Chapitre 49

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     Izèl se réveilla le lendemain matin très tôt. Des serviteurs venaient de finir de préparer le bain du prisonnier, alors le jeune Oracle s'y lava un long moment. On lui avait également déposé une nouvelle tenue : c'était la même tunique qu'il avait porté en s'enfuyant, mais cette fois ci, elle était verte émeraude comme l'un de ses yeux. Izèl se convainquit également de mettre les bracelets qui avaient été apportés : les petits cercles étaient en or, parsemés de rubis ou de saphir. En sortant de la pièce, Izèl aperçut également que les serviteurs avaient refait son lit, et y avaient déposé une autre tenue, un sarouel noir, brodé d'or au niveau des pieds, et un petit gilet noir également... Une tenue pour l'extérieur et une pour l'intérieur, songea l'Oracle en s'asseyant au bord du lit. Il attrapa l'une des hautes bottes et commença à la mettre, nouant les fins lacets noirs derrière son mollet. Lorsqu'il commença à mettre la seconde, la porte de sa chambre s'ouvrit et Enir entra.

-Je n'aurais pas à te lever, railla-t-il. Viens avec moi !

Izèl suivit l'Indarien en silence. Ils traversèrent la grande salle centrale, et finirent par sortir de la grande bâtisse. L'Oracle s'étonna que le noble le fasse sortir aussi facilement de la sorte, mais il remarqua rapidement que plusieurs soldats les suivaient.

-Tu ne croyais tout de même pas que je te laisserais t'enfuir, railla Enir en remarquant la déception du jeune homme.

-Tu as été assez stupide la dernière fois, répliqua Izèl avec simplicité.

-En plus de tout le reste, je vais devoir t'apprendre les règles de politesse, argua le noble. Tu ne te rends pas compte du statut qui est le mien ?

-Si, j'en ai pleinement conscience.

-Et tu continues cependant à me répondre et à me tutoyer ?

-Je reconnais ton statut, je ne le respecte pas pour autant... qu'est-ce que le petit peuple encoure à te répondre ou à te manquer de respect ?

-La mort ! Si mon roi ou moi somme magnanimes, la torture quelques heures, mais les sujets d'Inda savent où sont leur place contrairement à toi !

-Contrairement à moi ? Reprenons dans ce cas, je risque la mort ? Non, tu ne veux pas que je meurs pour pouvoir me présenter à ton roi. Me torturer ? Tu as déjà dit mainte fois que tu ne voulais pas que j'ai plus de marques sur le corps ! Je peux donc m'adresser à toi comme j'en ai envie, tes sanctions ne s'appliquent pas dans mon cas !

-Tu es intelligent, même trop pour le statut qui est le tien, continua Enir en souriant légèrement devant la pensée du prisonnier.

-Etre esclave n'est pas mon statut initial.

-Et quel est-il ?... Tu ne veux pas me répondre ? Qu'importe, je finirais bien par le savoir ! Tu as des relations avec le roi d'Estran et cela m'intéresse grandement.

-Tu ne sauras rien. Mais j'y pense, ne dois tu pas partir en mer pour les six prochains mois pour rapporter des marchandises à ton roi ? C'est ce que tu faisais il y a peu à ce que j'ai compris.

-Je le faisais en effet, mais cette fois ci je laisse place aux autres marchants... Ta façon de réfléchir est pointue... tu pourrais aider le roi Nattera à mieux gouverner si tu le conseillais à mes côtés !

-L'envie m'en manque.

-Ça pourrait pourtant t'occuper ! Tu partagerais le lit du roi la nuit, mais le jour, tu ne supporteras pas rester à attendre...

Izèl allait répliquer, quand Enir et lui arrivèrent devant une immense estrade en bois où de nombreux individus s'y affairaient avec hargne. A ce moment-là, le général Indarien vint à la rencontre du noble et lui parla durant de longues minutes. Izèl ne fit pas attention à leur conversation, trop absorbé par ce qu'il voyait : un peu partout, de nombreux marchants traînaient derrière eux, attachés à une longue chaîne en fer, des prisonniers. Certains d'entre eux étaient des enfants, d'autre des adultes voire des vieillards, et il ne fallut pas beaucoup de temps au jeune homme pour comprendre qu'ils étaient tous là pour être vendus comme esclaves.

L'Oracle d'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant