Chapitre 60

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     Le soir arriva rapidement, et avec lui, la réunion importante du roi. Honnêtement, Izèl aurait voulu y participer, pour en apprendre plus sur le royaume où il se trouvait, mais le souverain refusa. Le jeune Oracle était encore très surveillé, il devait faire avec...

Le roi Indarien l'avait prévenu au dîner que le lendemain, ils devraient tous deux se rendre au marché, et cela pendant cinq jours. Nattera lui avait également promit des privilèges pour lui avoir sauvé la vie, alors Izèl se vit offrir ses appartements, aussi spacieux que ceux du souverain, et près des siens. Le jeune monarque lui avait également laissé de nombreux vêtements et bijoux dans des armoires, laissant le choix de ses tenues au jeune homme (ce n'était peut-être rien d'extraordinaire, mais Izèl apprécia le geste, surtout qu'on ne lui avait pas laissé le choix depuis son arrivée). Cependant, Nattera lui conseilla quand même de porter des bijoux, l'esclave royale devait être reconnaissable et cela était capitale pour leur plan, alors même si Izèl n'aimait pas de telles extravagances, il accepta.

Le lendemain, très tôt, il suivi Nattera et son conseiller au grand marché. Il n'apprécia pas la vente des esclaves, mais lorsque le roi fut en réunion, il eut le droit de vagabonder librement dans le marché, découvrant de nombreux objets, des étals de nourritures, d'étoffes, de bijoux et d'armes...

-Tu allais les vendre à un maniaque sadique pédophile ! S'exclama Izèl en entrant dans le palais en colère, suivit immédiatement de Nattera puis d'Enir.

- Tais-toi ! Répliqua le souverain en s'asseyant à la grande table où le dîner avait été servi.

La nuit était tombée depuis longtemps, et le marché venait à peine de se finir, cependant, tout ne s'était pas passé comme prévu.

-Izèl ! Tu n'as pas prendre de décisions à ma place ! Continua le monarque.

-Tu ne connaissais même pas leur langue ! Comment aurais tu compris qu'ils voulaient acheter ces gausses pour les utiliser comme des animaux ?

-A quoi leur serviront leur esclave ne regarde qu'eux !

-Pardon ? Inda, le royaume où les enfants sont vendus aux pires humains ! Tu ne tiens donc pas à l'image de ton royaume ?

-Qu'est-ce que tu en sais !

-Il n'a pas tort Majesté, osa interrompre Enir. Les Rimdas ont une très mauvaise image...

-Tu te ranges de son côté ? Répliqua Nattera. Par les dieux Izèl ! L'esclave royale ne marchande pas avec les hauts dignitaires à ma place ! Et ce, même si tu parlais leur langue !

-Vraiment ? Et qu'aurais tu fais pour les comprendre dans ce cas ? Ne me fais pas rire ! Je ne vais pas te servir de meuble décoratif !

Nattera allait répliquer, mais il ne trouva rien à dire : son bel esclave n'était pas qu'une attraction pour ses nuits... il ne l'était pas du tout même ! Izèl savait lire et parler plusieurs langues, et cela l'avait aidé à conclure d'importantes affaires dès le premier jour... avant que le jeune homme tourne les choses à son avantage pour épargner des enfants esclaves...
Lorsqu'il releva le regard, Izèl venait de s'asseoir face à lui, plongeant ses yeux envoûtants dans les siens. Il croisait les bras sur sa tunique couleur crème, tandis que les fins fils d'or qu'il portait dans les cheveux faisaient ressortir ses iris.

-Je ne te considère pas comme un meuble, déclara Nattera. Cependant, tu dois paraître soumis et irréprochable devant mon peuple. Tu ne dois ni me contrarier, ni me désobéir !

-Il ne fera bien que « paraître », railla Enir à voix basse.

-Tu ne me feras pas taire Nattera, répliqua Izèl en ayant retrouvé un semblant de calme. Tu m'as dit que tu écouterais mon avis. Tu l'as eu. Il y a des choses qui sont abominables dans ce monde, pour ma culture comme pour la tienne !

