Le soleil agressa les paupières closes de Lorelei qui grogna dans son sommeil, daignant avec peine quitter la chaleur rassurante de son lit douillet. Elle se redressa élégamment, mais, la seconde suivante, elle bailla en exhalant une haleine effrayante et en laissant échapper un petit rot de lendemain de soirée. Elle grimaça et ses yeux se tournèrent machinalement vers la porte de sa chambre. Là, elle perdit en couleur et se figea. Il était dans sa chambre. Pourquoi était-il dans sa chambre ? Et surtout pourquoi devait-elle toujours lui donner une image d'elle si peu attirante ? Entre les fois où elle glissait et manquait de tomber, les séances de sport qu'elle se risquait à faire durant lesquelles elle finissait en sueur et empestant la transpiration et les soirs devant son écran à dévorer ses pots de glace. Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement être telle que ces femmes belles en toute circonstance et sans défaut qu'elle enviait dans les séries ?
Appuyé contre son armoire, les bras croisés sur son torse et déjà habillé, Alexander la scrutait, amusé par son éclat terni par l'alcool. Il lui sourit allègrement, diverti de la voir dans tous ses états, tandis qu'elle se ratatina dans sa couette, cherchant l'heure sur son réveil digital. Elle pâlit davantage si c'était possible en constatant que la matinée ne tarderait pas à s'achever. Trop tard pour arriver à temps au travail ! Ses yeux s'écarquillèrent et elle s'apprêta à envoyant valser sa couette, mais il interrompit son micro-instant de panique pour la prévenir :
— J'ai appelé ton bureau tantôt, j'ai transmis tes salutations à ta secrétaire en prétextant que tu était trop épuisée après ta journée d'hier pour te lever. Elle te demande de bien te reposer, car aujourd'hui est important. Ne t'inquiète pas, elle ne sait pas que tu t'es tellement saoulée que tu ne pouvais pas...
— Non, s'il te plait, coupa-t-elle avec l'air désespéré, ne me dis pas à quoi je ressemblais.
Et la voilà qui lui avait encore donné une image peu glorieuse d'elle-même, et la jeune femme n'en revenait pas d'être dans cet état pour un jour pareil ! Dans moins de deux heures, elle était censée s'adresser devant des centaines de téléspectateurs au journal pour présenter l'affaire Atangana d'un point de vue légal et purement juridique. Au début, lorsque son supérieur lui avait proposé de participer à cette interview, elle avait refusé, ne voulant pas attirer l'attention sur elle, et Alexander avait soutenu son choix. Toutefois, Lorelei avait lu certains commentaires sur les réseaux sociaux et elle avait entendu des présentateurs à la télévision répandre des idioties à ce sujet. Par conséquent, elle avait cédé et accepté dans le but de rétablir la vérité.
— Bon, dépêchons, dépêchons, Miss-je-commence-à-picoler-à-trente-ans ! s'écria Alexander, en faisant exprès de déclencher son mal de crâne. Eh oui, ma chère, voici la raison exacte de pourquoi il est primordial de connaître sa tolérance à l'alcool et de ne pas en abuser ! Bien, maintenant, debout et habille-toi.
La brune ronchonna, mais obtempéra pour ne pas arriver en retard. Elle trottina difficilement jusqu'à sa salle de bain, épiée par les orbes de son ange gardien qui secouait la tête d'un air désapprobateur. Il lui emboîta le pas et referma la porte derrière eux afin de garder le chaud dans la pièce, quand elle mit le chauffage. Lorelei se fit la brève réflexion qu'elle n'avait pas si mal à la tête qu'elle ne le supposait et que son estomac ne la brûlait pas. Elle n'avait été ivre qu'un jour dans toute sa vie – maintenant deux – et elle se souvenait du lendemain qui l'avait atrocement fait souffrir.
Or, elle se portait à priori à merveille, comme si un bon café suffirait à la remettre d'appoint. C'était étonnant. D'autant plus, elle se surprit à jeter un regard à son ange gardien, une œillade soupçonneuse. Mais elle oublia promptement ses suspicions. Après tout, comment aurait-il pu l'aider ? Heureusement qu'elle ne se doutait pas qu'il avait passé la nuit à ses côtés, à essuyer son front d'une serviette humide et qu'il l'avait assisté lors de ses vomissements, qu'il l'avait également obligé à prendre un médicament pour ses nausées, sinon elle rougirait et chercherait un moyen de s'enterrer. Alexander sourit en coin, en notant qu'elle ne se rappelait de rien.
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Lui qui veille sur elle
ParanormaleQui ne rêve pas qu'un homme fort, beau et dévoué veille sur soi, à tout instant ? Pour Lorelei, il s'agit bel et bien d'un rêve éveillé. Depuis ses dix-huit ans, à son retour d'un coma, un homme la suit et la protège. Après plus d'une décennie ave...