle en sortant un stylo. Bon ! je dois signer quoi ?

Il sourit et lui montre les feuilles, qu'elle lit avec attention.

Elle se masse brièvement le front entre deux, et secoue la tête avant de s'y remettre.

Il y a une quinzaine de pages, qui expliquent le contrat en détail, pour que tout le monde soit sûr de ne pas pouvoir se faire avoir. Et elle donne à chacune assez de temps pour être sûre à son tour que tout est bon. Même si l'homme assit devant elle lui inspire confiance, les affaires restent les affaires.

D'ailleurs, il ne s'en formalise pas lui-même et demande s'il peut sortir son ordinateur quelques minutes, pour avancer la rédaction d'un rapport.

Elle hoche la tête sans sortir de sa lecture intensive, et il en profite pour se décharger de la somme de travail qu'il aurait à faire s'il rentrait tout de suite après la signature.

- Tout est bon pour moi.

Il se redresse avec une grimace.

- Tu dors mal ?

- Je ne dors pas dans la bonne position surtout !

- Je vois. Il y a un canapé derrière toi, on peut s'y installer après, si tu veux.

- Volontiers.

Ils signent enfin les documents et vont s'installer confortablement.

- On se croirait presque chez soi, dit-elle en souriant.

- Quand on en a un, répond-il les yeux entre-ouverts.

Hope le regarde s'assoupir avec l'air d'avoir envie de faire la même chose.

Elle va chercher son propre ordinateur portable et rattache ses cheveux.

- Mais j'ai du travail.

La Plume Et L'ArchetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant