Astrée avait exigé de Lorelei qu'elle tienne éloigné le plus longtemps possible Alexander de leur appartement. Puisque, aujourd'hui, elle avait beaucoup de travail et de personnes à aller voir, la Prêtresse pouvait agir à sa guise.
— Avez-vous besoin des clefs ? s'était questionnée Lorelei.
— Non, je me débrouillerai.
En effet, elle se retrouva devant la porte, s'abaissa de façon à faire face à la serrure et elle souffla dessus avec délicatesse. De ses lèvres s'échappa une fumée bleuté qui serpenta dans l'air et ouvrit le verrou. Elle appuya sur la poignée qui céda aussitôt. Satisfaite et souriant gaiement, elle pénétra dans l'appartement de sa cliente à pas de loup. Elle vérifia que personne n'errait dans les couloirs en se concentrant ; sa magie vagabonda dans chaque recoin et lui confirma qu'elle était seule. Elle referma derrière elle et s'avança dans le hall.
Au premier coup d'œil, il s'agissait d'une entrée semblable à tant d'autres. Une large glace réfléchissante dans laquelle elle ne s'observa pas, un porte manteau, un boitier suspendu au mur et des clefs qui pendaient ; Astrée ne resta pas là, puisque le hall ne représentait pas un grand intérêt. Elle atteignit rapidement le vaste salon, épuré et dont le sentiment de grandeur était dû au vide. Il n'y avait pratiquement aucun mobilier. Une télévision, un canapé trois places et deux fauteuils, une table basse et rien de plus. Pas d'étagères ou de meubles de rangement.
De là, à sa gauche, elle aperçut la cuisine ouverte qui contenait le nécessaire et quelques tableaux modernes étaient accrochés aux murs gris ; tout l'appartement était peint dans des nuances cendrés, le plafond où trônaient de magnifiques lampadaires argentés en apparence diamantés et le sol étaient d'un blanc neutre. Une longue table rectangulaire faisait la jonction au centre des deux pièces. Cet espace de vie commune était baigné dans la luminosité, grâce aux immenses baies vitrées du salon et des fenêtres carrées par ci, par là. A sa droite, un couloir plus sombre l'intrigua, toutes les portes étaient fermées, mais elle distingua les rayons du soleil pales percer des encadrements.
Elle faillit s'y rendre en pensant à juste titre qu'elle y verrait les chambres, mais un détail la frappa et retint ardemment son attention. Elle pivota d'abord vers le hall et perçut à nouveau l'ample miroir ; puis, elle remarqua qu'un deuxième miroir prenait une bonne partie d'un des murs du salon ; et, elle en discerna un autre dans la cuisine, au-dessus du plan de travail. Astrée se stoppa un instant et fronça les sourcils, gênée de cette constatation. D'un côté, et au vu du style de l'appartement, cela pourrait être un choix de décoration. D'un autre, son âme de Prêtresse lui soufflait que quelque chose ne tournait pas rond ici. Elle se méfia, mais, faute d'idées, elle s'engagea finalement dans le couloir.
Toutefois, avant qu'elle n'ait pu s'aventurer davantage, elle entendit distinctement la porte d'entrée être déverrouillée. Blêmissant, elle ne réfléchit pas une seconde et entra dans la première pièce qui se présenta à elle ; Astrée baissa la poignée doucement et elle laissa le passage entrebâillé pour ne pas produire du bruit inutile. Elle attendit, la bouche entrouverte, penchée et à l'affût. Dans le cas où elle reconnaissait la voix chantante de sa cliente, elle sortirait de sa cachette en invitant une histoire en espérant que Lorelei mente suffisamment bien pour convaincre Alexander. Cependant, elle pria de tout cœur pour que ce ne soit pas ce dernier.
Nul son ne se propagea dans l'appartement, si bien qu'elle crut avoir rêvé. Perplexe, Astrée se détourna momentanément de la porte pour regarder ses alentours. Elle était dans une chambre, visiblement celle d'Alexander car elle identifia un parfum masculin sur une étagère. Derechef, un gigantesque miroir sur pied dominait. Elle jugea par la propreté du verre qu'ils étaient nettoyés régulièrement et que sa cliente ou son soi-disant ange gardien en prenaient soin. Ils étaient importants. Essentiels. Mais elle ne comprit pas tout de suite la raison de leur présence.

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Lui qui veille sur elle
ParanormalQui ne rêve pas qu'un homme fort, beau et dévoué veille sur soi, à tout instant ? Pour Lorelei, il s'agit bel et bien d'un rêve éveillé. Depuis ses dix-huit ans, à son retour d'un coma, un homme la suit et la protège. Après plus d'une décennie ave...