The make up artist

Chapitre 25

-Les Grammy Awards?!

Michael rit avec un hochement de tête vigoureux. Un léger vent lui ébouriffa les cheveux et il leva les bras vers le ciel en laissant la tiédeur de l'après-midi de Printemps caresser son visage. Assise en tailleur sur le rebord de la fontaine, juste en face de lui, j'avais glissé mes doigts dans l'eau claire et les agitai doucement. Michael était sorti de l'hôpital bien plus tôt que je ne l'avais escompté, non sans en faire le tour afin de remercier tout le personnel et rendre visite aux grands brûlés des chambres voisines à la sienne. Comme je l'avais deviné, la firme Pepsi lui fit un chèque colossal qui partit dans les fonds du centre médical Brotman. Michael avait tenu à créer une fondation au sein même de la structure pour apporter une aide à ceux ayant subi de graves brûlures, et nous l'avions approuvé: ce personnel là ne recevait que très peu de dons, et leur matériel commençait à prendre de l'âge.

Après une période de repos à Encino- entrecoupée de remises de prix à domicile et d'appels professionnels- Michael m'avait invitée chez lui pour profiter de la piscine avec ses sœurs. Le mois de Mai se profilait en douceur, et les appels d'offre s'enchaînaient de mon côté. Lorsque j'avais évoqué le souhait d'une maison de couture d'employer mes services pour un défilé, il avait sautillé de joie mais il avait également tenu à connaître les dates, car Quincy Jones l'avait informé de la tenue de la cérémonie des Grammy Awards qui devait se dérouler au début du mois de Juin.

-Je suis nominé dans pas mal de catégories, dit-il en posant son menton dans sa main. Je suis curieux de savoir lesquelles je vais remporter.

-Thriller à eu beaucoup de succès, répondis-je pensive. M'est d'avis que tu en rafleras plus d'une.

-Tu me surestimes, rit-il en secouant la tête.

-Vous allez vous ramener ou pas?, lança Janet en nous balançant une bouée en forme de cygne.

-Oui deux minutes Dunk, répondit Michael en rattrapant la bouée au vol. Je parlais des Grammy avec Ollie.

-Ah tiens, dit-elle avec un demi-sourire. Monsieur se vante déjà de récompenses imaginaires?

-C'est faux, s'indigna Michael en sautant sur ses pieds. Et si tu continues de te payer ma tête je vais véritablement finir par te noyer.

-Causes toujours, répondit sa petite sœur en levant les yeux au ciel.

Michael lâcha un cri de sauvageon en s'élançant à sa poursuite, et je les observai courir vers la piscine en riant comme des fous, un sourire aux lèvres.

Le jour des Grammy Awards, je fus appelée afin de faire un état des lieux du corps de Michael. Par bonheur, aucune prestation n'était demandée et Michael n'aurait pas à solliciter son corps encore douloureux. Sans risque de transpiration, il n'aurait pas besoin de ma présence sur place, et je n'eus qu'à camoufler les endroits les plus dépigmentés de sa peau. Avec un pincement au coeur, je me rendis compte de l'étendue des dégâts que le vitiligo infligeait à son épiderme. Il m'avait appris quelques jours plutôt avoir été diagnostiqué d'un lupus à la forme plutôt méconnue, ce qui n'arrangeait absolument rien à ses soucis. Ses doigts se pâmaient à present de bandes blancheâtres et sèches, et sous ses yeux s'élargissaient de vastes tâches dépigmentées. Il me regarda foncer chaque tâche sans dire un mot, son marcel blanc se recouvrant de fond de teint à chaque fois que j'effleurais ses clavicules et ses épaules, puis il lâcha un soupir attristé lorsque je me postais devant lui en levant mon éponge.

-Je commence à en avoir assez, dit-il en passant sa chemise rayée. Ma dermatologue m'a parlé d'un moyen d'éclaircir légèrement ma peau, et ça me trotte en tête depuis plusieurs semaines maintenant.