La victoire de la Justice

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C'était une belle journée. Ensoleillée et juste ce qu'il fallait de chaleur pour se montrer avec une nouvelle robe. Les gens recommencèrent à sortir cette semaine-là, appréciant la montée des températures ; au lieu de s'entasser dans les boutiques ou se cloîtrer dans les cinémas, ils marchaient dehors et partageaient de bons moments sous l'attention particulière des rayons du soleil. Le mauvais temps avait disparu et ne risquait pas de réapparaître de sitôt, l'été s'installait tranquillement et chacun profita le plus possible de la diminution du vent, se préparant à la venue de la canicule. 

Ce matin, Jayden s'était levé d'excellente humeur. Le favori des cieux  était très sensible aux saisons et ses émotions s'harmonisaient avec les différentes météos. C'est pourquoi il avait tendance à devenir mélancolique et nostalgique lors de fortes et longues pluies, ou heureux pour aucune raison les jours de soleil. A un tel point que ses changements d'humeur pouvaient agacer son entourage. Son père s'était même interrogé, envisageant que sa mère était peut-être une fée – créature légendaire dont Dervis n'était pas certain de l'existence, mais qui avait une lien puissant avec la nature.  Pour un demi-démon, il agissait à l'exact opposé. 

Aujourd'hui ne fut pas une exception ! Le blondinet avait harcelé son père pour qu'il lui fasse visiter Paris, ville où il n'était étonnement pas encore allé, mais Dervis avait refusé, les souvenirs de la jeune et jolie Constance trop frais dans son esprit. Jayden s'était donc rabattu sur son oncle et l'avait collé de huit à midi dans le but de le faire craquer. En vain, bien sûr. Par conséquent, dès qu'Astrée posa un pied à l'intérieur de sa maison, il lui bondit dessus, lui saisit la main et l'entraîna dehors sans rien lui dire. Surprise, elle l'avait suivi. 

— Ces deux-là se sont vraiment bien trouvés, déclara Dervis sur un ton interrogatif.

Alexander ne releva pas son regard de la télévision, indifférent. Mais, il put sentir le doute dans la voix de son ami et soupira, puis lui répondit :

— Oui, ils sont parfaits l'un pour l'autre. Deux casse-pieds ! 

Dervis pouffa, mais passa très vite à un autre sujet. Subitement sérieux et concerné, il hésita à aborder le sujet tabou. Il n'avait pas eu l'occasion d'en discuter avec lui depuis que cela s'était produit, à cause de la présence constante de son fils. Maintenant que Jayden n'était plus dans leurs pattes, il pouvait enfin lui parler. Cependant, Alexander anticipa la conversation et se renfrogna sur-le-champ, les bras croisés et le visage fermé. Ce qui n'arrêta clairement pas son ami.

— Est-ce que ça va ? Et j'aimerais que tu me répondes franchement pour une fois, s'il te plaît. 

Alexander ne pipa mot. Ses lèvres se déformèrent un instant à l'entente de cette question à laquelle il ne répondait plus que par des grognements vagues. Ne changeant pas les mauvaises habitudes, il marmonna quelque chose d'incompréhensible qui irrita instantanément Dervis. Ce dernier comprenait parfaitement que son ami ne veuille pas s'exprimer sur ce sujet, mais il faudrait bien tôt ou tard qu'il vide son sac et mieux valait que ce soit avec une personne qui saurait l'écouter, le conseiller et compatir à sa peine.

— Tu n'as pas dit un mot sur...ça. Je m'inquiète pour toi et tu le sais. Tu ne souhaites pas que je me tourmente, hein ? N'est-ce pas ? insista-t-il pour obtenir une réaction et il ne reçut qu'une moue boudeuse. Ne me force pas à me répéter, Crapule ! Ouvre-moi ton cœur, aller !   

Alexander haussa un sourcil et le regarda comme s'il était fou. Finalement, il souffla de lassitude et abandonna :

— Je vais bien ! Tu ne le vois pas ? Je pète la forme ! 

— Ah oui ? Alors, raconte-moi pourquoi tu restes tous les soirs devant le miroir à te fixer sous tous les angles ?

— Comment sais-tu cela ? s'insurgea le plus jeune, en se redressant brusquement. Tu m'espionnes ! 

Lui qui veille sur elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant