Les chansons n'étaient plus qu'un vacarme assourdissant. Le monde autour de moi n'était qu'une présence bruyante et insupportable. Prostrée à genoux contre le sol, je fixais un point sans le voir. Pamela et Andy m'adressèrent la parole, mais je ne compris rien à ce qu'ils essayaient de me dire. J'étais brisée, absente, en dehors de mon propre corps, j'avais l'impression de flotter et de chuter en même temps. L'air vengeur de Tatiana lorsqu'elle s'était tournée vers nous ne cessait de tourner en boucle dans mon esprit, je voyais sans cesse cette expression mauvaise qui avait déformé les traits de son visage. J'avais la nausée, je grelottais, et une boule d'angoisse grossissait dans ma gorge. Après ce qui me sembla avoir duré des heures, je sentis des bras me relever et me plaquer contre un torse pour m'emmener dans une camionnette où mes amis m'attendaient. Je fus placée juste à côté de Pamela -son parfum floral me l'indiqua- et le véhicule se mit en route. J'eus une pensée furtive pour la réunion de planification et je me souvins vaguement que l'on nous avait conseillé de partir avant Michael pour éviter les attroupements et pour lui permettre de partir dès la fin du concert.
-Ollie?, me héla Pamela en dégageant les cheveux qui masquaient ma vue.
-Elle est sonnée, dit Pete en se penchant sur moi.
-Franck va la démolir, lança Andy furieux. Elle a quoi dans le citron celle-là?
-Je ne l'aimais pas non plus, grommela Sean en secouant la tête. Pendant les répét' elle n'arrêtait pas de coller Michael au train.
Je sentis la voiture ralentir lorsque nous entrâmes dans le parking souterrain, et Pamela glissa sa main dans la mienne avant que nous soyons sortis du van. Elle me guida jusque dans l'hôtel en me lançant des regards inquiets, et Andy nous rejoint lorsque nous montâmes à l'étage où se trouvaient nos chambres respectives.
-Je m'occupe de la déshabiller et la coucher, dit Pamela en avisant Andy.
-Je peux aider, protesta-t-il, je suis gay, c'est pas des nichons qui vont me faire peur.
-A ta guise, soupira Pamela en ouvrant ma chambre.
Ils m'aidèrent donc à me mettre en pyjama, et lorsqu'ils me conduisirent jusqu' à mon lit, je m'y roulais en boule en sentant les larmes affluer et brouiller ma vue. Pamela et Andy se couchèrent près de moi et me frottèrent le dos tout en me serrant dans leurs bras, chuchotant entre eux avec des voix inquiètes qui me pincèrent le coeur. J'aurais souhaité leur dire de ne pas s'angoisser pour moi, les rassurer au maximum, mais j'en étais incapable. Je me sentais complètement vide, j'avais l'impression qu'un trou béant avait été creusé en plein milieu de ma poitrine, que mon coeur avait été balancé aux ordures. Je pleurais tant que je ne me rendis pas compte que je sombrais dans un sommeil sans rêves, si profond que j'en émergeais avec un sursaut violent en pleine nuit. Je n'étais plus en boule au milieu du lit mais sous les couvertures, la tête reposant sur un oreiller, et des bras passés autour de moi pour me garder serrée contre un ventre se soulevant au rythme d'une respiration régulière. Je voulus me retourner pour voir de qui il s'agissait, mais un chuchotement fusa derrière moi.
-Tu es déjà réveillée?
-Michael?
Il me pressa avec force contre lui. Son odeur douce m'envahit complètement, me faisant presque oublier tout ce que j'avais en tête depuis des heures.
-Tu n'es pas allé dans ta suite?, interrogeai-je.
-Hors de question que je reste loin de toi, répondit-il le nez dans ma nuque. Pas après ce qu'il s'est produit ce soir.
Une pierre tomba dans mon estomac lorsque je revis la scène se rejouer dans mon esprit. Tatiana avançant vers Michael, saisissant son t-shir pour poser ses lèvres sur les siennes, et ce visage mesquin qu'elle avait tourné vers moi avant de lever les bras et de poursuivre son chemin.
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The make up artist
RomanceOllie Dangton caresse du doigt un rêve d'enfant: exceller dans le monde du maquillage professionnel. Parvenue à finir ses études, son diplôme entre les mains, elle rêve d'un début de carrière marquant, quelque-chose qui la marquerait à jamais, et se...