Chapitre 24

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- Je ne sais pas pour toi, mais je m'ennuie, dit-elle à son assistante.

Himeko pousse un léger soupir, en s'asseyant à son bureau, accolé à celui de la directrice.

- Je ne dis pas qu'on n'a pas de travail, mais je le trouve inintéressant au possible. Non ?

L'autre jeune femme sourit. La veille encore, elles ont terminé leur travail au beau milieu de la nuit, et la patronne décrète qu'elle lui donnera un jour de congé supplémentaire dès que possible.

Hope se redresse et fait craquer ses épaules avant de taper frénétiquement son clavier d'ordinateur.

Le mois dernier, Seijuro avait dit qu'il repasserait, et tant que ce n'était pas chose faite, elle ne veut louper aucun entraînement des garçons. Et pour ça..... elle doit terminer terriblement tôt. Il est hors de question qu'il reste du travail à son départ, ou Himeko n'hésitera pas une seconde à s'en charger.

- Brr.

- Un problème ?

Le téléphone sonne et l'assistante décroche en premier.

- Tu me fatigues, dit-elle avec un sourire.

Elle lui renvoie en répondant, la main sur le micro :

- Ne faites pas genre, je sais que je vous suis indispensable. Bureau Hozen ? ... bien... je lui transmettrais.

De son côté, Hope s'est crispée, pourtant toujours souriante.

Elle n'aime pas dépendre des autres. Non. Elle frissonne. Elle ne supporte plus l'idée de ne pas pouvoir compter que sur elle-même.

- Mademoiselle ?

Elle ne répond pas tout de suite, et reprend l'écriture de son courriel.

- Oui ?

- Vous n'avez pas l'air bien...

- Depuis quand je vais bien ? Je n'ai pas besoin de.... ton inquiétude, se rattrape-t-elle. Ça a la fâcheuse tendance à te ralentir.

Hope ne compte plus le nombre de fois où elle se fait avoir : c'est compliqué de se souvenir que les gens sont plus fragiles émotionnellement parlant qu'elle. Surtout que ceux qui l'entourent ne sont auprès d'elle parce qu'elle les paye. Mais un salaire, ça se remplace.

Le téléphone sonne à nouveau, et seule se préoccuper de le décrocher.

- Bureau Hozen ? ... Oui.... c'est de la part de qui ?

Elle met la main sur le microphone et dit à sa supérieure :

- C'est Monsieur Akashi.

- Akashi ?

- Le fils.

Elle tend brusquement la main, inquisitrice.

- Allô ?

- J'espère que je ne te dérange pas, lui répond-il. Ce n'est pas très professionnel de t'appeler sur cette ligne. Tu préfères sur ton portable ?

Hope hausse les épaules.

- Ça dépend, la discussion va être longue ?

- Pas vraiment, non.

- Alors je t'écoute.

- Je voulais passer ce soir, mais je ne pourrais me libérer qu'une demi-heure avant la fin du cours des oisillons. Ça ne te dérange pas ?

- Du tout. Je vais te donner mon numéro personnel, si tu as besoin en cours de route.

- D'accord, je prends de quoi noter.

A sa droite, l'assistante fait mine de rien, bien que très curieuse de savoir pourquoi un homme pareil n'hésite pas à donner son nom pour parler à Hope Hozen, et qu'elle lui donne son numéro de téléphone personnel.

- Bien. A bientôt, dit-elle, histoire de ne pas éventer leur prochain rendez-vous. Qui n'en n'est pas un, d'ailleurs, songe-t-elle rapidement en raccrochant la ligne.

L'appareil sonne tout de suite et elle reprend le téléphone, irritée.

- Quoi ? ... oui, j'arrive... non, faites-le monter à la place, je n'ai pas le temps de descendre.

Massacrante, elle attend que le photographe frappe à la porte de son bureau, en rédigeant quelques mails pour ses livres entre-deux.

On frappe et elle dit plutôt fort :

- Entrez.

L'homme s'exécute, elle lui montre le coin salon et lui fait signe d'attendre deux minutes. Elle termine ensuite, se lève, le rejoint, le salue.

- Bonjour. Merci d'être venu aussi vite.

- Merci à vous de libérer du temps pour moi dans votre planning chargé.

Elle lui répondrait bien qu'elle apprécierait qu'il parle plus sobrement et plus rapidement, mais elle ne voudrait pas le froisser.

- Je vous en prie, dit-elle en s'asseyant. Je peux ?

Il lui tend le portfolio, et elle tourne les photographies qu'il a prises d'elle la dernière fois qu'elle est venue au studio.

- Hum. Parfait. Je les prends toutes.

L'homme sursaute.

- Toutes ?

C'est vrai qu'elle n'a jamais travaillé avec lui, mais les photos lui plaisent vraiment.

- Envoyez-moi le devis par mail. Je m'en occupe courant de la semaine prochaine. Ça vous va ?

- Oui. Absolument.

Elle lui serre la main par réflexe, avant de se maudire intérieurement.

- On s'incline au Japon, andouille.

Le rendez-vous ne lui fait perdre que dix minutes, et lui a permis de gagner du temps dans le futur.

- C'est partit. Trois heures pour terminer sept heures de travail minimum.

Elle va y arriver. Pourquoi ça ne marcherait pas ?

La Plume Et L'ArchetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant