Chapitre 18

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            -C'est bon, arrête de me suivre Treck, déclara Izèl en se tournant vers le médecin qui venait de l'attraper par la manche

-Akiran et son sbire t'ont attaqué ! Répliqua l'homme avec dureté. Tu saignes de la jambe, tu as un doigt brisé et tu es plus en colère qu'à la normale ! J'exige que tu me dises ce qu'il s'est passé ! Ton cocher est rentré chez lui et va bien, mais tes chevaux étaient morts !

-Parle moins fort...

- Alors explique-moi tout ! Sinon je vais voir Dareck. Je sais que tu aurais en horreur de le déranger pendant sa nuit de mariage !

Izèl soupira en fronçant les sourcils. Il amena le médecin dans ses appartements. Il n'avait pas pu se relever assez vite pour rattraper Akiran et Dial. Il n'avait pas pu se relever du tout même... Comme l'ancien Duc l'avait dit, il fut obligé de retirer le lien qui entravait son anatomie, et même s'il avait pu attendre que son ardeur se calme, il ne pouvait rester dans cette situation à la vue de tous... Akiran avait dû penser à sa vengeance durant longtemps, car tout ce qu'il avait prédit s'était réalisé... Izèl ne put retirer le duc de sa tête lorsqu'il fut obligé de finir son travail pervers et humiliant.

A peine quelques secondes plus tard, Treck était arrivé dans une calèche. Ils firent tout pour ne pas attirer l'attention, le médecin soigna le cocher et ils firent appel à des gardes pour retirer la calèche et les chevaux. Treck avait remarqué la chemise déchirée du chef des Oracles, ainsi qu'une large fente à sa cuisse, un large hématome derrière le cou et le pire : un doigt complètement bleu et inerte, brisé.

Arrivé dans la chambre spacieuse d'Izèl qui venait d'allumer les torches, il obligea ce dernier à s'asseoir et inspecta ses blessures.

-Putain..., jura l'Oracle sous la douleur du traitement.

-Raconte-moi, de grâce, ne garde pas tout pour toi !

Izèl soupira et résuma son altercation avec l'ancien Duc et son mercenaire, occultant seulement les gestes pervers de l'homme... même si le médecin connaissait assez bien l'individu pour savoir qu'il n'avait pas fait que blesser le jeune Oracle.

-Ton collier ? S'étonna Treck. Pourquoi te l'a-t-il pris...

-Je ne sais pas, avoua Izèl. Je suis juste certain qu'ils se cachent en ville, chez un noble certainement. Je ferai ratisser la capitale dès demain !

-Ça prendrait des mois, soupira le médecin. Mais je ne vois pas d'autre solution...

Sur un commun accord, les deux hommes ne parlèrent à personne de l'incident. Cependant, Treck y posa une condition. Dès le lendemain, Izèl se retrouva suivi de trois gardes d'élite, enchantés d'avoir été choisi pour protéger le meilleur épéiste de la capitale.

Les fouilles des bâtisses des nobles de la grande ville avaient maintenant commencé depuis plus d'un mois. Izèl venait de sortir, toujours suivi de ses gardes, et il rejoignit une belle jeune femme devant le grand temple. Cette dernière avait le même âge que lui, de longs cheveux châtains et de grands yeux verts. Elle était fine, à la peau très blanche, et plus petite qu'Izèl d'une tête. Elle était l'une des rares Oracles à pouvoir fixer Izèl dans les yeux sans ressentir de malaise.

- Elisia, pardonne-moi de t'avoir faite attendre, s'excusa le chef des Oracles en arrivant à sa hauteur.

-Ne t'en inquiète pas, fit la jeune femme en souriant. Je viens seulement pour quelque heure, je dois rejoindre Adril en ville.

-Je vais t'accompagner.

Le chef des Oracles déposa un baiser sur les lèvres de sa compagne qui rougit de la tête aux pieds. Les deux amants marchèrent un moment sans rien dire, quand Elisia parla enfin :

-Les deux nobles que nous avons arrêté ne veulent rien dire, nous ne savons plus quoi faire, hormis employer la torture...

-Essayons de ne pas arriver jusque-là, souffla Izèl qui avait encore des cicatrices dans le dos et une marque sur le mollet.

-Je ferais tout mon possible, promit la jeune femme qui savait ce que son compagnon avait subi. Est-ce que tu vas bien ?

-Oui, un peu fatigué...

-Encore cette vision ? Toujours la même ?

Le maître des Oracles acquiesça.

-J'ai envoyé un cadeau de mariage à Aliana et Dareck, des bijoux rares pour elle et un livre de ma collection à notre ami érudit !

-Le cadeau..., répéta Izèl en fermant les yeux. Ceux sont de beaux présents que tu leur as donnés.

-Que nous, leur avons donné, fit la jeune femme en souriant. Je sais que tu es occupé... Je leur ai envoyé en notre nom à tous les deux, tu ne m'en veux pas ?

L'Oracle s'arrêta et fixa sa compagne avec gentillesse. Il l'embrassa avec douceur sur le front.

-Merci, lui souffla-t-il.

Elisia ne répondit pas, troublée par l'homme qu'elle aimait. Ils marchèrent encore à travers les grandes ruelles de la capitale, passant à l'orphelinat pour saluer les Oracles qui y travaillaient. Ils continuèrent leur chemin, passant devant la demeure du noble Aris. Le chef de l'Ordre s'arrêta un moment devant cette grande maison. Il avait un mauvais pressentiment. Il s'en approcha de quelque pas avant d'être interpellé.

-Adril, soupira-t-il lorsque le vieil homme le rejoignit depuis l'autre côté de la route.

-Pardon de vous avoir fait venir si loin, fit l'Oracle au long manteau blanc. Elisia et moi avons un travail dans les alentours.

-Il n'y a pas d'excuse à donner, répondit amicalement le chef de l'Ordre en détournant son attention de la grande demeure.

-On m'a dit que tous les gardes avaient passé en revue cette région de la ville, continua le vieil homme qui entraîna ses deux compagnons un peu plus loin. Ils sont maintenant à l'aile Est de la ville.

-J'espère qu'ils auront plus de chance que nous, soupira Elisia. Ne devrions-nous pas y aller Adril ?

-Si ma chère, nous le devons en effet.

-Soyez prudents tous les deux, déclara Izèl qui s'arrêta. Demandez une escorte la prochaine fois... Alan, Dem !

Deux des gardes d'élite qui les suivaient se précipitèrent près de leur chef.

- Accompagnez-les à leur point de rendez-vous et revenez.

-Tu devrais les garder pour qu'ils te défendent, répliqua Elisia.

-Je vais simplement retourner au temple, j'ai encore une montagne de choses à faire, expliqua le chef de l'Ordre.

-Ne te surmène pas, lui rappela le vieil Oracle.

-Je vais faire attention, affirma le jeune maître. Faites attention à vous...

Les deux amants se fixèrent, ce qui fit comprendre aux deux gardes et au troisième Oracle de commencer à marcher.

-Je suis désolé de ne pas être souvent avec toi, fit Izèl.

-Je suis consciente de ce que tu dois faire, lui affirma la jeune femme. Tant que je peux te voir, j'en suis heureuse. Essaye de te reposer.

Izèl acquiesça, et les deux Oracles s'embrassèrent. Le chef de l'Ordre attendit de ne plus voir sa compagne et son ami pour rebrousser chemin. Il hâta le pas pour retourner au plus vite au temple des Oracles. Pendant la journée, ses deux gardes revinrent, ils avaient laissés les deux Oracles avec un des leurs qui allait les reconduire dans leur section en calèche. Rassuré, Izèl se remit au travail.

L'Oracle d'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant