Tous assis dans la salle du tribunal, Lorelei face à David, Blanchard qui jetait des coups d'œil peu discrets à son acolyte, Dubois, Astrée et Jayden à l'arrière et une bonne dizaine de journalistes. Toute la presse locale était venue assister à cette bataille judiciaire, cela faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu de charges si graves à l'encontre de le prévenu. Aussi, la procureure ne manqua pas de compter les huit hommes assistant au procès pour s'assurer de sa finalité, puisqu'ils étaient eux-mêmes soupçonnés d'avoir été les clients du proxénète et d'avoir donc abusé de mineurs. 

Cette fois, la juge Moreau était accompagnée de deux assesseurs, deux hommes aux regards intransigeants et qui lisaient déjà le dossier, sourcils froncés. Ils n'avaient clairement pas l'air commode. Lorelei paria sans hésitation sur la victoire de la justice et sur la défaite de David auquel elle lança un bref sourire égayé, mais il n'y répondit pas. Elle confondit sa nonchalance avec de la concentration et ne releva pas. Elle écouta plutôt le récapitulatif des informations personnelles de le prévenu, puis le procès débuta pour de bon. Pour être sûr que tout le monde ait bien conscience de ce dont il était question aujourd'hui, la liste des charges tomba durement sur Blanchard.

—  Monsieur, pour rappel des faits, vous êtes suspecté d'avoir exercé l'activité illégale de proxénète, sur mineurs qui plus est, durant près de deux ans, de mars 2018 à novembre 2020. Vous auriez perpétuellement harcelé des jeunes gens en difficulté financière, familiale et sociale dans le but de vous servir de leur faiblesse et de les transformer en travailleurs du sexe. Vous auriez également poussé ces jeunes dans une dépravation sexuelle constante, les engageant encore et encore à vendre leur prestation sexuelle, ce qui constitue un cas très net de corruption sur mineurs. A côté de vos activités de proxénète, vous seriez l'auteur de deux vols et d'une escroquerie. Que répondez-vous à cela, Monsieur Blanchard ? 

Ce dernier se leva mollement et tout de suite un détail frappa aux yeux de Lorelei. Cet homme ne possédait même pas le quart du charisme de Dubois. Il essayait de s'octroyer un air grand et hautain, mais ne parvenait à pas grand-chose.

— Madame la Juge, messieurs les assesseurs, commença-t-il sur une mélodie trop robotique pour que les mots viennent de lui, laissez-moi vous expliquer ce qu'il s'est réellement passé. Mais, avant cela, pourriez-vous lire mes antécédents, je vous prie ? 

Lorelei plissa automatiquement le front et se braqua sur sa chaise, bras croisés. D'après la réaction de David, sa requête avait totalement été programmée par eux deux. A quoi jouait-il dès le début du procès ? Moreau fut surprise et normalement elle préférait les lire plus tard, mais elle entra dans son jeu, aussi curieuse que l'assistance.

— Vous avez deux condamnations sur votre casier judiciaire. La première en 2005 pour escroquerie, vous aviez commis un acte frauduleux en mentant sur votre profession pour obtenir des avantages, ce qui vous avez valu trois ans de prison. Puis, immédiatement à votre sortie, vous avez été condamné à six mois de prison pour conduite sans permis. De plus, notons que vous avez été soupçonné en 2002 et en 2010 de possession de stupéfiants, mais les affaires ont été classées sans suite, faute de preuves.  

Apparemment satisfait, il sourit et se tourna vers l'audience, comme pour demander si tout le monde avait bien entendu. Se croyait-il dans un spectacle ou une foire ? Lorelei soupira, mais se pencha et attendit impatiemment qu'il reprenne la parole. Son regard glissa une seconde sur l'avocat qui rayait des mots sur son carnet et rédigeait des notes, stylo en main, dos droit et visage indifférent. Il semblait se moquer éperdument du procès, puisqu'il avait certainement transmis un script à son client pour qu'il le répète mot à mot. Et cette pièce de théâtre ridicule prit vie sur la scène éclairée du tribunal.

Lui qui veille sur elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant