Chapitre 62 : La Greffe

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PDV Rubens

Putain de fractures, et ces calmants qui ne font plus aucun effet. Heureusement que je vais bientôt quitter cet putain d'hôpital, comme ça, je pourrai rester aussi longtemps que je veux avec ma copine. Quand elle a accepté la greffe, elle ne pouvait pas me rendre plus heureux.

Ma mère arrange mon oreiller pour la cinquième fois en même pas deux minutes, signe qu'elle est stressée. Pourquoi ? Ça va, je vais bien, alors pourquoi elle semble si inquiète ?

Moi : Maman, qu'est-ce qui se passe ?

Maman : nous avons proposé aux Feyton de faire le test de compatibilité entre ton père et moi.

Moi : Mais c'est génial ça.

Maman : Désolée, mon chéri, mais aucun de nous deux n'est compatible.

Putain de merde. C'est la nature qui s'acharne ou quoi ? Je ne peux pas être candidat à cause de mon accident. Ces parents sont eux aussi incompatibles. Ça va faire deux semaines et on n'a toujours pas trouvé de donneur et son état ne fait que se dégrader. Il y a des jours où elle ne fait que dormir à cause de tous les médicaments qu'elle prend pour la maintenir en vie. Pourquoi elle ?

Cet enfoiré a mal choisi son moment pour me foncer dessus avec sa putain de voiture. Et la police qui n'arrive pas à faire son boulot correctement. Non, mais je me demande s'ils cherchent au moins. Je passe mes nerfs sur ma mère, je sais que ce n'est pas juste, mais je ne peux pas m'empêcher. Mon petit cœur est à l'agonie alors que je suis là dans ce lit de merde sans pouvoir rien faire pour l'aider. Pendant que maman sort discuter avec papa dans le couloir, ma petite sœur fait éruption dans ma chambre.

Keissa : Pourquoi tu boudes ? Est-ce que tu as mal ?

Moi : Non, ma princesse, je n'ai pas mal. Je suis juste un peu triste.

Keissa : Je n'aime pas te voir triste.

Moi : Je sais, ma princesse, mais je n'y peux rien.

Keissa : Zamyr aussi n'aime pas quand tu es triste. Elle me l'a dit.

Moi : C'est vrai ça ? Quand est-ce que tu l'as vu ?

Keissa : Avant de venir te voir, on est venue avec Dora... Moi, je crois que vous allez vous marier dans quelques années.

Moi : J'aimerais tellement que ce soit vrai, ma princesse. Mais je vais d'abord prier pour que l'on trouve un donneur et on verra la suite.

Elle grimpe sur le lit en faisant attention à ne pas faire mal à ma jambe.

Keissa : Dora est triste aussi, et on ne sait plus comment l'aider avec Juju.

Moi : Soutiens-la, c'est tout ce dont elle a besoin en ce moment. Après tout, vous êtes ces meilleures amies, non ?

Keissa : Tu as raison.

Moi : Tu l'aimes beaucoup, pas vrai ?

Keissa : Bien sûr, c'est l'une de mes meilleures amies et elle me comprend... Figure-toi que JUJU m'a demandé la même chose.

Moi : Ah oui ? Et tu lui as dit quoi ?

Keissa : La même chose qu'à toi. Nous sommes amies toutes les trois, c'est tout à fait normal, non ?

Je ne vais pas lui mettre des idées dans la tête, mais ça fait quelque temps déjà que je l'ai remarqué. Keissa parle beaucoup de Dora à la maison. Ce n'est pas comme avec Julie. J'attendrai qu'elle vienne m'en parler, elle est jeune et elle ne sait peut-être pas comment expliquer ce genre de choses, mais je suis son grand frère, c'est mon devoir d'être là pour elle et de la guider en cas de besoin. Papa rentre à son tour, accompagné de maman.

Papa : Ça va, mon fils ?

Moi : Je veux que l'on m'enlève ce truc là, papa, ça me gratte en plus.

Ils se regardent avec maman et se mettent à sourire. Très compatissants les parents.

Moi : Pourquoi vous souriez comme ça ?

Papa : C'est juste que ça me rappelle une chose. Quand tu avais 6 ans, tu es tombé alors que tu faisais du vélo et tu as eu une fracture à ta jambe gauche...

Maman : Impossible de te garder au lit. Tu te plaignais tout le temps de ton plâtre en disant qu'il grattait.

Papa : Ton grand-père est arrivé et t'as dit qu'à chaque fois que ça te donnait envie de te gratter, dessine un truc dessus, et comme ça, tu pourras te gratter le bras autant de fois après que l'on t'enlève ton plâtre et devenir un très bon artiste en même temps.

Maman: Tu t'es mis à dessiner. Quand on est revenu voir le docteur pour te l'enlever, tu as même demandé si tu pouvais le garder encore quelques jours, parce que c'était devenu comme la jambe d'un cyborg.

Moi : je ne m'en souviens pas... Mais si vous voulez, vous pouvez toujours signer mon plâtre. Je ne dis pas que

Papa : Heureusement que j'ai apporté des marqueurs.

Keissa : Trop géniale. Dit-elle après avant de s'emparer d'un marqueur bleu.

Je les regarde faire en souriant. J'adore ma famille. Papa et Keissa sont rentrés à la maison quelques minutes plus tard, me laissant avec maman. K. arrive un moment après, ma mère nous laisse pour aller se chercher un café.

Kersley : Ça va, mec ?

Moi : ouais... Je veux juste quitter cette putain de chambre d'hôpital.

Kersley : Super ton plâtre. Tu l'as commandé où ? Je devrais peut-être me casser une jambe pour en avoir un comme ça moi aussi.

Moi : très drôle, K.

Kersley : Tu arrives à faire quelques pas ?

Moi : K. J'ai de la chance d'être en vie. Ce connard m'a bousillé ma jambe droite... J'arrive à marcher avec support, mais je ne sais pas si je pourrai danser un jour.

Kersley : Bien sûr que oui, tu danseras à nouveau... En passant, je voulais te dire que je viens du labo, j'ai été faire le test, les autres aussi d'ailleurs.

Moi : Même ça, je ne peux pas le faire pour elle, tu te rends compte ?

Kersley : Arrête de culpabiliser, mec, ce n'est pas ta faute.

Moi : facile à dire pour toi.

Kersley : Tu crois que je l'ai fait pour moi ? [...] De ce côté, tu n'as aucun souci à te faire. Je vais bientôt partir, j'ai été reçu dans une école de danse à New York.

Moi : QUOI ? Pourquoi aller aussi loin ?

Kersley : C'est une bonne opportunité et une excellente école... Et puis ça fait toujours du bien de changer un peu d'air.

Je sais que s'il fait ça, c'est à cause de ces sentiments pour Zamyr. Je lui suis reconnaissant de ne pas vouloir foutre notre amitié en l'air, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il parte aussi loin.



PDV Zamyr

Mes journées sont si fatigantes, alors que je les passe couchée ici dans ce lit à dormir. Enfin, ça, c'est quand je ne vomis pas ou que je ne hurle pas de douleurs. Des fois, je m'endors, il fait jour et quand je me réveille, il fait carrément nuit.

Plusieurs membres de ma famille ont effectué le test, mais à mon grand désarroi, aucun d'eux n'est compatible. Je commence vraiment à perdre espoir. C'est peut-être mieux ainsi.

Marco : Alors comment vas-tu, sœurette ?

Moi : je suis fatiguée et j'ai mal au dos.

Marco : Tu veux que j'appelle une infirmière ?

Moi : Non, laisse tomber.

Marco, Par contre, elle fait vraiment peur ta tronche, j'espère que Rubens ne t'a pas vu ainsi, sinon...

Moi : Enfoiré.

Il se met à rire. Je sais qu'il dit ça juste pour me faire rire.

Moi : Ça va avec Ellie, elle était un peu bizarre hier.

Marco : Cora a publié une photo de nous deux sur Instagram en disant que je lui manque avec des cœurs tout juste après que j'ai posté une photo avec Ellie.

Moi : Elle n'est vraiment pas possible, cette fille.

Marco : Oui, mais on dirait qu'Ellie n'a pas confiance en moi aussi.

Moi : N'importe quoi. Elle t'aime d'ouf, elle est juste jalouse.

Marco : Entre temps, je vais l'emmener manger son burger préféré ; j'espère vraiment que ce ne sera pas trop la galère avant qu'elle me pardonne, parce que je déteste quand elle est fâché.

Moi : Ah l'amour. Dis-je en le taquinant.

Depuis après l'accident de Rubens, il ne vient plus me voir comme avant, car il a une jambe sur laquelle il ne faut pas qu'il s'appuie. Quand il vient me voir sur sa chaise roulante, il fait tout pour me montrer qu'il va bien, mais je sais qu'il s'en veut de ne pas pouvoir lui aussi être candidat pour cette greffe. Tout comme Josh d'ailleurs.

