Dans la voiture du retour, Seijuro se doit de faire un constat sans appel : personne n'est mort durant les fêtes, et depuis qu'Hope s'est affirmée, personne ne trouve rien à lui redire. Pas même sa grand-mère, qui lui avait glissé : « Celle là, tu me fais le plaisir de la garder. Pour une fois que tu tombe bien. ».
Evidemment, ça ne lui avait pas plut, à lui. Néanmoins, ça lui faisait plaisir. Si sa grand-mère était avec lui... personne ne pourrait rien faire avant son enterrement.
Hope se gare sur le parking.
- Ça m'a quand même manqué, d'être dans un petit coin rien qu'à nous.
Il sourit.
- A moi aussi.
Deux semaines, c'est long. Très long. Mais elle ne se focalise pas là-dessus et sort, gayerette. Ce soir, elle lui donne son cadeau de noël.
- Tu vas bien ?
- Bien sûr que oui ! Pourquoi tu veux que j'aille mal ?
Une valise chacun, ils montent les escaliers.
- Pour rien. Mais tu souris beaucoup...
Elle sourit de plus belle en ouvrant la porte. Elle trouve l'étui du violon là où on devait lui déposer et elle tape des mains.
- Ouais !!
- Qu'est ce que...
Elle prend la valisette et lui tend, avant d'aller fermer la porte.
- Joyeux noël... !
Il ouvre et regarde l'instrument, terrifié.
- Hope... qu'est ce que tu as fait...
Elle secoue la tête.
- Pas de panique, c'est le tien. Il est toujours vieux. Et c'est toujours celui que ta mère t'a offert. Mais je l'ai emmené se refaire une beauté.
Il la regarde.
- Sei... je voulais juste... tu ne l'as jamais emmené, vu l'état. Et l'homme qui l'a regardé m'a dit qu'il allait falloir s'occuper de lui rapidement, avant que le son ne se détériore...
Il passe sa main sur le bois brillant, et sort l'instrument d'entre les pants de tissu.
- Je lui ai dit de ne rien changer...
- Merci.
Il la serre contre lui et elle sursaute.
- Je... j'y tiens beaucoup.
Elle soupire. Elle le sait. Elle a vu comment il regardait l'instrument laissé chez son père. C'était... comme si ce n'était pas le sien, et que le son qui en sortait n'était pas celui qu'il attendait. Ça avait confirmé son idée, que prendre soin de l'ancien aurait put lui faire plaisir. Mais la tête qu'il faisait en le voyant lui avait fait peur.
- Je ne ferais plus jamais un truc pareil.
Il l'embrasse sur le front, avant de retirer sa veste.
- J'ai eu peur quand je l'ai vu. J'ai eu peur qu'elle me l'ait remplacé. Mais je suis bête. Elle n'aurait jamais fait une chose pareille.
Petit, son père voulait qu'il apprenne à jouer au piano d'abord, puis au violon. A cette époque là, sa mère commençait à tomber sérieusement malade. Il n'aimait pas ça. De devoir passer des après-midi dans la salle de musique, au lieu de passer du temps à jouer dehors avec sa mère, ou d'aller avec elle voir du basket.
Et un matin, alors que c'était son anniversaire et que sa mère était entrée à l'hôpital dans la semaine, il avait reçut ce violon taille adulte. C'était sur celui-là, d'après la note qu'il y avait avec, que sa mère jouait du violon avant de se marier, quand elle était adolescente.
Deux jours après, le décès de sa mère était prononcé. Seijuro devait apprendre le violon, il en était à présent sûr, pour remplacer sa mère qui avait arrêté.
Ça ne lui plaisait pas. Mais un matin, il jouait avec le violon de sa mère, dans sa chambre, pour l'essayer, une dizaine d'années après l'avoir reçu, et son père était entré. Il avait vu l'instrument, demandé des explications.
Seijuro avait raconté calmement que ce violon était le sien. Et qu'on lui avait offert.
- Et maintenant, avait-il dit, je jouerais ce que je veux. Quand ce sera avec cet instrument, je ferais ce que je veux.
Son père n'avait pas dû le croire, à l'époque. C'est un adolescent, qui revenait d'un camp d'entraînement de basket, et qui rentrait en terminale l'année d'après.
Il avait dû être surprit en l'entendant jouer ce jour là, chez lui, la semaine précédente.
Il n'était pas seulement question du violon de sa mère en tant qu'objet. C'était tout un esprit qui se promenait avec lui. Seijuro est sûr de ressembler à sa mère. Et c'est pour cette raison que son père a parfois quelques instants d'égarement en le regardant, en lui parlant, en l'écoutant.
- Ça me rend fier d'être le fils de ma mère.
Il pose l'archet dans les mains d'Hope.
Elle le dévisage, surprise, mais il lui tend l'instrument :
- A toi de jouer.
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La Plume Et L'Archet
FanficQuand il la rencontre pour la première fois, il ne se doute pas de l'impact qu'elle aura sur sa vie. La perfection est un critère de taille, quand on vient de l'illustre famille Akashi, si bien qu'il ne s'en formalise plus vraiment. Mais étouffant p...