David avait sorti le grand jeu pour leur rencard : dégustation de macaron sur un stand en dehors du centre-ville, balade en fin de journée en longeant le parc de la ville avec le soleil couchant en fond, dîner dans un restaurant chic et discussions animées, variées et intéressantes durant toute la soirée. Cet avocat était définitivement quelqu'un de très bien et pour cette raison Lorelei se doutait de l'anguille sous la roche. D'un côté, elle n'avait pas connu d'hommes et ne pouvait donc pas juger avec discernement ; d'un autre côté, elle savait que les personnes à l'apparence parfaite dissimulait probablement un secret dérangeant ou des mauvaises manies horripilantes, un détail qui repousse. Pour l'instant, elle n'avait pas repéré le sien, voilà tout.
— Je me permets, Lorelei, de vous complimenter ! lui avait-il lancé en pleine balade. Vous êtes belle, douée et en tout point ce que je recherche chez une femme. Je me considère vraiment chanceux de vous avoir croisé dans le couloir et d'avoir partagé le procès avec vous. Dites-moi si je m'avance trop, mais...j'ai l'impression que c'est réciproque.
Elle n'avait pas répondu et lui avait simplement souri. Puis, la jeune femme s'était faite la réflexion que la perfection que David voyait en elle cachait aussi son défaut : Alexander. Ses lèvres ne s'étaient plus étirées pendant un long moment après avoir compris cela. Lorelei sortait avec un homme pour la première fois, sauf qu'elle oubliait la présence omniprésente de son ange gardien dans sa vie – il était là de sa maison à son travail. Dans le cas où sa relation avec l'avocat évoluait et se transformait en couple, comment pourrait-elle lui demander de partir de leur maison et de ne plus la suivre toute la journée ? Il avait tant sacrifié pour elle, il lui avait tout donné et elle assistait à ce rencard sans prendre en compte le fait indubitable qu'elle devait rester loin de l'amour pour ne pas avoir à se séparer de son seul compagnon.
A force de blagues et de sujets divers, l'avocat avait réussi à lui faire retrouver le sourire et elle n'avait plus pensé à Alexander. Désormais, tous deux déambulaient dans une ruelle où s'était installé un marché de nuit. Quelques artisans proposaient leurs créations et elle s'acheta un bracelet de perles argentées, il lui offrit un vin chaud et elle grimaça en sentant la saveur des épices, dont la cannelle.
— Vous n'aimez pas le vin ? s'enquit David.
Elle pinça ses lèvres pour toute réponse et ils continuèrent de marcher. Ils bénéficiaient d'une météo commode, pas de vent, un froid soutenable et une nuit avec étoiles. Toutefois, ils n'avaient toujours pas ressenti le regard fulminant de l'homme le plus frustré de l'univers, aussi nommé Alexander Drukhän.
— Évidemment qu'elle n'aime pas, espèce de débile ! Elle déteste la cannelle ! Le comble serait qu'il lui fasse manger un bonbon à l'anis, qu'il lui fasse boire une tisane à la bergamote et il aura touché le jackpot ! Il ne la connait même pas !
— Peut-être parce qu'ils se sont rencontrés il y a peu. Tu sais, Crapule, tout le monde n'a pas l'occasion de côtoyer Lorelei Zauberin quinze ans d'affilées. Aussi surprenant que cela puisse être pour toi, elle n'est pas le centre de gravité de la majorité de la terre.
— Peu importe !
Alexander se renfrogna et se rassit correctement sur le bord du toit de l'immeuble où Dervis et lui avaient instauré leur base pour la nuit. Accompagnés de boissons fortement alcoolisées, ils cuitaient. Il n'y avait pas d'autres mots pour décrire leur activité. Le brun buvait à outrance pour s'occuper la bouche et ne pas prononcer cent insultes à la minute, tandis que son ami le regardait s'énerver en se divertissant de ses réactions dès que David frôlait sa protégée. Ils les observaient depuis le début du rencard et pas une seconde ne s'était-il arrêté de grogner.

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Lui qui veille sur elle
ParanormalQui ne rêve pas qu'un homme fort, beau et dévoué veille sur soi, à tout instant ? Pour Lorelei, il s'agit bel et bien d'un rêve éveillé. Depuis ses dix-huit ans, à son retour d'un coma, un homme la suit et la protège. Après plus d'une décennie ave...