Chapitre 74

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L'équipe commence l'échauffement avec une bonne vingtaine de minutes de retard. Sans Seijuro.

Hope regarde sa montre, préoccupée. Ce n'est pas son genre d'être en retard, et encore moins sans la prévenir.

- Quelqu'un sait où est Akashi ? demande-t-elle finalement à la volée.

Les autres la regardent, mais ne peuvent que secouer la tête.

Ils se placent pour commencer un petit match en trois contre trois, Misaki en arbitre pour le moment.

Faire des matchs les uns contre les autres est le meilleur moyen qu'ils ont pour le moment de se dépasser : que faire quand un adversaire nous connait par cœur ? Quel geste adopter ? Quelle sera la prochaine action de la personne face à moi ?

Ce genre de choses leur apprend à tenter des actions imprévisibles, pour surprendre celui qui ne l'es plus depuis longtemps.

Elle tente de l'appeler pour la deuxième fois.

- Bon... on va faire sans lui, pour ce soir.

Kuroko se redresse, les yeux ronds comme des soucoupes.

- Ah oui ?

- Il ne répond pas au téléphone, je ne vais pas aller à son bureau. Il est peut-être en visioconférence. Les rendez-vous de dernière minute, ça existe quand on a un boulot comme le notre.

Mais en essayant de se justifier, Hope se rend compte d'à quel point elle est inquiète.

- C'est dommage qu'il ne soit pas là pour notre dernier entraînement avant le match de demain, soupire Murasakibara en finissant sa bouche, prêt à commencer un affrontement.

- Ouais. Ça ne lui ressemble pas.

Elle hausse les épaules.

- Je ne sais pas quoi vous dire.

- J'espère seulement que ça ne change rien à sa présence demain...

A la remarque de Shizue, elle frissonne.

Elle ne voulait pas penser à cette possibilité. Elle préférait se dire qu'il était simplement en retard. Et que c'était exceptionnel.

Elle s'occupe de l'entraînement à demi-concentrée, fatigue de se creuser la tête.

La séance se termine, et elle rentre chez elle.

Il n'est toujours pas là. Elle tente de rappeler, sans obtenir plus de résultats.

Finalement, à vingt-trois heures, elle attrape une pochette parmi ses livres au hasard, prend ses clefs de voiture et sort de l'appartement, son téléphone en poche.

Elle conduit jusqu'au siège de l'entreprise Akashi, et passe la porte du hall.

Hope s'avance vers le vigile, et lui demande comme si sa présence était valable à cette heure de la nuit :

- Où est le bureau de Seijuro Akashi, s'il-vous-plaît ?

- Euh... je regrette, le bâtiment est...

- Il m'a demandé de venir au plus vite avec ce dossier, et je dois lui remettre en main propre, dit-elle en montrant sa pochette. Je suis Hope Hozen. Où est son bureau.

Il la regarde une seconde, avant de décrypter son attitude.

- Avez-vous une pièce d'identité ?

- Bien sûr que je me ballade avec une pièce d'identité ! J'ai un rendez-vous avec des investisseurs allemands dans une heure, et j'ai intérêt à y être à temps, alors où est ce foutu bureau ?!

Elle a haussé le ton, et laissé sa main retomber bruyamment contre le bois du bureau.

- Vous voulez peut-être les clefs de ma voiture ?

Cette fois, le vigile s'excuse, se redresse, et lui dit :

- Troisième étage sur la gauche, je vous conseille cet ascenseur.

- Merci. Trop aimable.

Hope appuie sur le bouton d'un air nonchalant, et ne se détend pas plus dans la cabine.

On ne sait jamais, il y a peut-être des caméras.

Elle trouve le bureau de Seijuro plutôt facilement, par rapport à ce qu'elle pensait, et elle ne se gêne pas pour entrer sans frapper.

Il est là, assit à son bureau, une main dans ses cheveux en pétards, et l'air fortement contrarié, les yeux rivés sur son écran.

Il la regarde finalement elle. Et il se fige.

- Hope ?

Elle referme la porte.

- Sei...

Il attrape le plus rapidement possible son téléphone personnel, après un coup d'œil horrifié à sa montre.

- Je suis vraiment...

- Laisse. Tu vas bien, c'est le principal.

Elle s'approche, laisse sa pochette sur le bureau et le rejoint derrière.

Hope enroule ses bras autour des épaules de son compagnon dans un soupir épuisé.

- Essaye, la prochaine fois, d'au moins répondre à ton téléphone. Je peux comprendre les exceptions.

Elle l'embrasse sur la tempe et se redresse.

- Est-ce-que je peux t'aider ? Il est tard, et tu joues, demain.

- Oui... euh... j'ai...

La jeune femme remet une mèche blonde foncée derrière son oreille et demande :

- Quoi ?

Il lève sa main droite, bandée approximativement avec une sorte de...

- C'est toi qui as fait le bandage ?

- Oui. Je sais que c'est mal fait, mais c'était surtout pour essayer de me souvenir de ne pas trop l'utiliser.

Hope fronce les sourcils.

- Ça ne m'empêchera pas de jouer demain, ne t'en fais pas...

- Qu'est ce que tu as ?

- Rien, ça va.

- Sei.

- Un pincement.

Il ferme les yeux.

- Au départ, je croyais que c'était juste une crampe, mais c'est pas parti.

Elle défait lentement le bandage, et masse doucement la main.

- Ça fait mal ?

- Ça peut aller.

- Tu ne joue pas demain.

- Quoi ?

- J'ai dit : tu ne joues pas demain. Et si je le dis, tout le monde dans l'équipe t'en empêchera. Je préfère que tu ne puisses pas participer à un seul match, mais que tu sois avec nous pour les suivants, plutôt que tu ne puisses plus du tout jouer.

Il pince les lèvres.

- J'ai raison, tu as tord, on se dispute demain dès qu'on a le temps ?

Elle se penche en avant et l'embrasse rapidement sur les lèvres.

- D'accord.

Il se détend un peu.

Elle se replace derrière lui, lui masse les épaules quelques minutes, et reprend sa pochette avant de partir.

- Je fais couler le bain, ne rentre pas trop tard.

Elle lui fait un clin d'œil et il sourit faiblement.

- A tout de suite.

La Plume Et L'ArchetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant