Chapitre 61

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-Chanel? Déjà? Mais tu es épuisée!

J'eus un soupir amusé en reposant ma tasse dans l'évier et en tournant mon regard las vers la mine inquiète de Jackie. Assis sur le canapé près de la cheminée éteinte, il jouait avec les branches de ses lunettes de soleil accrochées au col de sa chemise verte. Son fils aîné, Siggy, était occupé à bercer le bébé endormi au creux de ses bras. Son cadet, Brandi, finissait de manger un biscuit au-dessus du plan de travail de la cuisine.

-Tout va bien, le rassurai-je en haussant les sourcils. Le défilé aura lieu en France, je pourrais me reposer dans le jet et à l'hôtel.

-Toi? Te reposer?, rit-il en croisant les bras. Tu ne tiens jamais en place quand tu travailles, quand on t'à rendu visite à Rio tu as passé ta nuit à retravailler ton modèle type pour le défilé du lendemain.

-Ca ne compte pas ça, il y à eu un malentendu sur les directives, répondis-je en le rejoignant dans le canapé.

-Tante Ollie, on pourra aller au cinéma tout à l'heure?, interrogea Brandi en se servant un verre de lait.

-Oui, bien-sûr, Michael est dans la salle de danse.

-Cool, on ira lui proposer de venir voir Jurassic Park avec nous alors, s'enthousiasma Siggy en me souriant.

-Et qu'est-ce qu'il en dit de ce défilé, Michael?, interrogea Jackie sans en démordre.

-Je n'ai pas demandé son avis, reniflai-je en tournant le nez vers sa mine têtue. Il reprend la tournée dans quelques semaines, je m'autorise un défilé avant son départ.

-Tu ne repars pas avec lui, si?

-Non, et même si je le voulais...

Il eut un hochement de tête compréhensif en tendant les bras vers Siggy pour lui prendre Michael des bras et le bercer à son tour contre lui. Les pieds nus, sa petite tête tourné contre le torse de son oncle, il dormait toujours à poings fermés. J'eus un sourire attendri en tendant la main pour effleurer sa joue, il plissa le nez en dépliant ses doigts et en tournant la tête vers la gauche. J'étais en effet quelque peu épuisée, nous avions notre lot de jeunes parents, et mon corps se remettait lentement de l'accouchement. Trois semaines s'étaient écoulées depuis lors, j'avais souffert de grosses variations d'appétit et de quelques chutes de tension, mon corps m'avait donné la sensation d'être fait de papier friable durant les premiers jours ayant suivi la naissance du bébé, mais il se remettait lentement, et j'avais la chance d'avoir un mari désireux de m'ôter un maximum d'activités épuisantes, du moins jusqu'à la reprise de la tournée s'entend. Nous avions convenu que je l'accompagne pour les premiers shows, le petit avec nous, mais nous nous séparerions à la fin de la première semaine. Je ne verrais probablement pas grand-chose de la Chine, mais Michael souhaitait profiter de son fils au maximum. C'était également la première tournée internationale qu'il entamerait sans m'avoir à son côté, et plus la date approchait, plus son attitude s'en ressentait.

-Karen saura y faire, dis-je un soir où j'allaitais Prince Michael dans notre chambre.

-Mais elle n'à pas eu à suivre l'évolution de ma peau, répliqua Michael en faisant les cents pas. Si elle se trompe de teinte, ou si elle prend mal en compte l'effet des projecteurs...

-Mick, soupirais-je en caressant la tête du bébé, l'ai briefée plusieurs fois sur absolument tous les détails que je prends en compte pour te préparer, elle sait tout.

-Mais elle n'est pas toi.

Il laissa retomber ses mains contre ses flancs en me rejoignant sur le petit banc en bout de lit sur lequel j'étais assise, il posa son menton sur mon épaule, et sa grande main vint effleurer la petite tête de Prince. Il ne dit rien pendant toute la durée de l'allaitement, il m'observa redresser le bébé et le garder contre moi, et je sentis sa main glisser dans mon dos pour s'échouer contre mes reins.

The make up artistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant