Destins brisés

Chapitre 52

Alice ouvrit les yeux péniblement, le soleil était haut dans le ciel, et la lumière filtrait à travers la fenêtre. Elle se tourna pour attraper son téléphone, mais sursauta quand elle vit Fred installé dans le fauteuil face à elle. Il semblait très en colère comme toujours ces dernières semaines, elle se réinstalla dans le lit une fois son portable dans les mains. Elle commença à parcourir les messages que son greffier lui avait envoyé, il semblait inquiet qu'elle ne soit toujours pas au Palais. Elle pianota quelques mots pour lui répondre, et reposa son téléphone sur la table de chevet.

- Combien de temps Alice?

La juge ignora les mots de son mari, comme elle avait l'habitude de le faire depuis de nombreux mois maintenant. Elle se leva du lit, et voulut quitter la chambre mais la porte était fermée à clé. Elle soupira et posa son front dessus. Elle sentit des frissons parcourir son corps, pas de dispute, elle n'était pas en état de réfléchir.

- Combien de temps Alice? Répéta Fred une seconde fois.

Alice posa ses mains sur la porte et soupira une nouvelle fois. Elle baissa le regard sur ses mains, elles semblaient vraiment abimées mais elle ne savait pas pourquoi. Elle ne se souvenait plus de ce qu'il s'était passé la veille. Elle se tourna et regarda Fred qui la fixait. Elle se laissa glisser le long de la porte et posa ses fesses sur le sol.

- Combien.

- J'avais entendu les deux premières fois, je ne suis pas sourde dit Alice en le coupant.

- Combien de temps alors?

- Je ne veux pas me disputer s'il te plait répondit Alice en posant de nouveau son regard sur son mari et cala sa tête contre la porte.

- Personne n'a parlé de se disputer. Je te demande simplement Alice.

- Tu es en colère.

Fred soupira et se cala un peu plus dans le fauteuil, il observa Alice qui avait fermé les yeux. Il était arrivé au Palais à midi pour voir si elle voulait déjeuner avec lui, mais Victor l'avait informé qu'elle n'était jamais arrivé. Il avait pris sa voiture et s'était dirigé vers chez lui. Une colère avait grandit en lui tout au long du trajet. Quand il était entré dans la chambre, et qu'il l'avait trouvé endormi, il avait préféré se calmer avant de lui parler. Il avait attendu qu'elle se réveille pour pouvoir enfin avoir une conversation, sans que cela ne dégénère.

- Pourquoi tu n'es pas allé travailler?

- Je n'ai pas entendu le réveil.

- Oui c'est sûr que quand on rentre totalement bourré à cinq heures du matin, on a un peu du mal à assumer le réveil deux heures plus tard dit-il hargneusement.

- Je suis désolée avoua t'elle la tête baissée. Elle n'avait pas envie d'envenimer les choses.

- Le problème Alice, c'est que tu es toujours désolé mais au final, tu ne fais rien pour arranger cette situation répondit Fred calmement.

Alice se leva du sol et se dirigea vers son mari. Elle s'installa sur l'accoudoir du fauteuil et prit la main de Fred, il ne la rejeta pas mais il ne fit aucun geste envers elle. Il regarda ses mains qui étaient abimées, tout comme ses genoux et le côté droit de sa hanche.

- Je suis sincèrement désolé avoua t'elle la gorge nouée.

- Combien de temps?

- Combien de temps faut-il pour se remettre de la mort de son enfant? Demanda t'elle en le regardant. Fred leva les épaules.

- Je ne m'en suis pas remis Alice mais je vis avec, j'apprends à avancer sans elle. La juge lâcha la main de son époux et avança vers le lit.