The make up artist

Chapitre 6

La maison des Jackson comportait trois niveaux. Au rez-de-chaussée se trouvaient le salon, la cuisine, et une salle à manger donnant sur leur jardin. Le premier étage regroupait les chambres de chacun et une salle de bains. Le dernier niveau était composé d'une bibliothèque, d'une salle de répétitions, d'une salle de musique et d'une dernière pièce devant laquelle Michael s'arrêta avec un petit sourire malicieux.

-Ici, c'est ma pièce secrète, dit-il en croisant les bras. Interdiction d'y entrer.

-C'est la qu'il cache ses magasines cochons, argua Jackie en agitant les sourcils.

Michael lâcha un grognement et tenta de frapper son frère sans succès, ce qui fit beaucoup rire Janet qui avait tenu à nous suivre. Nous redescendîmes ensuite au rez-de-chaussée pour sortir dans le jardin que Michael tenait absolument à nous montrer pour la petite fermette qu'il avait exigé en s'installant ici avec sa famille. Nous passâmes donc d'abord par le grand salon dans lequel Jermaine et Tito discutaient autour d'un catalogue de vente d'instruments de musique. Ils nous saluèrent brièvement et retournèrent à leur discussion animée -visiblement, ils n'étaient pas d'accord sur le meilleur type de basse et tentaient de se dissuader l'un l'autre de choisir un modèle qu'ils appréciaient. Leur salon était impressionnant: recouvert d'une moquette ocre a poils longs, agrémentée de canapés de cuire brun foncé, il comportait une immense bibliothèque qui ne regroupait non pas des livres mais la totalité des récompenses des six frères depuis le début de leur carrière. En passant devant, je lus quelques noms d'albums en pensant de nouveau que si quelqu'un m'avait prédit mon avenir quelques années auparavant, je lui aurais ri au nez. Me retrouver dans cette maison relevait de l'utopie pure, je peinais à croire à ce que j'étais en train de vivre. La salle à manger était occupée par trois femmes penchées sur une machine à coudre visiblement défaillante. Michael se dirigea vers elles et déposa un baiser sur la joue de la plus âgée des trois. Ses traits étaient similaires à ceux de Jermaine et Jackie, et ses cheveux d'un noirs de jais luisaient et détonnaient en contraste avec le chemisier blanc qu'elle portait. Elle lui sourit et se tourna timidement vers nous en inclinant la tête.

-Je vous présente ma mère, Katherine, annonça fièrement Michael. Ne vous en faites pas, elle est très timide. Contrairement aux deux pies qui l'entourent..

Les deux jeunes femmes lui lancèrent un regard mi- rieur mi- furieux et lui pincèrent les bras. La Toya et Maureen étaient elles aussi assez différentes l'une de l'autre: Maureen ressemblait beaucoup à Michael et Janet. Quand à La Toya, elle avait hérité des traits de sa mère.

Nous les saluâmes, aussi impressionnés que lorsque nous avions fait la connaissance des Jackson, puis Michael nous fit signe de le suivre en ouvrant les portes menant sur l'extérieur.

Une fontaine ronde dont le centre représentait des chevaux de pierre crachant des jets d'eau dans un bruit doux et cristallin se trouvait au centre d'une grande terrasse en pavés clairs. L'immense pelouse verte s'étendait sur des centaines de mètres, des bouquets explosant de fleurs multicolores et toutes plus belles les unes que les autres. Au milieu du jardin, un grand cabanon ouvert sur un pré aux hautes barrières de bois attira l'attention de Michael. Il se tourna vers nous, un air heureux sur le visage, les yeux brillants.

-Ne bougez pas, je reviens tout de suite!

Il s'élança alors vers le cabanon et y disparut. Andy sourit, et Pamela s'approcha des fleurs orangées ornementant la terrasse. Je m'approchai de la fontaine et observai le travail de gravure dans l'expression des chevaux de pierre, complètement fascinée. Dans le fond du bassin, des projecteurs gisaient, bien évidemment éteints puisque nous étions en plein jour, et je songeai à l'effet qu'ils devaient produire au bout milieu de la nuit, jets d'eau allumés. Je tendis les doigts pour effleurer la surface de l'eau glacé quand une voix fusa près de mon oreille.