Chapitre 34

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Sur le parquet, Seijuro a un mauvais pressentiment.

Ce n'est pas comme s'il fonctionne à l'instinct, ou que ce genre de choses le déconcentre, mais sur le moment, ça le perturbe un peu.

Il secoue la tête, et relâche ses épaules. Il n'y a rien qui ne puisse le perturber normalement. Et là, il est dans une situation normale, devant quelque chose de normal. Il n'y a rien qui devrait l'inquiéter. C'est un Akashi, rien ne l'inquiétera jamais.

- Hum. Je le sens aussi.

Il ne regarde même pas Kuroko. Il se contente de faire comme si de rien n'était.

- Il va quand même falloir faire attention. Qu'il s'en soit rendu compte ne me plaît pas vraiment.

Tous les joueurs entrent sur le parquet, et la sensation ne disparait pas. Pour être exact, ça ne fait qu'empirer tout du long du premier quart temps. Et au début du deuxième... l'équipe ne parvient pas à marquer autant de points qu'au départ. Et petit à petit...

- Je n'arrive pas à croire qu'ils aient dix points d'avance sur nous, s'énerve Aomine en mettant un coup de pied dans le banc du vestiaire.

- Il te reste sept minutes pour te calmer, lui dit Seijuro calmement.

C'est fou. Comment peut-il parler aussi sobrement avec la tempête qui explose dans sa tête ?

- Il va falloir y retourner, leur annonce l'homme aux cheveux verts.

- Mince, j'ai pas fini de manger mes chips, se plaint Murasakibara la bouche pleine.

Ils retournent en salle et la fin du match tourne au massacre.

Même s'ils parviennent à limiter les dégâts, ils perdent très facilement en fin de compte.

- Je ne comprends pas comment tu as pu perdre. Toutes ces heures de travail pour rien !

Il est d'accord avec elle. Et c'est tout à fait ce que lui dira son père. Mais là, il n'est pas d'humeur, et c'est peu dire.

Ce n'est pas elle qu'il veut voir ou entendre. Ce n'est pas elle qu'il espérait croiser dans ce couloir. Ce n'est pas elle qui lui a sourit dans la foule, qui l'a rassuré d'un regard, alors qu'il ne voulait pas qu'elle voie ça.

L'autre continue de piailler encore dix minutes, et son équipe sort enfin du vestiaire. Ce qui ne l'arrête pas pour autant. Sauf qu'il ne peut pas lui demander de se taire, de lui foutre la paix, et encore moins de disparaître de sa vie.

Ses coéquipiers l'observent du coin de l'œil, plus loin, pour l'attendre. C'est alors qu'une main se pose sur l'épaule de la femme, qui se retourne vivement pour insulter celle qui a eu le malheur de la toucher.

Mais cette dernière lui coupe l'herbe sous le pied :

- Écoute-moi bien, la pimbêche manucurée. J'ai mal au crâne, donc c'est le moment de fermer ta grande bouche. On t'entend à l'autre bout du couloir.

- Pour qui tu te prends ?!

- Hope Hozen, enchantée, lui dit-elle en tendant la main.

La femme devant elle la saisit, perdue, et l'autre en profite pour lui montrer la sortie avec une courgette légère.

- Si son altesse le permet, la porte est à ta gauche. Ne fais pas ta timide.

- Je...

- A bientôt princesse, lui répond-elle avec un clin d'œil.

Coite, la presque fiancée sort, lentement.

- Passez par derrière, vous serez plus tranquilles.

- Merci.

- Viens chez moi ce soir, si tu veux. J'ai de l'alcool fort, on pourra discuter.

Ils se serrent la main.

- Merci.

- Je t'envoie l'adresse.

Elle reprend son chemin comme si Seijuro n'était qu'une étape, les mains dans les poches.

- Elles se connaissaient ? demande Kise en s'approchant avec le reste du groupe.

- Pas vraiment. On va passer par derrière, on aura moins de chances de croiser qui que ce soit.

Son portable vibre.

- Et c'est où, par derrière ?

Il lit le message à voix haute :

- Première à gauche, deuxième à droite. Et tout au bout du couloir. J'ai vraiment des connaissances utiles, dit-il ensuite, surprit par l'efficacité d'Hope. Allons-y.

- Pourquoi tu ne l'envoie pas balader cette nana ? demande Aomine avec exaspération.

Il sourit tristement.

- Parce que même si l'idée de tenir tête à mon père me plaît, celle d'affronter ma famille seul, moins. En un contre un, ce n'est pas insurmontable. Mais même moi, je ne peux pas me battre contre plus.

- C'est assez étonnant de t'entendre dire ce genre de choses, Akashi, lui dit Murasakibara.

- Je sais.

- Elle est comment ta famille ?

La question de Kise laisse un petit blanc. Seijuro s'arrête, la main sur la poignée.

- En un sens, ils sont plus faibles que moi. Et en même temps... ils sont tellement au dessus de moi. Ils ont l'avantage du nombre.

- Ta famille me fait penser à une meute de loups, commente Midorima en remontant ses lunettes.

- Je crois que c'est l'idée, répond l'homme aux cheveux rouges en passant enfin la porte. Ma famille est une meute de loups affamés.

La Plume Et L'ArchetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant