Chapitre 50 : S'expliquer

86 11 13
                                    


PDV Zamyr

C'est la première fois qu'on se fâche, Josh et moi, et c'est insupportable. Je l'aime beaucoup, c'est comme un frère, mais il m'a trop déçu sur ce coup-là.
Jess est venue me voir pour me demander d'écouter ce qu'il a à me dire, mais je ne peux tout simplement pas, pas maintenant.

Assis au bord de ma fenêtre, mon esprit ne pense qu'à une seule personne, ce garçon aux yeux marrons qui fait battre mon cœur. Ce garçon qui m'a fait me sentir importante dès la toute première fois qu'il m'a vu dans ce parc alors que je m'étais mal comporté avec lui. Et c'est encore ce même garçon qui fait monter mon stress en flèche depuis que je lui ai donné ces carnets.

Est-ce qu'il les a lu ? Pourquoi est-ce qu'il ne m'a pas encore fait signe ? Je sais que je lui ai dit de prendre son temps pour les lire, mais là, je n'aurais jamais cru que cela lui prendrait autant de temps, et je suis en train de me maudire intérieurement.



PDV RUBENS

Moi : Mon petit cœur, mon amour, ma Zazou, je suis tellement désolée... Dis-je à moi-même en fermant le carnet.

Ce matin encore, j'ai lu les carnets et, comme les dix autres fois, j'ai encore ressenti cette souffrance et cette peine qu'elle a dû ressentir dans sa chair et que j'ai prolongée avec mon idiotie. Je ne remercierai jamais assez sa famille de toujours prendre soin d'elle. De lui avoir donné du courage et surtout toute cette énergie positive que je n'ai pas pu lui donner vu que je ne la connaissais pas encore. J'ai cette sensation qui ne me quitte pas, j'aurais aimé entrer dans sa vie un peu plus tôt pour l'aimer encore et encore. Et maintenant que le destin ou qui que ça puisse être nous a réunis, je serais fou de la laisser partir. Je ne comptais pas le faire avant, enfin j'ai été en colère et perdu pendant un moment, mais je me suis réveillé. Maintenant que je sais tout, et surtout ce qu'elle a écrit par rapport à nous, je n'ai plus aucun doute, je l'aime et je veux être avec elle.

Les battements de mon cœur s'accélèrent chaque fois que j'arrive à cette partie. Je sais qu'elle m'aime, mais ce qu'il y a d'écrit là dedans, savoir que ces sentiments pour moi sont aussi forts, me fait l'aimer encore plus. Et elle avait raison, elle a vraiment tout écrit, il y a même des passages sur nos potes.

J'ai la gorge nouée en lisant ce que j'ai provoqué quand j'ai su qu'elle était malade. Elle n'avait pas besoin de ça et moi, comme le putain d'égoïste que je suis, je me suis barré. Elle décrit tous les sentiments par lesquels elle est passée par ma faute. Je n'en suis pas fier, au contraire...

Il y a même un passage sur Kersley et crois-moi, j'ai fait beaucoup d'efforts pour me contrôler. Ça m'a fait comme un pincement au cœur en lisant ce passage sur son rapprochement avec lui. Tout ce qu'il a fait pour elle à ma place. Ils traînent ensemble, putain. Même si elle raconte qu'il n'y a que ça, elle explique aussi que ça lui a fait du bien. Alors oui, je suis jaloux, mais je suis tout aussi redevable à K. d'avoir pris soin d'elle pendant que moi, je faisais tout pour la détester...

Ma mère a été étonnée de me voir lire ces carnets. Je lui ai simplement dit qu'ils appartiennent à Zamyr sans pour autant rentrer dans les détails. Je sais qu'elle doit être inquiète, mais j'avais besoin de mémoriser chaque mot inscrit dans ces carnets.

Après ma douche et m'habillant, je décide enfin de faire ce que j'aurais dû faire depuis des heures déjà. Aller chez les Feyton.

Dr Feyton : Monsieur Felty. Dit-il en fixant longuement les carnets dans ma main.

Moi : Bonsoir, Monsieur Feyton. Pardon de vous dérangé ...

Dr Feyton : Elle est dans sa chambre. Tu peux monter.

Moi : je vous remercie.

Je ne sais pas si c'est les carnets ou s'il est de meilleure humeur aujourd'hui, et même. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il me laisse monter, je ne me fais pas prier. Zamyr est assise près de sa fenêtre, perdue dans ces pensées. Elle adore cette petite place, et moi, je ne me lasserai jamais de la contempler. Je m'approche d'elle et l'enlace. Elle n'a pas l'air surprise, au contraire, je dirais même qu'elle a l'air soulagé, vu le sourire qu'elle a après avoir humé mon parfum.

Zamyr : Tu es là. Dit-elle toujours dans mes bras.

Moi : Oui, mon petit cœur, je suis là.

Zamyr : Est-ce... Est-ce que... TU...

Moi : Viens avec moi, s'il te plaît.

Je lui prends la main et l'entraîne jusqu'à ma voiture. Pour une fois, elle me suit sans rien dire, ce qui m'étonne. D'habitude, elle est très curieuse et pose toujours plein de questions. Voulant être tranquille, je conduis jusqu'à notre endroit préféré, et tout au long du trajet, je peux lire de l'incompréhension sur son visage.

Je descends, et elle en fait de même. Elle s'assoit sur notre banc, le regard fixé sur l'horizon. Putain ne me dit pas qu'elle se pose encore des questions sur mes sentiments pour elle. Ou peut-être qu'elle a peur de ce que je pourrais lui dire après avoir lu les carnets. Je me mets à sa hauteur, et là, je sens mon cœur fondre en voyant une larme couler sur sa joue que je m'empresse d'attraper avec mon pouce. J'aime cette fille à en crever, et la voir pleurer me fait mal au cœur.

Moi : Hé, regarde-moi. Dis-je en soulevant son menton. Je ne veux plus jamais te voir pleurer, d'accord mon cœur ? [...] Tiens, je crois qu'ils sont à toi.

Zamyr : Tu les as lu ? Dit-elle en les récupérant.

Moi : plusieurs fois, même...

Zamyr : Ow

Moi : Si tu savais à quel point je suis désolé de ce que j'ai fait. J'ai été con de partir ce jour là. Et je t'ai dit des choses horribles.

Zamyr : Tu ne pouvais pas savoir.

Moi : Non, ça n'a pas été facile pour toi, et je n'avais nullement le droit d'en rajouter... Mais je suis prêt maintenant, je ne m'enfuirai plus jamais. Je resterai toujours à tes côtés.

Zamyr : Tu sais, tu n'es pas le seul à blâmer ici. C'est en partie de ma faute, j'aurais dû être honnête avec toi et tout te dire depuis le début... Je suis désolée de t'avoir menti. Je ne voulais pas me faire passer pour quelqu'un, je ne suis pas, mais tout s'est passé si vite entre nous et... J'ai été trop égoïste pour ne penser à personne d'autre que moi. Tu n'auras peut-être plus jamais confiance en moi et... Je tiens tout de même à te dire que ce n'est pas encore terminé.

Moi : Qu'est-ce que tu veux dire ?

Zamyr : Je suis en rémission, mais je ne suis pas complètement guéri... L'objectif de la chimiothérapie a été atteint, c'est-à-dire les cellules leucémiques ont disparu de ma moelle osseuse ainsi que de mon sang. Je vais bien, mais je ne suis pas à l'abri d'une éventuelle rechute. C'est-à-dire retomber malade, avec les mêmes symptômes, voire même pire... Je comprendrais que tu ne voudrais pas vivre ça et...

Moi : Je t'aime, Zamyr... Comme une dingue. Je n'ai jamais cessé de t'aimer, Mon ange. Et même quand je faisais tout pour te détester, je t'aimais encore... Je ne vais pas bien sans toi. Tu es mon amour, tu es ma vie. S'il te plaît pardonne moi mon petit coeur... Je sais que j'ai commis des erreurs, mais je ne suis rien sans toi, mon cœur...

Zamyr : Je t'aime, Rubens. Oh putain, si seulement tu savais à quel point. Bien sûr que je te pardonne mon amour.

Elle se jette dans mes bras, nous nous étalons par terre en éclatant de rires, puis elle scelle nos lèvres dans un baiser qui semble être un besoin vital pour nous deux. Ses mains, une dans mes cheveux, et l'autre caresse ma nuque, les miennes sur ses hanches. Elle me donne accès à sa langue. Je ne m'en lasse pas de ces lèvres. La sonnerie de son portable nous pousse à mettre fin à notre baiser.

Zamyr : Désolé, je dois répondre, c'est Denise.

Moi : Vas-y. Dis-je sans pour autant enlever mes mains de ses hanches, au contraire, je l'attire encore plus à moi.



PDV Zamyr

Ce délicieux baiser m'a fait comprendre que ce moment est bien réel, il fallait que je l'embrasse pour être sûr de ne pas être en train de rêver. Et qu'il vient vraiment de me dire ces choses. Mais l'appel de Denise m'a, comment dire, un peu surpris. Collé à Rubens, je décroche puis mets le haut-parleur.

Conversation téléphonique

Moi : Allô.

Denise, Coucou ma chérie. Tu vas bien ? Désolée si je te dérange, mais...

Moi : qu'est-ce qui se passe ?

Denise, Je t'appelle de l'hôpital. C'est Josh, il ne va pas trop bien. Je sais que vous êtes en froid pour le moment, mais... Je pense qu'il aimerait que tu sois là alors...

Moi : J'arrive tout de suite.

Ah non. J'ai beau être fâché, mais c'est l'un de mes meilleurs amis. Il a besoin de moi et ce n'est pas le moment d'être rancunière ni de jouer les égoïstes. Mis à part le fait qu'il m'ait menti, c'est quelqu'un d'adorable. On discutera plus tard de cette histoire, là, il faut que je sois auprès de lui.

Moi : Désolée, mais... Tu m'emmènes à l'hôpital, s'il te plaît ?

Rubens : Bien sûr, mon ange. On finira ce qu'on a commencé plus tard. Dit-il accompagné d'un clin d'œil.

Je me sens rougir et en même temps, je stress au maximum là. Ce n'est jamais bon signe quand il se retrouve à l'hôpital. J'imagine que derrière cette fièvre, il y avait autre chose. C'est peut-être une infection ou quelque chose d'autre. Sérieux, ce n'est pas juste. Il mérite un peu de répit. Sur la route, je sens le regard de Rubens sur moi, je le regarde puis lui souris. Il dépose un bisou sur ma main, puis enlace nos doigts de sa main libre.

Rubens : il a dû se passer un truc grave avec Josh. Vous ne vous disputez jamais.

Moi : C'est un peu ça... C'est Compliqué. J'ajoute en voyant son regard insistant.

Rubens : Dis toujours.

Moi : c'est le grand frère de Lubie.

Rubens : Quoi ? T'es sûr ? Je veux dire, elle a toujours dit qu'elle était fille unique.

Moi : Bah, elle a menti... Josh aussi d'ailleurs.

Nous sommes arrivés à l'hôpital, Rubens m'accompagne jusqu'à devant la porte de sa chambre. Je lui demande de rentrer avec moi, mais il me dit qu'il ne sera pas loin, que j'ai besoin de parler seule à seule avec lui. Je pousse la porte pour retrouver un Josh allongé sur le dos dans un lit, en train de dormir tranquillement. J'essaie de ne pas faire de bruit, mais c'était trop d'effort, étant la grosse catastrophe que je suis. Je me suis cognée le pied contre la chaise près de son lit, ce qui le réveille.

Josh : Salut.

Moi : ... Salut

Je m'assois sous son regard. Je lui demande comment il se sent, mais il me dit que ça va. Il se sent toujours obligé de dire qu'il va bien, même quand ce n'est pas le cas. Et là, ça se voit qu'il ne va pas bien, mais je n'insiste pas. Aucun de nous ne parle, et ça commence à être gênant. Je n'aime pas cette situation.

Josh : Je sais ce que tu te dis, mais laisse-moi te dire que tu te trompes...

Moi : Alors explique-moi. Parce que pour moi, c'est carrément insensé.

Josh : Mon père, ou devrais-je dire, cet enfoiré qui porte ce titre n'est qu'un putain de lâche. Il était heureux d'avoir un fils, mais dès qu'il a su que j'étais malade, tout a changé... Petit, je passais mon temps dans des hôpitaux, comme tu le sais, avec ma maladie, ce n'est pas toujours facile à gérer pour les parents. Les gens comme moi demandent beaucoup d'attention, et lui, il n'en avait pas beaucoup à m'accorder, il jonglait entre la maison et le boulot, en tout cas, c'est ce que ma mère croyait. Mais la vérité, c'est qu'il trompait ma mère avec celle de Lubie. Pendant qu'on le croyait en voyage d'affaires, elle était en train de se construire une autre famille. Et il a joué son rôle à la perfection. Cela n'a éveillé aucun soupçon auprès de maman, car son travail lui demandait beaucoup de temps, donc ces voyages étaient tout à fait justifiés. Vu qu'il était tout le temps en déplacement, c'était à ma mère de prendre soin de moi... Un jour, alors que je n'avais que 6 ans, il a débarqué à la maison. Je ne sais pas ce qui l'a fait craquer, mais il a tout avoué à ma mère. Il est tombé amoureux d'une femme lors de son premier voyage, une associée pour être exacte, et qu'ils ont eu une petite fille qui a 4 ans et qui est en bonne santé apparente. En plus, la famille idéale pour lui, quoi ? Tu te rends compte ? Quatre ans à se ficher de nous.

Je ne sais pas quoi dire, je suis choquée. Comment quelqu'un peut faire une chose pareille à sa famille ? Comment peut-on mentir et faire souffrir sa propre famille à ce point-là ? Je ne juge personne, mais c'est vraiment cruel de sa part. Denise est une femme forte, intelligente, gentille et surtout admirable.

Moi : Josh, je ne sais pas quoi dire...

Josh : Oh, ce n'est pas tout, tu sais. Cet homme est parti une semaine après. Il a choisi son autre famille et nous a laissés, maman et moi. Nous n'étions que tous les deux jusqu'à l'arrivée de Gerald, le père de Julien. Il était dans l'armée, c'était quelqu'un de bien, il rentrait après chaque mission et ma mère l'aimait beaucoup. Ils se sont mariés un an avant la naissance de JUJU. Mais deux ans plus tard, des soldats sont venus frapper à notre porte et ma mère a fondu en larmes. Une mission en Afghanistan qui a mal tourné. Elle n'a plus jamais été la même après ça. Je me suis toujours occupée d'elle et elle en a fait de même.

Moi : c'est vraiment horrible.

Josh : Lubie a découvert notre existence quand elle avait 13 ans, et elle a pris contact avec moi. Je ne pouvais même pas la détester, après tout, ce n'était pas de sa faute. On a appris à se connaître par téléphone, elle était adorable, avec certains troubles de comportement pas moment. Ses parents se disputaient beaucoup et elle avait besoin de moi. Je ne pouvais pas la laisser tomber, après tout, c'est ma petite sœur... Je ne dis pas qu'elle a un comportement exemplaire, mais elle n'a pas eu une enfance facile comme on peut le croire. Sa mère était contre le fait que l'on soit en contact, mais son père n'a vu aucun inconvénient, alors on a appris à vivre comme des frères et des sœurs. Et quand elle m'a dit qu'elle allait venir vivre ici, j'étais vraiment content, mais sa mère ne voulait pas que l'on se voit, alors on se voyait rarement, mais on se parlait toujours au téléphone...

Moi : Josh. Dis-je en le serrant...

Josh : Zam, pour moi, tu n'es pas qu'une simple amie. Si je ne t'ai pas parlé d'elle, c'est juste que... Je sais comment peut être ma sœur, et je ne voulais pas te perdre. Je ne veux pas avoir à choisir entre vous deux.

Moi : Tu n'auras pas à le faire.

Josh : Tu me pardonnes alors ?

Moi : Tu sais bien que oui... Mais ta sœur me déteste et cherche toujours à me nuire, ça, je ne peux pas fermer les yeux...

Josh : Oui, je comprends.

Zamyr : ... Pourquoi est-ce que tu lui as dit pour mon cancer ?

Josh : Je n'aurais jamais fait un truc pareil, Zam, tu me connais. Ma mère voulait seulement savoir si tu n'avais plus aucun risque de faire une rechute, et c'est là qu'elle est apparue...

Non, mais quelle histoire. Maintenant, il est plus facile de comprendre le comportement de Lubie. Ça doit être affreux pour elle et encore plus pour Josh. C'est pour cette raison qu'il ne parle jamais de son père. Ce type a abandonné son fils de 6 ans pour une autre femme. Vivre une double vie pendant des années, briser des cœurs et s'en sortir indemne. Pauvre Denise...

___________________________________

''Mon Histoire, Avec Lui '' [Terminée] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant