Chapitre 69

405 31 4
                                    

Elle fait doucement craquer sa nuque quand les trois amis de son frère s'en vont, avec un soupir résigné.

Pourquoi faut-il qu'elle fasse ce genre de choses ? Qu'elle soit ce genre de personne ? Qu'elle n'ait pas cette retenue que les autres ont généralement ?

- Je suis désolée pour l'intrusion. Si vous voulez, nous pouvons reprendre.

Midorima la regarde longuement.

Elle a exécuté un très bon tir, pour quelqu'un qui ne joue pas au basket. Mais maintenant qu'il y pense, elle n'a jamais dit qu'elle ne jouait pas. Seulement qu'elle entraînait.

Kise essuie sa joue de son t-shirt, curieux.

Quand elle lui avait répondu que si, à cette époque, que voir ce match lui donnait envie de jouer, il s'était dit qu'elle avait un niveau d'amateur du dimanche, qui joue une fois de temps en temps.

Kuroko ramasse la balle.

- Tout va bien ?

C'est Seijuro qui lui a demandé discrètement.

Elle se contente d'hocher la tête, les sourcils toujours froncés.

Hope a laissé son sourire provocateur pour un air massacrant, comme celui qu'elle arbore les mauvais jours. De toute façon, de son point de vue, c'est une mauvaise journée. Même si personne ne vient lui parler de l'incident, elle se doute que tout le monde cogite, sur le parquet. C'est à se demander si elle n'entend pas même leurs pensées de là où elle est.

- Je ne sais pas pourquoi, dit-elle à son compagnon au moment où ils passent la porte de chez eux. Mais je ne le supporte pas.

Elle s'approche de la fenêtre, les bras croisés, et laisse ses yeux vagabonder sur la vue qui s'offre à elle : un grand parking, et plus loin, un parc, avant que la rue ne fasse monter les premiers immeubles.

- Tu parles de Luis ?

- Hum.

Il s'approche d'elle, puis lui remet une mèche de cheveux derrière l'oreille.

- A quoi tu penses ?

- Je suis peut-être trop impulsive.

- Tu réfléchis beaucoup, pour une personne impulsive. Ça doit te faire du bien de ne pas penser, dit-il en la serrant dans ses bras, dos au mur.

- Peut-être... mais je ne sais pas pourquoi je lui en veux. Ça me fatigue de chercher. Je ne trouve pas. Je me méfie de lui instinctivement.

- Luis...

- Je me demande si... je n'ai pas entendu ou vu quelque chose juste avant l'accident.

- Tu ne peux pas le retrouver dans ta mémoire ?

Hope secoue la tête.

- Non. J'ai tenté de passer outre, au début. Ça m'a vite épuisé. Dès qu'il fait un mouvement vers moi, j'ai envie de reculer. A chaque fois qu'il me parle, j'ai la folle envie de le gifler. C'est comme ça, je ne peux pas faire autrement que de l'éviter. Et petit à petit, je suis devenue agressive quand il est près de moi. Ça fait méchante mégère, non ?

Il sourit.

- Un peu. Mais je t'autorise à l'être avec lui. Tu ne lui en veux pas pour rien, ajoute-t-il sérieusement.

Hope dodeline de la tête.

- Je ne sais pas. Je suis...

- Fatiguée ? Va prendre une douche. Je vais faire à manger, ce soir.

- Tu es sûr ?

- Avec les bases que tu m'as apprises, je pense être capable de ne pas nous empoisonner, répond-il sobrement en la lâchant.

Elle le laisse s'éloigner, et elle soupire à nouveau.

- Bon sang, Jeremya, qu'est ce qui m'arrive ? Tu le sais, toi ?

Elle secoue la tête encore une fois : si elle se met à parler avec les fantômes, elle sera bientôt bonne pour l'asile !

La jeune femme entre dans la cabine, se faisant soudainement une réflexion élémentaire. Lorsque Seijuro est en public, il ne sourit que très peu, et elle beaucoup. Tandis que dans leur vie de tous les jours, elle est celle qu'il fait sourire avec le sien.

- Sei... tu es vraiment incroyable...

Elle ferme les yeux tout en laissant couler l'eau sur son visage.

Ces derniers jours, elle a l'impression de n'avoir fait que suivre les coéquipiers de son compagnon, de les avoir regardés, encouragés, et entraînés. Elle n'a pas écrit une ligne, et elle n'a pas mis les pieds à son travail depuis le début de la semaine.

Elle grommelle.

- Pourquoi c'est toujours moi la fille chiante qui a des coups de mou ?

- Parce que sinon, ça ne serait pas drôle.

Elle sursaute, et le courant d'air la fait ensuite frissonner.

- La porte...

Il la referme et s'adosse contre l'éviter de la salle de bain.

- Et pour répondre à ta question plus sérieusement, tu es juste fatiguée. Regarde combien de rôles tu joues à la fois ? Tu es écrivain, chef d'entreprise, entraîneur pour enfant, et membre d'une équipe de basket adulte. Pour ce que j'en sais. Tu serais capable d'être en même temps espionne et super-héroïne.

- N'importe quoi.

Elle fait mine d'être vexée, en cachant son sourire. Elle termine de se savonner, et Seijuro lui passe une serviette par-dessus la porte de la cabine.

- Pour quoi faire ?

- Je ne veux pas que tu attrapes froid.

Elle se résigne silencieusement.

- La dernière fois que tu étais aussi fatiguée, tu es tombée malade. Je en veux pas que ça se reproduise, ne me regarde pas comme ça.

Elle l'embrasse sur la joue, et répond vaguement avant de sortir :

- Ne me donne pas d'ordres.

La Plume Et L'ArchetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant