Deux semaines plus tardPDV Rubens
Aujourd'hui, cela fait exactement deux semaines depuis que Lubie est partie. On s'est parlé deux ou trois fois et ça n'a duré que quelques minutes. Kersley a toujours dit que Lubie est une fille bizarre, qu'elle a l'attitude typique de quelqu'un qui fuit ou encore qui cache quelque chose. Je pensais que c'était juste parce qu'il ne la supporte pas, mais là, je commence vraiment à avoir des doutes. Son comportement en dit long et ça me fout vraiment en rogne par moment.
Les préparatifs pour le spectacle avancent peu à peu. On a trouvé quelques danseurs de plus, mais ce n'est toujours pas suffisant. On vient juste de terminer l'une de nos répétitions. Kersley tire la gueule parce qu'il s'est embrouillé avec sa copine à cause d'une autre danseuse. Christine, je l'aime bien, mais des fois, elle peut être hyper chiante, une vraie emmerdeuse. On décide de s'asseoir un moment avant de rentrer.
Diego : Bon, sérieux, mec, il faut que tu arrêtes maintenant.
Moi : De quoi tu parles là ?
Diego : Non, mais t'as vu la gueule que tu tires là. C'est bon là, ça ne fait que deux semaines. Elle doit être occupée avec son père ou je ne sais quoi.
Moi : Pour être honnête, je ne sais pas trop quoi penser. Elle part du jour au lendemain et elle devient bizarre...
Kersley : Si tu veux mon avis, elle l'a toujours été. Elle est juste très douée pour faire semblant... Et je ne dis pas ça juste parce que je ne l'aime pas surtout, hein... On est vraiment tombé sur des bizarroïdes, mon pote.
Diego : Et arrête-toi aussi. Dit-il en s'adressant à Kersley. On sait déjà que ta mère peut être une vraie chieuse, et ce n'est pas comme si c'était la première fois qu'elle te faisait une crise de jalousie en plus... Ça va s'arranger, les gars.
Kersley : Tu as raison. Toi au moins, Michèle, ne te fais pas chier pour rien. Dit-il après avoir un long soupir... Bon aller les gars, on se voit plus tard.
Moi : Pas de problème.
Diego : adios compañeros.
À peine arrivé à la voiture que mon portable sonne. C'est peut-être le moment de mettre les choses au clair, non ? Mais tout bien réfléchi, je n'ai ni l'envie, ni la patience de l'écouter me raconter des salades. Donc, je choisis de remettre la discussion à une autre fois. La facilité, vous allez me dire ? Ça se pourrait. Ou peut-être que je ne tiens pas à me prendre la tête avec ça maintenant, déjà que je suis fatigué.
Conversation téléphonique
Moi : Salut,
Lubie Salut mon amour,
Moi, je pensais justement à toi.
(Sans blague)
Lubie : Je crois que c'est la première fois que tu me le dis depuis que je ne suis plus là.
Moi : ah oui... Alors comment tu vas ?
Lubie : Ça peut aller. Tu me manques terriblement.
Moi : on ne se parle pas beaucoup non plus...
Lubie : c'est de ma faute, et je m'en excuse de mon cœur. C'est juste qu'avec notre retour, ma mère et moi, nous avons pas mal de choses à régler, tu vois ?
Moi : Bien sûr.
Lubie : Je suis désolée.
Moi : m'ouais... Et ton père ?
(Faut bien faire la conversation, non ?)
Lubie : Il va bien. Et tes parents ?
Moi : Ils vont bien.
Lubie : C'est super. Mon Cœur, je dois y aller. Papa a invité l'un de ces associés à dîner à la maison avec son fils. À vrai dire, ce sont des amis de la famille.
Moi : Ah, d'accord.
Lubie : Mais je te rappelle ce soir, promis. Je t'aime...
Moi : Lubie attend.
Attends... Elle vient vraiment de me raccrocher au nez là ? Génial. Mais bon sang, qu'est-ce qui m'a pris de lui dire que je pensais à elle ? La fatigue peut-être ?
(Oui, ça ne peut être que ça).
J'ai su par ma mère que mon père allait passer cet après-midi. À l'heure qu'il est, il doit être encore à la maison. Et puisque je ne suis pas d'humeur et que je n'ai pas envie de voir sa tête, même si je suis crevé, je crois qu'il sera préférable que je ne rentre pas tout de suite. Il faut que j'aille prendre l'air, ça tombe bien, car je connais l'endroit idéal pour ça. C'est sur ma route et ce n'est qu'à quelques minutes. Je décide donc de m'y rendre. Je prends le soin de bien garer ma voiture et je marche jusqu'à mon petit endroit, un peu à l'écart. De là, on ne sent que le chant des oiseaux.
PDV Zamyr
Cette maison m'a vraiment manquée. Je dois dire que ça se passe plutôt bien. Enfin, si on ne compte pas le fait que ma mère ne me laisse rien faire, à part prendre ma douche et me nourrir. Elle ne veut même pas que je reste seule, et c'est pour cela que Mamie, qui devait être dans son pays avec son autre famille, est de nouveau avec nous. Je suis prête à parier que c'est une idée de Papa.
Mon père n'a pas connu sa mère biologique. Elle est morte dans un accident de voiture quand elle n'avait que 2 ans. Gisela n'avait que 25 ans quand elle a été embauchée chez les Feyton. Mon grand-père était tout le temps en déplacement, du coup, c'est Gisela qui se chargeait de tout. C'est elle qui a élevé mon père, et elle a fait la même chose avec ma sœur et moi, et pour nous, c'est notre grand-mère paternelle.
Tous les soirs, ma mère passe dans ma chambre pendant que je dors pour vérifier que tout va bien. J'en ai parlé à papa et il a compris que c'était un peu gênant et m'a promis de faire de son mieux pour qu'elle soit plus rassurée. Même si ça devient pesant, je ne lui en veux pas vraiment, car je sais que c'est parce qu'elle flippe encore. Je n'ai pas fait tout ce chemin pour rien. Ma mère va devoir être moins protectrice.
Pour l'instant, je ne dois pas pousser le bouchon trop loin, mon corps doit se réhabituer à un tas de choses. Et pour cela, je me dois d'être patiente. Je ne ressens plus la fatigue et je dors beaucoup mieux. Et comme convenu, je vois mon médecin deux fois par semaine. Et à chaque fois, je passe voir mon Josh. Il va beaucoup mieux.
Nous ne sommes que tous les deux à la maison. Mamie est dans la cuisine en train de préparer le repas, je sais pertinemment qu'elle ne me laissera pas sortir, mais ça ne coûte rien d'essayer. Avec elle, la négociation est toujours plus facile qu'avec maman. Elle a accepté à condition que je garde mon portable sur moi et que je sois rentrée avant ma mère pour le dîner.
(Youpi)
Je lui fais un bisou, j'enfile mes baskets, je mets un chapeau et je me presse de quitter la maison. En marchant, je me suis rendu au parc. Je venais assez souvent ici après notre arrivée, avant que l'on me diagnostique mon cancer. Et je me rappelle bien de cette partie que j'adore. Précisément, parce qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui passent par-là, c'est paisible et je peux lire tranquillement. En arrivant, je vois qu'il y a déjà quelqu'un qui est assis sur le banc.
Avant, j'aurais tourné les talons, mais plus maintenant. Il a l'air perdu dans ses pensées. Je ferais peut-être mieux de revenir plus tard...
Lui : Salut,
Je regarde autour, histoire d'être sûre qu'il me parle bien à moi.
(Mais bien sûr)
Lui : Je crois qu'il n'y a que nous deux ici. Dit-il en rigolant.
Moi : Euh... Salut. Je lui réponds en me retournant et en réajustant mon chapeau.
Lui : Je crois qu'il y a bien assez de place pour une personne de plus.
Moi : Euh, merci, mais je ferais mieux de partir.
Lui : Hey, je ne mords pas, tu sais ?
Je jette un coup d'œil à ma montre, il me reste encore deux heures avant le retour de ma mère. Et puis, à la base, je suis venue ici pour lire et respirer un peu d'air frais. Je n'ai pas du tout envie de partir. Lui, il peut partir ou bien rester de son côté s'il le veut, mais il ne croit surtout pas que je suis là pour faire la conversation.
Oh et puis merde, c'est mon endroit à moi. Je pars m'asseoir à côté de lui sur le banc, pas trop près non plus, hein.
Lui : jolies baskets.
Moi : Merci. Dis-je en ajustant mes lunettes.
Lui : Désolé, je ne voulais pas être indiscret, c'était vraiment stupide de ma part... Je m'appelle Rubens.
Je le regarde sans rien dire, et j'ouvre mon bouquin.
Rubens : Euh, je crois que c'est ton tour.
C'est un joli prénom ça. Peu commun, mais joli, je trouve. Mais s'il continue comme ça, je ne risque pas de terminer même le premier paragraphe du chapitre. J'ai l'air débile, je le sais bien. Mais bon, je peux quand même me montrer polie, non ? Je souffle puis ferme le livre.
Moi : Mon tour ?
Rubens : Et bien de me donner ton nom... Me dire comment tu t'appelles.
Moi : Ah, moi, c'est Zamyr. Dis-je en espérant ne pas passer pour une malapprise.
Rubens : Tu vois, ce n'était pas si difficile... Alors Zamyr, tu viens d'emménager ?
Moi : Et toi, Rubens, tu poses toujours autant de questions ? T'es de la police peut-être ?
On dirait qu'il trouve ça drôle, puisqu'il se met à rire.
Rubens : C'est la première fois qu'une fille me dit cela. Et non, je ne suis pas de la Police. Ça s'appelle, faire connaissance, tu vois ? C'est ce que font deux personnes quand elles se rencontrent pour la première fois.
Moi : Ça alors, je ne le savais pas.
Rubens : t'es marrant, toi. Dit-il en rigolant.
Moi : ... Ça fait quelques mois.
Rubens : T'es dans mon lycée ? Je ne t'ai jamais vue avant.
(Et merde, voilà ce qui arrive quand on parle à un inconnu trop curieux). Invente vite un truc.
Moi... Euh non... Scolarisation à domicile.
Rubens : Ah, je vois... Tu viens souvent ici ?
Moi : Pourquoi ? Ce n'est pas interdit pour autant que je sache.
Rubens : Hey, mais pourquoi tu m'attaques au juste ?
Moi : Ce n'est pas ce que je fais... Désolée,
Rubens : je te pardonne uniquement si tu réponds à ma question... Alors ?
Moi : C'est paisible... Et c'est un bon endroit pour... Lire.
Rubens : Moi, je viens juste pour voir les danseurs qui sont de l'autre côté du parc. Dit-il en les pointant du doigt.
Moi : Cool. J'ajoute avant de me lever.
Rubens : Tu pars déjà ?
Moi : oui, il commence à se faire tard et ma mère doit s'inquiéter.
Rubens : Ça va ? T'es un peu pâle.
Moi : euh oui.
Rubens : je peux te déposer si tu veux.
Moi : C'est gentil. Mais non, merci.
Rubens : tu reviens quand ?
Moi : un de ces jours, peut-être.
C'est la première personne que je rencontre en dehors de ma famille depuis que j'ai quitté l'hôpital et je n'ai pas été foutue d'avoir une conversation correcte avec lui. Étant très timide, je quitte cet endroit à une vitesse incroyable.
Je n'aime pas l'improvisation, et ça doit se voir à travers mes réponses. Elles étaient complètement bidon, de toute évidence. La curiosité est une partie intégrante de l'espèce humaine. Je ne passerai pas toute ma vie à la maison, je dois m'habituer à parler aux personnes indiscrètes et même à esquiver des questions trop curieuses ayant un quelconque rapport avec les mois que je viens de passer à l'hôpital. Je ne tiens pas à ce que l'on me voit comme un objet fragile. Pourtant, c'est exactement ce que les gens verront si j'évoque ma maladie.
Je veux vivre normalement sans les regards ni les avis des gens qui n'ont aucune idée de ce que c'est de se battre, comme je l'ai fait ces derniers mois et comme je continuerai de le faire encore. Certaines personnes deviennent catégoriquement gentilles avec toi quand tu es malade. Pour moi, ce n'est nulle autre que de la pitié. Cela ne devrait pas être ainsi. Il faut savoir apprécier les gens tels qu'ils sont et pour ceux qu'ils sont vraiment au fond d'eux.
Pas question de jouer les martyrs.
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''Mon Histoire, Avec Lui '' [Terminée]
Teen FictionElle n'était qu'une jeune fille qui se contentait de se battre pour aller mieux... Enfin ça c'était avant qui'Il fasse éruption dans sa vie pour tout changer... Mais il va découvrir une terrible vérité sur elle - Et moi qui te croyais différente ...