L'Oracle d'Or

Chapitre 7

     Izèl entendit des voix près de lui mais ne voyait rien. Une vision sans images ? Non impossible... Le jeune Oracle ouvrit les yeux et le soleil déclinant l'aveugla un petit moment.

-Mince ! Je me suis endormi..., maugréa-t-il pour lui-même en se relevant.

Il redressa la tête et se retrouva soudain face à face avec quelqu'un. Il sursauta et se recula de quelques pas, jusqu'à heurter le tronc d'un des arbres. L'Oracle examina l'homme devant lui, par chance, ce n'était pas Akiran. L'inconnu était plus petit que lui, tassé dans sa tunique noire trop petite. Il avait le crâne rasé et de petits yeux noirs.

-Chef, le jeune vient de se réveiller ! Déclara le chauve.

Au même moment, un autre homme arriva près de son acolyte.

-Tu t'es perdu ? Demanda alors le second inconnu, grand et carré.

-Pas du tout, répliqua Izèl. Je vais passer mon chemin...

Le jeune Oracle se détourna des deux hommes louches, mais le second lui attrapa le poignet et s'approcha de lui. Ce dernier avait de grands yeux bleus-gris et de longs cheveux noir attaché dans son dos.

-Qu'est-ce que vous voulez ? Demanda l'Oracle en essayant de ne pas s'énerver, mieux valait ne pas entamer un combat.

-T'as vu ses yeux Dial ? Fit le petit homme. Ils sont de deux couleurs, c'est bizarre !

-Au lieu de dire des conneries trouve où se trouve les autres ! Répondit l'autre homme avec impatience.

-Ouè j'y vais, ralla l'autre. Ils ont surement un camp quelque part...

Izèl profita de la conversation des deux inconnus pour se libérer. Il remit une certaine distance entre le dénommé Dial et lui.

-Tu es bien méfiant, railla l'homme. Qu'est-ce qu'un jeune homme fait dans cette forêt tout seul ? Tu as perdu de vu ta famille ?

-Aucunement, je sais où je vais, répondit l'Oracle. Je vais continuer ma route...

-Tu es seul alors ? Continua Dial en affichant un sourire inquiétant. Tu connais un peu la région ? Tu viens d'où ?

-Ça ne vous regarde pas !

-Si tu es seul, tu peux venir avec nous ! Il y a un château près d'ici où tu pourras te reposer et on t'aidera à te rendre là où tu veux !

« Un château ? Pensa Izèl. Celui du Duc... »

-Merci pour votre proposition mais je préfère continuer mon chemin..., reprit-il à haute voix.

A la réplique du jeune homme, le visage de l'inconnu se durcit et changea d'expression. Il fixa l'Oracle d'un regard froid.

-Les petits paysans me suivent pourtant à chaque fois, quand je leur propose une aide si généreusement, déclara-t-il. Mais tu ne m'as pas l'air d'en être, n'est-ce pas ?

-Et alors ? Rétorqua Izèl.

-Trouver un si beau spécimen par hasard dans la nature n'est pas commun, continua Dial en commençant à s'approcher de l'Oracle tout en le détaillant de la tête aux pieds.

-Ne t'approche pas, souffla le jeune homme en reculant, sentant le danger imminent.

-Toujours sur la défensive...Il va falloir que je t'arrange ce caractère rebelle...

A ces mots, le grand homme agrippa le bras gauche d'Izèl, mais ce dernier lui décocha un puissant coup de poing au visage. Déstabilisant son adversaire, Izèl en profita pour le déséquilibrer et le faire tomber lourdement sur le sol. Il lui asséna un autre coup au visage, le sonnant d'avantage, comme cela, l'homme ne pourrait pas le poursuivre de sitôt. Enfin, c'est ce qu'il pensait. Il venait à peine de commencer à courir qu'il entendit des bruits de branches derrière lui. Le jeune Oracle ne se retourna même pas. Il courait, aussi vite qu'il le pouvait avec le ventre vide. Il entendit son poursuiveur jurer en se cognant contre des branches qu'il n'avait pas vues. Les coups que lui avait assénés Izèl portaient leur fruit.
Le jeune Oracle allait prendre une bonne avance quand soudain, il reçut un violent coup au ventre, d'autant plus puissant qu'il le prit dans sa course. Il tomba au sol quelques mètres plus loin, se rappant les jambes et les bras contre le sol parsemé de pierres.

-Putain Dial ! S'exclama son acolyte lorsque le grand homme les rattrapa. Tu allais te faire doubler par un gamin !

-La ferme Ram, lui cracha l'homme en colère.

Il marcha jusqu'à Izèl qui avait du mal à se relever. Il lui asséna un violent coup de pied dans les côtes et l'attrapa par le col. Il le frappa une fois, deux fois, trois fois au visage. Une marque rouge et noire se dessina bientôt près de l'œil droit du jeune homme. Ce dernier essaya de répliquer, mais son agresseur lui donna un violent coup de tête, l'assommant sur le coup.

- Putain tu ne vas pas le tuer quand même ? Intervint le dénommé Ram.

-T'as trouvé le camp ? Lui lança Dial sans répondre à sa question.

- Ouè, ils ne sont pas loin. Ils se sont arrêtés pour la nuit, leurs « nobles » ont mal aux pieds à ce que j'ai compris...C'est tous des putain de gens bizarres !

-Et on travaille pour eux donc ferme ta gueule quand on sera au camp. Ces gens « bizarres » te feraient écharper vifs s'ils t'entendaient.

-Ouè je sais...Qu'est-ce qu'on fait du paysan ?

-S'en est pas un, répondit Dial en caressant légèrement l'arcade ouverte de sa proie. Bon, il n'est pas trop abîmé...

-Il est bandant ce petit, railla son complice.

-Et ça rendra son dressage plus excitant, acquiesça Dial en basculant Izèl sur son épaule. Je lui apprendrais la loi du plus fort au château !

A ces mots, les deux mercenaires se mirent en route, passant par le cœur de la forêt.