Mes amis (es) sont là en train de m'expliquer qu'ils viennent du labo et qu'ils auront bientôt les résultats. Comme je l'ai dit tantôt, il y a une chance sur 1 million que l'un d'entre eux soit compatible. Ils ont tous l'air ravis, je leur souris pour leur montrer ma gratitude, même si je sais que je suis foutue. Ils s'en vont voir Rubens, alors que K. fait son apparition.

Kersley : Cache ta joie surtout, hein.

Moi : Je suis contente de te voir, tu sais ça. C'est juste qu'ils sont tous tellement contents d'avoir fait ce test, alors que...

Kersley : Zamyr, nous sommes tes potes, ne me dis pas que tu doutes encore de tout l'amour que te porte cette bande... Même s'il existait 1 % de chance que l'un de nous soit compatible, on n'hésiterait pas.

Moi : Ça t'a fait mal ?

Kersley : Pas du tout.

Il m'explique comment ça s'est passé. Je le vois dans ces yeux que lui aussi s'attend à être celui qui me sauvera comme chacun d'eux, ce qui me fait sourire. Il me raconte plein d'autres trucs pour me changer les idées.

Kersley : Zam Il faut que je te dise un truc.

Moi : Vas y dis moi

Kersley : J'ai été accepté dans une école de danse à New York...

Moi : Tu... Tu vas partir? Dis-je sur le point de pleurer.

Kersley : Hé, calme-toi. Je ne partirai pas avant d'être sûr que tu vas bien, c'est promis.

Moi : Mais je ne veux pas. S'il te plaît, K. Ne pars pas.

Kersley : Zam

Moi : C'est à cause de moi, c'est ça ?

Kersley : Non... Écoute, tu es une fille géniale, et... J'ai des sentiments pour toi, même si je sais que je ne devrais pas... J'aurais aimé être celui que ton cœur a choisi. Mais ce n'est pas le cas. Je ne peux pas m'empêcher de t'aimer, Zamyr. Rubens est mon meilleur ami et mon frère, je sais que vous vous aimez énormément. Je ne veux pas être un frein à votre bonheur à tous les deux, alors c'est mieux si je m'en vais.

Moi : Je comprends. Dis-je en reniflant.

Kersley : Aller, viens là. Dit-il en me serrant dans ces bras.

Il fait jour et c'est le Dr Nayir qui me réveille pour m'annoncer qu'on a trouvé un donneur, et c'est l'un de mes amis. Personne n'aurait imaginé trouver un donneur en si peu de temps. Et c'est Kersley en plus.

On le ramène pour lui parler des risques qu'il peut avoir en tant que donneur et lui faire d'autres bilans. Je suppose que l'on ne va pas tarder à faire la même chose avec moi pour un bilan pré-greffe, comme l'a dit le Dr Nayir. Mes parents sont tellement contents et moi aussi d'ailleurs. Contrairement à ce que je m'attendais, mon chéri fait preuve de maturité et remercie son ami pour son geste. Sans rancune.

Quelques heures plus tard, on vient me chercher pour rentrer au bloc. Je suis avec Rubens et j'ai peur.

Rubens : Regarde moi... Je vais t'attendre ici toute ma vie, même s'il le faut, alors tu as intérêt à me revenir en un seul morceau, d'accord, mon ange ?

Moi : Oui, le docteur a dit que je ne devrais pas m'inquiéter, mais et si...

Rubens : Non, non. Pas de si... Tu te souviens de la maison de la plage ? Et bien, nous en aurons plusieurs, l'une aussi belle que l'autre et chacune dans un pays différent. On y passera l'été avec nos deux beaux enfants, une jolie petite fille qui te ressemblera et un petit garçon qui sera tout aussi beau que son père. Toi et moi, ce n'est que le début, tu m'entends ? [...] Alors ne me lâche pas.

Moi : Embrasse-moi.

L'heure vient où on me conduit au bloc opératoire. Il m'accompagne jusqu'à la limite ainsi que mes parents. Le Dr Nayir m'explique encore ce qu'ils vont faire. Dans la salle, il y a plusieurs machines. Je reconnais un autre médecin qui était à ma fête d'anniversaire. Je crois que c'est l'anesthésiste. Il me dit ce qu'il va faire et me demande d'imaginer un endroit magnifique où j'aimerais me trouver en ce moment et de compter jusqu'à dix. Je me mets alors à compter à voix haute en m'imaginant sur cette plage avec Rubens.

Moi : Un, deux...

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''Mon Histoire, Avec Lui '' [Terminée] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant