Chapitre 44

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Après quinze jours de repos et de déplacements en fauteuil roulant pour honorer les seuls rendez-vous professionnels qu'il ne pouvait repousser, Michael fut contraint de revoir Gerson pour contrôler son état. Les douleurs dont il était victime ne passaient pas, et il fut de nouveau arrêté pour quinze jours supplémentaires. Au final, il resta cloué au lit et dans son fauteuil pour un mois, et son humeur s'en ressentit gravement. Je fis au mieux pour l'accompagner, mais Michael avait bien trop de projets en tête. Être réduit à une immobilisation forcée le déprimait considérablement, il composait la majeure partie du temps à même le lit, et il s'alimentait légèrement moins, ce qui m'inquiéta d'avantage.

-Comment veux tu reprendre des force si tu ne manges plus rien?, m'emportai-je un soir où il repoussait son assiette à moitié mangée.

-Je mange ce que je peux, bougonna-t-il en posant son menton dans sa main. Et je me nourris de ton visage.

Il esquissa un sourire en biais qui n'apaisa pas mon tourment, mais qui eut le don de me faire rougir, évidemment. Michael était diminué physiquement, mais son esprit taquin, lui, se portait très bien. J'eus une grimace inquiète en portant ma fourchette entre mes dents, et Michael tendit sa main libre pour attraper mes doigts posés sur la table avec douceur. Il fit glisser son pouce contre le dos de ma main, ses yeux me sondaient avec une tendresse infinie, et j'eus un nouveau coup d'oeil timide dans sa direction.

-Tu es très mignonne quand tu rougis, dit-il d'une voix légèrement rocailleuse.

-Arrêtes ton char, répondis-je en baissant le menton pour me cacher derrière un pan de cheveux. Je sais que tu fais tout pour changer de sujet.

-Je n'ai pas envie de discuter de ça ce soir, rétorqua-t-il en tendant la main qui soutenait son menton pour glisser mes cheveux derrière mon oreille. Et puis il y à du mieux, je n'ai plus besoin d'utiliser mon fauteuil.

Pour appuyer ses dires, il s'approcha de moi en faisant racler sa chaise sur le sol, et le bruit strident effraya Jack qui décampa sans demander son reste. Avec une inspiration bruyante, Michael se pencha sur moi pour poser son menton sur mon épaule, et sa main quitta la mienne pour laisser ses bras s'enrouler autour de ma taille et me presser contre lui doucement. Son odeur familière chatouilla mes narines, et je sentis l'angoisse qui étreignait mon estomac se dissiper lentement. Nous avions nos petites habitudes lui et moi, et nous étions heureux de vivre de cette manière sans avoir besoin d'ajouter du nouveau dans notre quotidien pour nous sentir bien. Entre nous, rien n'avait vraiment changé depuis notre rencontre: son regard, son sourire, son odeur; tout de lui avait une fâcheuse tendance à me faire flamboyer de la racine des cheveux jusqu'au menton, et Michael était toujours ravi lorsqu'il voyait mes joues rougir, provoquer ma gêne était devenu son jeu favori au fil des années. Maintenant qu'il me connaissait mieux, c'était d'autant plus facile pour lui.

-Tu ne me fais pas la tête, j'espère?, dit-il près de mon oreille.

-Non, soupirais-je. Comme toujours.

-Chouette!, exulta-t-il en glissant le nez contre ma mâchoire pour embrasser la commissure de mes lèvres. Parce-que j'ai un scoop!

-Un scoop?, répétai-je en clignant des yeux. Michael, qu'est-ce que tu as encore imaginé?

Il éclata de rire contre mon cou, ce qui me fit sourire. Rien n'était plus doux à l'oreille que l'entendre s'esclaffer de bon coeur, et j'étais ravie de le voir souriant, sans son air blasé et caverneux qui ne l'avait presque pas quitté depuis les dernières semaines.

-Tu te souviens, avant-hier soir, tu disais que le mois d'Août touchera bientôt à sa fin, me rappela-t-il.

-Oui bien sûr, répondis-je. Tu veux devenir présentateur du journal télévisé?

The make up artistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant