XII

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Elle soupira de nouveau seulement dans le but évident de cacher son sourire malicieux. 

— Hé, ne m'ignorez pas !

David Bartel l'avait suivi jusqu'en dehors du commissariat. Dès qu'elle avait quitté la salle d'interrogatoire en informant l'avocat et son client qu'ils se retrouveraient bientôt au procès, elle s'était déhanchée gracieusement dans les couloirs sous le regard appuyé de cet homme. Elle appréciait étrangement la sensation de ses beaux yeux posés sur ses courbes et elle en jouait sans vraiment savoir d'où lui venait l'audace de parader devant lui, de jeter habilement sa chevelure ébène dans son dos ou d'étirer ses lèvres dans un mouvement moqueur. Comportement qui n'amusait pas du tout Alexander !

Elle s'arrêta à l'extérieur du commissariat, son sac imprimé de faux diamants sur la anse à bout de bras, le dos bien droit et la main levée en appelant un taxi qui s'avançait vers elle. Alexander se planta immédiatement à ses côtés, aussi près qu'il le put, afin d'empêcher ce benêt de prendre sa place. Cependant, David le contourna et se posta à sa gauche. Il souriait également, comprenant que la Procureure ne l'ignorait pas franchement. Apparemment, elle entrait dans son jeu de flirte et le brun le supportait de moins en moins. Depuis quand sa Lorelei, celle avec qui il avait vécu depuis quinze ans, ne rejetait pas un homme insistant ? Cela ne lui était pas venu à l'esprit qu'il pouvait lui plaire.

— Madame Zauberin, je ne daignerais pas vous laisser partir aujourd'hui sans une réponse de votre part ! fit David sur un ton théâtral forcé. 

— Une réponse ? minauda-t-elle, narquoise. Mais je n'ai pas entendu de question.

Alexander roula des yeux et jura dans sa barbe imaginaire. Techniquement, David ne lui avait rien demandé ; mais, il lui avait quasiment imposé un dîner entre eux. Il attendait simplement qu'elle confirme leur rendez-vous.

— Certes, souffla l'avocat en rivant ses yeux dans les siens. Accepteriez-vous, Madame Zauberin, de m'accorder un repas ? 

Elle ne répliqua pas ; il remarqua qu'elle pinçait ses lèvres, se balançait légèrement et que ses orbes luisaient d'une lueur flattée. Il gloussa face à son silence qui démontrait son hésitation. 

— Un café ? persista-t-il. J'aimerais beaucoup apprendre à vous connaître. Je suis sûr qu'après le procès vous ne m'adresserez plus la parole, alors j'en profite maintenant !

— C'est ce que je renvoie ? s'enquit-elle, surprise de sa supposition. Une femme qui ne parle plus à personne dès que ses affaires sont réglées ?

— Ne me dites pas que vous ne saviez pas pour votre air ultra-froid et distant ! se moqua David, gentiment. Donc ? 

Elle leva les yeux au ciel et ce fut le coup fatal pour Alexander. Lorelei avait l'air d'apprécier cette petite discussion et elle souriait à ce type de la même façon qu'elle lui souriait, à lui. Irrité au possible par cette scène niaise, il agitait son bras avec virulence, faisant signe au taxi de se dépêcher. Le conducteur secoua sa tête, lui indiquant qu'il avait compris, et il se stoppa devant eux. Sans ménagement, tandis qu'elle s'apprêtait à répondre à l'avocat, il ouvrit la portière et la tira à l'intérieur. Elle poussa un bref cri, étonnée par cette brusquerie, et tenta de parler, mais il referma sur-le-champ et pivota vers David, le regard sombre. Celui-ci lui jeta une œillade similaire. 

— Madame Zauberin n'est guère intéressée par votre belle gueule ! clama Alexander, ce qui n'interloqua pas l'avocat, ayant présagé cette réaction. Prière de ne plus la déranger. Cantonnez-vous à faire votre travail pour mériter votre salaire ! 

— Je n'arrive pas à comprendre ce que vous êtes pour elle, murmura David en retour. Son mec ? Son garde du corps ? Quoi qu'il en soit, je crois que c'est une grande fille et qu'elle est suffisamment âgée pour prendre ses propres décisions. Qu'en pensez-vous ?

Lui qui veille sur elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant