La Plume Et L'Archet

Chapitre 25

Seijuro lui envoie un message à seize heures trente pour lui dire qu'il ne sera jamais là à temps pour voir les enfants.

- Tant pis pour les enfants, lui répond-elle.

Elle lui enverrait bien qu'elle s'en doutait un peu, mais elle ne voit pas pourquoi il devrait se prendre sa mauvaise humeur dans la figure, alors qu'il n'y est strictement pour rien.

Hope soupire. Elle en connait à qui elle n'aurait jamais hésité à dire ce genre de choses, sauf qu'elle n'est pas la seule à avoir des problèmes, et que lui aussi semble avoir besoin de venir au gymnase pour passer outre.

- Je t'attends pour une séance, si tu veux, reçoit-il.

Seijuro fronce légèrement les sourcils. Oui, c'est une bonne idée, il devrait pouvoir boucler ça en trente minutes.

Il lance un coup d'œil autour de lui. Soit ça passe, soit ça casse.

- De toute façon, je ne vois pas pourquoi il y a dispute, dit-il avec nonchalance.

Tout le monde autour de la table le fixe amèrement, alors qu'il vient ouvertement de couper l'un de leu plus gros collaborateurs.

Il se redresse, sous le regard agacé de son père.

- Je suis certain que nous pouvons tous y trouver notre compte. N'est-ce pas ?

Il leur lance un regard froid qui en pétrifie plus d'un. Seijuro a cet air sur le visage qu'on ne lui connaissait pas. Cet air qui voulait dire : « Ecoutez les enfants, soit vous êtes sympas, soit je vous fous dehors. ».

- C'est impressionnant qu'il fasse déjà plus peur que son propre père, pense l'un des assistants en se tortillant faiblement sur sa chaise, mal à l'aise.

Quand le fils Akashi relâche la tension dans la pièce, tous semblent reprendre leur souffle.

- Depuis quand sait-il faire ça ? se demande le père. Il me cache ses propres talents maintenant ? Ou voulait-il m'impressionner ?

- J'ai un important rendez-vous, auquel je refuse d'avoir plus de quarante minutes de retard, donc....

Il pose son téléphone sur la table.

- Je pense que nous devrions sérieusement sous remettre au travail. Histoire de satisfaire le plus de personnes possible. Ce type d'accord convient-il à tout le monde ?

Personne n'ose secoue la tête pour refuser, et les affaires reprennent.

Seijuro sort à l'heure prévue, et n'hésite pas à s'en aller avant les autres.

Ils le regardent, perplexes.

- Ça alors. C'est un rendez-vous ave un client vous pensez ?

Masaomi Akashi secoue la tête.

- Non, il serait à l'heure pour un client. Je ne sais pas. Je ne suis pas au courant.

Son fils n'est pas sensé sortir pour le travail ce soir, il n'a rien dans son planning. Il répond à sa secrétaire :

- Sûrement un rendez-vous personnel. Pour lequel il s'applique tout de même à limiter son retard. Ce serait pour une rencontre ?

Quand Seijuro arrive au gymnase des Oiseaux, il regarde rapidement sa montre.

Il est précisément en retard de quarante-cinq minutes.

Il entre finalement dans le bâtiment, sans se dire une seconde qu'il n'a pas assez d'énergie pour courir dans tous les sens aujourd'hui.

- Je vais reprendre la course à pieds. Ça ne peut pas me faire de mal.

Seijuro enlève ses chaussures pour les mettre dans un casier, et s'arrête dans le couloir, devant la porte ouverte. De nombreuses photographies ornent le mur à sa droite, toutes encadrées.

Ses yeux s'arrêtent sur l'une d'entre elles, qu'il semble avoir déjà vue.

C'est une photographie sur laquelle un joueur qu'il connait tend le poing à une autre personne, bien que plus petite, aux cheveux longs.

Il l'avait vue en faisant des recherches sur lui, un peu plus tôt dans le mois.

Son regard dérive vers Hope, un ballon sous le bras, et qui lui tourne le dos, sur le terrain.

Maintenant qu'il a cette photo sous les yeux, il le voit. Il le sait. Il sait que la personne de dos, le bras tendu, et le visage caché par le t-shirt ample avec lequel elle s'essuie le visage, c'est Hope. C'est elle qui attend, approximativement dans la même position, les bras le long du corps. Qui attend qu'il tende son bras en l'appelant sœurette. Qui attend que son frère lui sourie. Son frère avec lequel elle ne jouera plus jamais au basket.

Il frappe doucement à la porte et elle sursaute.

- Je ne voulais pas te faire peur.

- Tu m'as juste surprise. Bonsoir.

Elle tente un sourire qui meure très vite, comme tué dans l'œuf.

- C'est de ma faute ? Je sais que je dois être lourd à la longue... mais je ne suis pas sûr d'être assez opérationnel pour une session sportive intensive.

Hope hoche la tête.

- Je vais me changer, dit-elle. On peut peut-être juste faire quelques paniers ?

- Avec plaisir, je vais au vestiaire aussi.