XIV

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Pour la première fois depuis un certain temps, Lorelei marcha jusqu'à son bureau sans que son protecteur ne soit collé à ses chaussures. Il devait probablement vagabondé aux alentours du tribunal ou était-il en train de flirter avec les stagiaires du deuxième étage du bâtiment des Procureurs. Elle entra dans l'ascenseur sans prêter attention aux couloirs vides et au silence qui régnait. Tout le monde bossait sur leurs dossiers en plein après-midi ou étaient sortis pour investiguer. Elle se rendit dans son bureau dans le but de se changer, la tête baissée et l'esprit pris dans les futures recherches qui lui restaient à effectuer. Alexander la réprimanderait, s'il était là, pour ne jamais cesser de réfléchir à ses procès sans prendre une minute pour taire ses pensées mouvementées. Mais il n'était pas là et sa non-présence lui tira un frisson étrange. 

Elle s'était tellement habituée à sa constate compagnie qu'elle se sentait incomplète sans lui. Elle ne nota pas son regard insistant dans son dos qui lui indiquait qu'il la fixait soigneusement. Elle n'entendit pas ses gloussements quand elle s'embrocha dans la moquette et il n'y eut aucun bras pour la retenir. Ce sentiment plongea Lorelei dans une sorte de brume qu'elle quitta rapidement, mettant de côté cette sensation désagréable. Elle le retrouverait bien assez tôt de toute façon, puisqu'il était toujours à ses côtés.

La Procureure arriva dans un couloir plus étroit et elle commença à ôter sa robe. Sa secrétaire avait pris une demie journée de congé pour une raison familiale, la naissance d'un neuve ou d'une nièce de ce qu'elle avait compris, alors elle poussa la porte de son bureau vivement et la referma d'un coup d'épaule à son passage. Elle continua d'enlever ses habits de travail et elle tendit le bras pour attraper un pull bien plus confortable que le chemisier serré qu'elle avait commis l'erreur d'acheter sous les conseils distraits d'Alexander. Elle était d'accord avec lui que le haut la mettait en valeur, mais elle ne pouvait pas bouger à son aise et cela l'irritait au possible.

Toutefois, en réajustant les bretelles de son soutien-gorge, deux coups retentirent et la porte s'ouvrit à la volée dans la seconde sans qu'elle n'ait pu prévenir l'intrus de sa condition. Ses yeux s'écarquillèrent et sa bouche s'arrondit d'autant plus, lorsqu'elle croisa le regard immédiatement désolé de David Bartel. Il s'excusa aussitôt, recula sans la regarder, se fit bousculer par la porte dans son empressement et elle perçut même un juron qui la fit étonnement rire. Lorelei demeura blanche de gêne sans esquisser le moindre mouvement durant une bonne minute, puis elle pouffa sans pouvoir s'en empêcher. Au lieu de se morfondre dans l'embarras, elle jugea la situation comique. Tous deux s'étaient rencontrés deux semaines auparavant et le voilà à la voir dans une tenue délicate.

Se dépêchant d'enfiler son pull, elle trottina jusqu'à la porte et la rouvrit doucement. Elle découvrit le visage rouge de honte de l'avocat qui lui adressa un sourire poli et contrit. Lorelei l'invita à entrer, ce qu'il fit, et elle s'assit sur le bord de son bureau, hochant la tête en signifiant qu'il pouvait parler. David se racla la gorge, certainement plus mal à l'aise qu'elle, et il reprit contenance en arborant son grand sourire qui faisait ressortir ses beaux yeux verts. 

— J'étais simplement venu vous féliciter...pour le procès... Votre dossier était très bien monté, il appuyait sur les bons points et...

Plutôt que de tourner autour du pot, il décida de braquer son regard dans le sien et il déclara sans détour :

— En fait, les rumeurs à votre sujet m'intriguaient. J'avais très envie de savoir si la jeune et talentueuse Lorelei Zauberin était aussi méticuleuse et appliquée que les gens le prétendaient. Je peux le confirmer maintenant ! 

— Parce qu'il existe des rumeurs à mon sujet ? répliqua Lorelei, les bras croisés et une lueur virevoltant dans ses yeux amusés.

— Bien sûr ! lança-t-il, sincèrement. Les avocats ont peur de vous ! Un de mes collègues a récemment perdu tout espoir de sauver son client en apprenant que vous étiez contre lui.

Lui qui veille sur elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant