L'Oracle d'Or

Chapitre 15

            En se réveillant, peut être cinq ou six heures plus tard, le soleil était encore haut dans le ciel. C'était normal après tout, se dit Izèl en se levant. Il s'était couché très tôt dans la matinée alors que l'astre lumineux se levait à peine. Le maître de l'ordre se lava et se changea. Il savait qu'en tant que chef des Oracles, il n'était pas prudent de se balader seul dans la capitale. En effet, hormis avec Dareck, Izèl ne voulait pas être suivi partout. Il portait un pantalon noir, une chemise crème et enfila une longue veste rembourrée de laine dont il rabattit le capuchon pour éviter que l'on ne voit ses yeux. Il accrocha sa fine épée à sa ceinture et sortit de ses appartements.

Il quitta rapidement le grand temple, et se dirigea vers une haute bâtisse au toit rouge. Il observait tout ce qui l'entourait. Depuis quelques années, les gens de l'Empire affluaient de plus en plus à la Capitale d'Or et les régions prospéraient.

En moins d'une heure, le jeune Oracle arriva devant la grande porte en métal de l'orphelinat. Il allait y frapper quand soudain, cette dernière s'ouvrit et claqua bruyamment sur le mur. Deux enfants de neuf ou dix ans en sortirent en courant, rattrapé rapidement par un homme barbu, imposant et effrayant. Il frappa les deux gosses en même temps. Au même moment, une femme sortit de la bâtisse, effrayée.

-Arrêtez-vous ! Cria-t-elle à l'homme qui venait de lever son fouet au-dessus des deux enfants.

Izèl sortit son épée avec calme, et lorsque le fouet s'abattit, il tendit sa lame, et le fil en cuir s'y enroula dans un bruit rêche.

-Quoi ? Cracha le barbu avec étonnement. Qu'est-ce que tu veux toi ?

Le chef des Oracles tira fermement sur son épée, faisant lâcher son arme à son adversaire. La femme qui était sorti de la bâtisse se précipita près des enfants qui n'osaient pas se relever. Au vu de ses vêtements, la jeune femme de plus de vingt ans était une Oracle

-Rentrez vite, souffla-t-elle aux enfants.

-Hors de question ! S'exclama l'homme qui avait sorti un large poignard. Si vous ne payez pas la taxe, j'ai le droit de me servir en nature !

-En nature ? Répéta Izèl. De quoi parlez-vous ?

-Toi, la ferme avorton ! Répliqua l'homme qui semblait être un mercenaire plus qu'autre chose. Je vais te faire la peau !

-Essaye donc vermine, lui lança l'Oracle en retirant le fouet de sa lame. Que se passe-t-il ?

Il venait de se tourner vers la jeune femme pour lui poser la question. Cette dernière baissa la tête, ne sachant que dire, elle expliqua cependant :

-Nous devons payer une amande à un noble de la ville. Un des enfants de l'orphelinat, enfin deux d'entre eux, rectifia-t-elle en lançant un regard aux deux garçons près d'elle. Nous ne pouvons cependant faire don d'une telle somme...

-Alors je prendrais ces deux petits cons à la place ! Renchérit le mercenaire en essayant de nouveau d'attraper le plus jeune des garçons.

-Ne le touche pas, répliqua Izèl en plaçant son épée entre l'homme et l'enfant. Qu'est-ce que ces petits ont fait ?

-Mais qu'est-ce que ça peut te faire enfoiré ? S'énerva le barbu en resserrant ses doigts sur son poignard. Cette affaire concerne cet orphelinat et le noble Aris !

-Bien, alors si ça concerne cet orphelinat, ça me concerne aussi, rectifia Izèl. Je me porte garant d'eux, alors dites-moi ce que ces enfants ont fait et à combien est leur dette envers votre maître !

-Qu'est-ce que ça peut te faire, le sort de ces gueux ! Fit le mercenaire en s'approchant de quelques pas de l'épéiste.

Ne pas se faire remarquer, ne pas se faire remarquer..., c'était la seule condition que les conseillers d'Izèl lui avaient fait promettre lorsqu'il sortait seul en ville. C'était visiblement impossible pour le jeune Orale. Il soupira et retira son capuchon. Il fixa l'homme droit dans les yeux, ce dernier pâlit. Au même moment la femme reconnu le chef de l'Ordre, et s'inclina devant lui.