-J'ai conscience que les désirs de ces gens étaient monstrueux, se défendit le jeune roi. Cependant, que les négociations viennent de toi n'est pas normal !

-Alors comment puis-je donner mon avis ?

-Par les dieux..., soupira Nattera. Tu es un esclave, tu ne devrais même pas avoir à le donner.

-Si je dois te suivre constamment, ne compte pas sur moi pour rester muet, contra Izèl.

-Je ne veux pas que tu sois muet, non... J'écouterai ton avis et tes arguments, mais tu ne les donneras qu'à moi, et en privé ! Comprend que me faire voler la parole par un esclave n'est pas bien vu !

-Je ne suis pas un esclave à l'origine, soupira Izèl avant de se lever. Très bien, je ferai ce que tu as dit, mais compte sur moi pour te dire ma façon de penser !

A ces mots, Izèl attrapa une pomme bien rouge dans un des plats et sortit de la pièce, trop fatigué pour continuer une conversation. Il mangea jusqu'à sa chambre, où il s'étala sur le lit, enleva sa tunique, et se glissa dans les draps.

-Il n'en fait vraiment qu'à sa tête... Soupira Nattera en se servant à manger.

-Vous ne l'aimeriez pas autant si ce n'était pas le cas, argua Enir avec un sourire.

-Lui continue à me détester, souffla le jeune roi.

-Vous détester ? Je ne pense pas mon roi, railla le conseiller. Il a accepté de vous suivre pour protéger votre vie, ce n'est pas rien comme décision. Et puis il vient tout juste de vous aider à conclure des affaires qui vont faire prospérer Inda encore longtemps !

-Que dois-je faire avec lui alors ? Presque toutes nos conversations tournent mal.

-Si vous me le permettez Majesté, je dirais que vous êtes tous les deux irritables. D'un point de vue extérieur, le mien en l'occurrence, vos disputes n'ont pas vraiment de fondement.

-Tu penses ?

Enir s'empêchait réellement de rire : devant lui, son jeune souverain avait le regard perdu dans son assiette, découpant la même tomate depuis quelques minutes. Nattera était contrarié, et la cause était toujours la même : Izèl. Le conseiller n'aurait jamais imaginé que son roi s'attache autant à ce bel esclave, mais après tout, il cherchait depuis longtemps quelqu'un avec qui partager plus que des nuits ! Ensuite, Enir avait été étonné de l'attitude du prisonnier envers son roi : il l'appréciait, ça ne faisait aucun doute. Il lui avait même sauvé la vie et l'aidait actuellement à arrêter les traîtres de son royaume. Cependant, il restait le même jeune homme qu'Enir avait rencontré : insoumis. Et pourtant..., le conseiller Indarien trouvait que leurs deux caractères se complétaient à la perfection.

-On ne peut même pas discuter posément, il s'enfuit toujours dans ses appartements, soupira une nouvelle fois Nattera, plus pour lui-même que pour en discuter avec son conseiller.

-C'est vous qui lui avait donné une chambre, railla Enir pour essayer de détendre son souverain. Si vous l'aviez obligé à dormir avec vous, il n'y aurait pas ce problème !

-Et comment aurais-je put me retenir de ne pas le toucher ou de le prendre dans mes bras, répliqua Nattera avec un certain amusement en s'imaginant la situation. Il aurait préféré dormir sur le sol, buté comme il est...

-Ce n'est pas faux, fit le conseiller avec un sourire. Vous savez, la journée que vous lui avez imposé a été extrêmement fatigante, plus encore pour lui qui n'est pas encore totalement remis du poison. Ce n'est pas étonnant qu'il s'en aille dans sa chambre, il doit déjà être tombé de sommeil à l'heure qu'il est.

-Devrais-je moins le forcer ? S'étonna Nattera qui n'avait plus pensé à l'abominable nuit de l'Oracle.

Il se tut quelques minutes pour réfléchir et finit par manger, il ferait en sorte que son esclave se repose plus.

L'Oracle d'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant