Les techniques de Jeremya donnent du fil à retordre aux joueurs contre lesquels ils jouent. Mais ils ne s'attendaient pas à subir une si grosse défaite pour le grand match final, alors que Rakuzan avait mené tout au long de la semaine.
Ce que Seijuro en avait retenu, c'est que le Dix ne s'est donné au maximum qu'à la fin, pour s'arrêter à la limite de la Zone, si bien qu'il s'était demandé s'il n'y avait pas partiellement mis les pieds. Mais ce n'est pas le cas.
Dans un certain sens, ça ne le rassure pas. Que serait-il capable de faire s'il entre-voyait seulement la porte ?
L'équipe monte dans le bus. Ils rentrent de nuit.
Les affaires sont chargées, et des joueurs font encore leurs adieux aux autres, tandis que des filles demandent quelques photos données avec plaisir.
Il retient un soupir.
- Vous ne devriez pas... Vous ne savez pas ce qu'elles vont en faire...
- Je n'aime pas les filles hystériques. Elles sont trop bruyantes.
- Et profondément inutiles.
- Il faut des gens inutiles dans ce monde. Ou on s'ennuierait bien vite.
Il se tourne légèrement vers elle, avant de se retourner à nouveau vers le bus.
- Je suis d'accord.
- Vous avez un long trajet à faire ?
- On devrait arriver à Rakuzan avant vingt-et-une heure.
- Bonne route alors.
-Merci. Vous décollez demain ?
- Oui, à sept heures. Je sens que ça va être la panique au dernier moment. Je n'aime pas les imprévus.
- D'aucuns pourraient te dire que tu n'aime rien.
- Si. J'aime les gens à l'heure, et ceux qui ne parlent pas la bouche pleine.
- Tu dois m'aimer, dans ce cas.
Elle lui lance un regard entendu, les bras croisés depuis longtemps.
- Va savoir. Je viens te dire au revoir.
- Trop aimable.
- Et merci aussi.
Il arque un sourcil.
- Pour l'équipe. Je pense... je pense qu'il y a moyen que j'emmène cette joyeuse bande d'idiots au national.
Elle observe son équipe en train de chahuter avec deux joueurs japonais.
- Je ne savais même pas qu'ils s'étaient liés avec des joueurs à toi, soupire-t-elle.
- Moi non-plus. Comme quoi, on ne peut pas veiller à tout.
- C'est une manière de me dire que j'en fais trop ?
- C'est une manière de dire qu'on ne peut pas veiller à tout, répète Seijuro sans se démonter. Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit.
- Ne me donne pas d'ordres.
- Ne le fais pas non-plus.
- Il était temps que tu partes, marmonne-t-elle en s'éloignant.
Il sourit dans sa barbe et son équipe commence à s'approcher du long véhicule blanc.
Il retire beaucoup de choses de ce camp d'entraînement. Y compris que lorsque l'équipe de Jeremya retournera en Angleterre, le lendemain, il ne le reverra sans doute jamais. Ni lui, ni ses joueurs, ni sa sœur.
Il monte tout même dans le bus, l'esprit vide. Ça ne lui arrive pas souvent d'arrêter de réfléchir. Pourtant, il reconnaît que ces moments lui font du bien. C'est agréable de ne plus penser à rien, lorsqu'on devient nostalgique. Ça nous évite d'être tristes.
Il ferme les yeux et l'autocar s'en va. Au fond, ce n'était que du basket, cette semaine. Ce n'est pas parce qu'il s'est bien amusé qu'il doit en faire tout un drame.
- Ce qu'il y a... C'est que j'aurais aimé faire ça avec les autres...
Il soupire, excédé par sa propre réflexion et relègue ses anciens coéquipiers dans le fin fond de sa tête.
L'équipe de Teiko appartient au passé. Lui, il appartient au présent.
Seijuro Akashi se fixe intensément du regard. De ses yeux rouges, il défie son reflet de l'empêcher de faire son nœud papillon. Mais le résultat étant ce qu'il est, il ne parvient toujours pas à le faire.
Il abandonne en décidant de ne pas le porter. Son père trouvera sûrement de quoi en redire, mais pour ce soir, il est assuré de ne pas avoir de réflexions d'un homme qui fait affaires aux États-Unis pour la semaine.
A présent, Seijuro est diplômé de l'une de ces écoles prestigieuses dont son père n'a voulut qu'il ne sorte qu'après cinq longues années d'études.
Le tout pour que finalement, il travaille d'arache pied pour lui, dans l'entreprise familiale.
Il tire lentement une chaise de son immense salon vide, et se laisse tomber dessus avec un autre soupir. Si son père le voyait...
Il secoue la tête et attrape le livre posé sur la table. Son père n'est pas là. Lui est prêt, coiffé, habillé, et attend simplement que son chauffeur ne vienne le chercher.
Il tourne les pages du livre en songeant avec satisfaction que l'auteur lui ressemble de plus en plus, ces quatre dernières années. Que l'évolution de son style est plus que correcte.
- Ce type est un génie, il n'y a pas à dire.
On frappe à la porte et il se lève. Il est grand temps d'enfiler ses chaussures, son manteau, et son masque d'impassibilité effrayante.
- Bonsoir Monsieur.
- Bonsoir. Je suis prêt.
- Dans ce cas, nous pouvons y aller.
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La Plume Et L'Archet
FanficQuand il la rencontre pour la première fois, il ne se doute pas de l'impact qu'elle aura sur sa vie. La perfection est un critère de taille, quand on vient de l'illustre famille Akashi, si bien qu'il ne s'en formalise plus vraiment. Mais étouffant p...