Chapitre 32

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            Galadel avait ramené un médecin rapidement. C'était l'un des Oracles qui était resté fidèle à Aramen. Il s'empressa d'occulter Izèl, jurant ouvertement devant les bandages de fortune qui lui avaient été faits. Même en tant que serviteur d'Aramen, il désapprouva le traitement négligé des blessures du prisonnier.

-Il saigne du nez et d'une oreille, constata le médecin en essuyant le sang délicatement avec un tissu. Ça vient de la tête dans ce cas, que lui avez-vous donné ? Une drogue, un élixir, du poison ?

-Deux drogues, expliqua Akiran.

Le Duc expliqua le peu qu'il savait sur les deux substances, et la réaction du médecin ne lui plut pas. Ce dernier sortit plusieurs seringues de son sac, administrant leurs contenus à Izèl sans lui faire de marques.

-Le corps ne peut pas résister à tant de drogue ! S'exclama le médecin tout en administrant des médicaments à l'Oracle. Et si je comprends bien, ça fait plusieurs jours que ça dure... ça ne m'étonne pas qu'il soit dans cet état !

-Cet état ? Répéta Aramen. Il a intérêt de se réveiller !

-Sauf votre respect Maître, il va lui falloir du temps. Et ce n'est peut-être pas certain qu'il s'en sorte. Le corps de cet Oracle n'est pas immortel, et encore moins au vu de l'âge qu'il a !

Durant plusieurs heures, le médecin veilla Izèl, lui changeant ses bandages, et faisant en sorte de faire baisser sa fièvre.

-Je reviendrais tous les jours, déclara-t-il en rangeant ses affaires dans un sac en cuir. Puis-je espérer que vous ne le toucherez pas ?

Aramen acquiesça avec agacement. Il sortit de la pièce à la suite de son subordonné, il avait encore des affaires à régler. Akiran s'assit dans une chaise, tandis que Galadel changeait de nouveau la compresse d'eau froide qu'il replaça sur le front de l'Oracle.

-Putain, il ne manquait plus que ça, maugréa le Duc. Galadel ! Fais en sorte qu'il se réveille le plus tôt possible !

-Comment voulez-vous que je fasse ? Répliqua le jeune homme avec étonnement.

-Envoi lui des visions qui le forceraient à revenir à lui !

-Il a besoin de repos messire, pourquoi ferais-je cela ?

-Parce que ton maître a promis de faire de lui l'attraction du prochain Kalem, lâcha le Duc. Si ça ne se fait pas, nous risquons tous nos têtes !

-Vous parlez sérieusement ? Répliqua Galadel. On ne sait pas quand est-ce qu'il se réveillera !

-Alors trouvons un moyen pour que ça soit avant la prochaine pleine lune, dans sept jours !

A ces mots, Akiran s'assura que le jeune homme avait tout ce qu'il fallait pour soigner Izèl, et il quitta la pièce. Lorsque la porte se referma, Galadel soupira et s'assit sur une chaise à quelques pas du lit. Il eut soudain des vertiges : une vision ! Étrange, pourquoi se voyait-il ? Lui petit, enlevé à ses parents, conditionné pour obéir à Aramen...et puis la nuit dernière dans le palais Estranien...il se vit entrer dans une pièce sombre et là, il vit son maître, prendre de force deux fillettes... Elles n'avaient même pas dix ans... Galadel était sorti de la pièce sans se faire remarquer. Il était tellement choqué, qu'il ne sentit même pas que son esprit voulait entrer dans celui d'Izèl, qui avait une vision au même moment.

-Vous avez une vision de moi en ce moment même..., souffla le jeune homme en rechangeant la compresse du Maître des Oracles dont la respiration s'était accélérée. J'aurais dû vous croire finalement... je ne savais pas que le maître était...un vrai monstre...Mais comment pouvez-vous voir le passer de la sorte ? Les visons sont basées sur le futur... ça doit être le pouvoir des esprits...voir le passé, le présent ou le futur...

Le jeune homme s'en voulait, il s'en voulait énormément. Comment avait-il pu se tromper de camp à ce point ? Il avait toujours cru en la bonté et en la sagesse d'Aramen, mais tout était faux ! Il avait commencé à avoir des doutes en voyant les visions d'Izèl, depuis que son maître lui avait fait boire une étrange mixture. Les visions du nouveau chef des Oracles le prévenaient de dangers, d'horreurs...il avait commencé à douter de la perfidie de cet Oracle, mais Aramen persistait à le diaboliser, alors il avait fait taire ses propres impressions.

L'Oracle d'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant