La procureure et l'avocat marchaient côte à côte, suivi de loin par Alexander qui traînait des pieds afin de ne pas écouter leur conversation ; puisque les deux travaillaient ensemble pour le bien de la justice, il ne pouvait pas les séparer, ni lancer des piques acerbes quant à leur proximité. Il observait les quelques arbres au bord de la route, sur le trottoir où ils se trouvaient, en direction de l'hôpital principal de la ville.
— Comment se porte votre client ? s'enquit poliment Lorelei.
Les lèvres de David se pincèrent.
— Il tient le coup. Je ne m'attendais pas à un tel...une telle maturité de sa part avant de le rencontrer. Il sait ce qu'il a fait de mal et il est prêt à payer le prix. Il...
L'avocat souffla longuement et elle pivota vers lui, affichant un sourire horizontal. Lorelei savait exactement de quoi il parlait ; David s'attendait à se retrouver avec un client impulsif et impatient, mais Bonnet n'était que désespéré.
— Lui et son fils ne méritaient clairement pas tout ça, ni le drame, ni la médiatisation, et encore moins le procès.
— Voilà pourquoi il faut que vous excelliez, fit-elle, délicatement.
— J'y compte bien ! pouffa-t-il. J'ai lu le procès-verbal des officiers en fonction la nuit où Bonnet a traîné Atangana au commissariat. Rien ne laisse présager une trace de violence ou d'instabilité. S'ils n'y avaient pas les marques rouges sur les poignets et le bleu au visage, le chef d'accusation de coups et blessures ne pèserait pas sur lui.
Elle acquiesça dans un mouvement machinal, notant que les blessures en question étaient très superficielles et qu'elles avaient disparu au bout de deux jours. En soi, Bonnet n'était clairement pas le plus à plaindre dans cette histoire ! Il avait plusieurs circonstances atténuantes et dans le cas où elle prouvait la culpabilité d'Atangana, les actes deviendraient légitimes – bien que toujours en-dehors de la loi. Au contraire du suspect d'agression qui se confrontait à de nombreuses circonstances aggravantes.
— J'ai reçu un mail du commissariat, d'ailleurs ! informa Lorelei. Apparemment, au Game and Soda, une femme se serait autoproclamée témoin des insultes de la part d'Atangana envers les jeunes et les policiers ont pris sa déposition, mais ils pensent qu'elle cache quelque chose. Ils m'ont transmis les coordonnées d'un endroit où elle se rend souvent le mardi soir. J'irai la rencontrer.
— Souhaitez-vous que je vous accompagne ?
David lui lança un sourire charmeur auquel elle faillit répondre. Toutefois, une tête brune passa entre eux deux et les éloigna aussitôt. Au lieu de sentir la douceur du manteau de l'avocat contre sa chemise, son bras frotta contre le blazer lisse d'Alexander.
— Ne vous inquiétez pas pour elle, minauda d'une mélodie faussement aimable le brun. Madame Zauberin possède déjà un garde du corps !
Il se pointa du doigt avec un immense rictus sardonique.
— Par conséquent, vous la verrez un autre jour, hein !
L'avocat pouffa, plus amusé que vexé, et il opina du chef vivement, non sans dissimuler sa mine ironique. David voyait clair dans le jeu du brun et il ne s'en offusquait pas. De toute façon, la procureure était une grande et belle femme qui prendrait tôt ou tard ses décisions. Alexander, peu satisfait, le laissa tout de même tranquille et retourna plusieurs pas à l'écart, mimant l'ennui dans sa gestuelle. Lorelei leva les yeux au ciel, mais ne rajouta rien. Elle ne chercha pas à le contredire ou à confirmer ses propos. En fait, elle comptait sortir seule ce soir et ne le dirait à son ange gardien qu'à la dernière seconde pour éviter le débat.

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Lui qui veille sur elle
ParanormalQui ne rêve pas qu'un homme fort, beau et dévoué veille sur soi, à tout instant ? Pour Lorelei, il s'agit bel et bien d'un rêve éveillé. Depuis ses dix-huit ans, à son retour d'un coma, un homme la suit et la protège. Après plus d'une décennie ave...