Chapitre 52

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     Les deux Indariens étaient vêtus de capes vieilles et décolorées par-dessus leurs vêtements riches et élégants qui ne se voyaient pas. Enir suivait son roi avec appréhension, de peur qu'un esclave ou un briguant ne les attaque. Il avait donc ordonné à une poignée de gardes de les suivre discrètement depuis la demeure secondaire du roi. La seule chose qui pouvait le rassurer était que le général ne devait plus être au marché des esclaves à l'heure qu'il était. Le roi Nattera ne croiserait donc pas le dixième prétendant que son conseiller lui cachait encore.

-J'ai appris qu'il y avait eu un enlèvement à l'orphelinat, déclara le souverain tandis que les deux hommes s'approchaient de la grande cour des ventes.

-Comment le savez-vous ? S'étonna Enir qui n'avait donné l'ordre de capturer l'esclavagiste qu'à une poignée de ses gardes.

-Alors c'est vrai... Je te fais confiance pour empêcher cela Enir, je ne veux pas que mon peuple souffre, même s'ils ne sont que des enfants orphelins !

-Bien entendu Majesté, je fais déjà chercher ces brigands ! Mais pardonnez-moi... comment le savez-vous ?

-Comment ça ? Ce n'est pas connu de tous ? C'est pourtant un simple esclave qui a mentionner ce fait... un des tiens à ce que j'ai entendu !

-Un des miens..., souffla Enir dont le cœur commença à accélérer.

-Oui, le général l'a rappelé à l'ordre et j'ai même appris que tu lui avais donné des bijoux ! Je ne savais pas que tu avais un esclave particulier, tu me le présenteras ce soir au palais, je veux lui rendre son bracelet...

Tout en parlant, Nattera venait de relever légèrement la manche de sa cape, et à son poignet, il portait un fin bracelet en or et en émeraude.

-Ne me dites pas que..., commença Enir blafard avant qu'un hurlement ne le coupe.

Les deux hommes regardèrent autour d'eux et soudain, ils virent un attroupement d'individus devant la grande estrade, et sur cette dernière, un homme faisait face à trois autres.

-Izèl ? S'étonna immédiatement le roi Nattera en se dirigeant rapidement vers l'estrade.

-Pardon ? S'exclama le conseiller en entendant le nom de l'esclave rebelle tout en suivant son roi.

De son côté, le roi d'Inda était encore trop loin pour comprendre parfaitement la situation, mais il n'avait aucun doute : l'individu sur l'estrade était l'esclave avec qui il avait discuté la veille. Nattera avait reconnu sa longue cape noire et verte, et plus encore, son regard était tout simplement attiré par l'individu, comme si tout lui faisait comprendre que c'était bien lui. Depuis qu'il avait quitté la grande cour, il avait pensé à l'esclave, plus qu'à tout autre chose. Les paroles de ce dernier l'avait fait réfléchir, et sa gentillesse sincère l'avait émut... lui qui n'avait qu'à lever le petit doigt pour qu'on lui obéisse, il avait pu voir ce que c'était d'être aidé, sans arrière-pensée...

Après quelques secondes, les deux Indariens arrivèrent près de l'estrade, où ils durent bousculer de nombreuses personnes pour pouvoir s'approcher au maximum.

Au même moment, l'un des esclavagistes fondit sur Izèl, arme à la main. Le Maître des Oracles l'évita et répliqua d'un coup de poignard, déstabilisant son adversaire et lui faisant perdre sa lame. Les mouvements du jeune homme étaient précis et puissants, mais cela ne suffisait pas : l'homme qu'il venait de désarmer le frappa violemment dans le ventre, l'attrapant ensuite par le cou pour le faire descendre de la grande estrade. Cependant, l'Oracle lui planta son poignard dans l'épaule, le faisant hurler. L'homme lâcha prise sous le coup. Izèl se recula en toussant, essayant de reprendre son souffle, quant au même moment, un des hommes attrapa un bout de sa cape, le tirant vers lui avec force. L'Oracle se dégagea en décrochant son long vêtement, faisant tomber l'homme à la renverse, provoquant des rires dans la foule qui se délectait du spectacle. Le troisième esclavagiste jura, et sans que l'Oracle ne s'en aperçoive, il le frappa dans le dos : sa lame entailla la peau du prisonnier qui en hurla. La seconde d'après, l'homme lui coinça les bras dans le dos, l'empêchant de bouger. Son complice, qui venait de se relever, frappa le prisonnier dans le ventre, une fois, deux fois... Izèl n'arrivait plus à y voir clair, la douleur s'étendait dans tout son corps, et il était à deux doigts de perdre connaissance..., lui qui avait pensé que les gardes se précipiteraient pour stopper le combat, il les avait vu rester droit, ne montrant aucun signe de mouvement.

-Stoppez cela ! S'exclama soudain une personne en sautant habilement sur l'estrade.

- Mêle-toi de tes affaires le gueux ! Répliqua l'esclavagiste qui frappait Izèl tandis que ses deux acolytes s'étaient rassemblés.

-Cet esclave est le nôtre, argumenta un autre avec un large sourire, tout en faisant un signe de tête à son partenaire.

L'homme acquiesça et se précipita vers le nouveau venu, un large glaive à la main.

-Majesté ! Hurla Enir en sautant à son tour sur l'estrade.

De l'autre côté de l'estrade en bois, le général royale venait d'arriver, fondant sur les fauteurs de troubles. De son côté, Nattera défit sa cape et dégaina son épée, tuant le briguant qui allait l'attaquer.

-Orion..., murmura Izèl en reconnaissant la cape au sol.

-Moi, Nattera Orion Inda, vous ordonne de m'obéir ! S'exclama le monarque d'un ton fort et sec.

Au même moment, toutes les personnes présentes dans la grande cour s'agenouillèrent dans un silence impressionné et révérencieux.

-Ma..ma..jesté..., bafouilla l'esclavagiste en lâchant Izèl qui s'écroula sur le sol, le dos en sang.

-Général ! Arrêtez ces deux énergumènes ! Enfermez-les au palais, je les jugerai plus tard ! S'exclama Nattera en s'approchant de l'esclave inconscient sur le sol. Que les soldats se débarrassent du cadavre !

A ces mots, le roi retourna l'Oracle sur le dos avec délicatesse, il était maintenant certain que ce dernier était l'individu étrange qu'il avait rencontré la veille. Nattera découvrit alors le visage du jeune esclave, d'à peu près son âge. Il ne put détacher son regard d'Izèl, jusqu'à ce qu'Enir s'agenouille près du blessé.

-Il faut le soigner au palais Majesté, déclara le conseiller en faisant signe à son roi qu'il allait porter l'esclave. J'ai fait appeler des chevaux...

-Cet esclave... Je ne savais pas que tu en avais un de si beau Enir...

-Non Majesté ! Il n'est pas à moi mais à vous, répliqua le noble en voyant que son roi ne lâchait pas le jeune homme des yeux.

-A moi ? S'étonna Nattera.

L'Oracle d'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant