L'Oracle d'Or

Chapitre 59

     Nattera venait de se réveiller dans un grand lit que possédait l'une des nombreuses chambres de son palais. Il prit le temps de se laver et de se changer, faisant quérir Enir dans le même temps.

-Mon roi, fit le conseiller en entrant dans la chambre d'invité avec étonnement.

-Je n'irai aux ventes que plus tard dans la journée, fais le annoncer, déclara Nattera.

-Oui Majesté, répondit Enir sans même poser de question.

Son souverain avait dormit dans une autre chambre que la sienne... Les choses avec Izèl ne s'arrangeaient-elles pas ?

-En ce qui concerne la menace des assassins ? Continua Nattera, souriant légèrement en voyant que son ami n'allait pas poser de questions.

-Nous avons tué la moitié d'entre eux, dix au totale, expliqua le noble Indarien. Ils étaient armés, et s'apprêtaient bien à faire un massacre parmi nous à la dernière vente.

-D'autres se sont enfuis alors ... Le clan Argo a donc bel et bien décidé de me renverser...

-J'ai déjà envoyé des hommes chercher ces traîtres dans la ville, déclara Enir. Majesté, dans les individus que nous avons tué, certains n'étaient pas Indariens, mais Estraniens ou de d'autre royaume...

-Ces traîtres se font donc aider par des étrangers, cracha Nattera entre ses dents. Convoque également un conseil pour ce soir !

-Ce sera fait ! Pardonnez-moi mon roi mais..., je me dois de vous demander ce qui vous tracasse autant ! Déclara alors le conseiller lorsque le jeune souverain fit mine de partir. Votre santé et votre sécurité sont de la plus haute importance, particulièrement maintenant !

Nattera soupira, mais pas d'agacement. Son plus fidèle ami savait quand il n'allait pas bien, et c'était le cas ce matin. Il était encore rongé par les événements de la veille avec Izèl, et honnêtement il détestait avoir un tel poids au ventre...

-Quelque chose me contrarie, je veux donc le régler avant de m'occuper d'autre chose, déclara-t-il.

-Cette chose porterait-elle le nom d'Izèl ? Railla Enir qui avait bien vu l'attachement de son roi envers le jeune esclave. Honnêtement, il n'a pas l'air de vous détester !

-Après ce qu'il s'est passé hier soir ça risque de changer... Non effectivement, je ne sais pas pourquoi mais... je n'ai pas trouvé la force de le forcer à être mon partenaire...

-Majesté ? S'étonna Enir qui n'avait jamais vu son roi hésiter dans ce domaine.

-Ne t'occupe pas de cela, je vais aviser comme il se doit ! Déclara Nattera en ouvrant la porte de la chambre. Fais ce que je t'ai dit, fais servir le repas dans la salle du trône également !

-Dans combien de temps ?

-Laisse-moi une heure ou deux, il est encore tôt, souffla le jeune souverain en remarquant que le soleil se levait à peine.

A ces mots, Nattera sorti, et sans hésitation, il se dirigea vers ses appartements. Il congédia les deux gardes qui en gardaient les portes, leur assurant qu'il n'y avait rien à craindre.

Lorsqu'il referma la porte derrière lui, les premiers rayons de soleil commençaient à emplir la pièce, l'éclairant d'une pâle lumière orangée et d'une douce chaleur. Le jeune roi s'approcha du grand lit, entraînant un siège avec lui pour s'y asseoir. Là, il retrouva Izèl, endormit, blottit dans un fin drap blanc en coton. L'Oracle respirait lentement, la tête à moitié enfoncée dans un oreiller. Il était allongé sur le côté, laissant ses bras étendu dans le vide et à l'air libre. Nattera ne put s'empêcher de s'accroupir près du lit, voulant y monter pour sérrer le jeune homme dans ses bras... Il devait y renoncer, un jour peut-être le jeune Oracle accepterait ? Cependant, après leur altercation, cette pensée lui sembla impossible, et le jeune roi ne pouvait pas s'imaginer forcer de nouveau son esclave...
L'Indarien fixait le visage d'Izèl, l'apaisant en un instant sans savoir pourquoi. Soudain, l'Oracle se mit légèrement à bouger, et ses mains vinrent effleurer le visage du monarque. Nattera les prit délicatement dans les siennes, passant ses lèvres avec tendresse sur la douce peau de l'endormi. Après quelques secondes, il finit par s'asseoir, pensif. Les ennemis qui menaçaient son royaume l'inquiétaient, rajouté à cela les nombreux déplacements qu'il devait faire bientôt en dehors de la capitale, ou encore à son esclave royale qui ne lui posait quand même que des problèmes. Enir était son principal soutient, mais il lui manquait quelque chose pour être certain de vaincre ces traîtres qui essayaient de lui voler le trône, alors que toute l'armée et le peuple adoraient leur jeune souverain qui prenait toujours les bonnes décisions.